Le Luxembourgeois de l’équipe Trek-Segafredo confirme avoir franchi un palier. Il sera au départ de son troisième Enfer du Nord avec des arguments et une belle forme !
Jeudi, toute l’équipe Trek-Segafredo est partie pour 110 kilomètres de reconnaissance du final de Paris-Roubaix. Il faisait sec, ce qui ne sera sans doute pas le cas, ce dimanche. Alex Kirsch ne s’en soucie pas plus que de raison. Enfin, pas pour le moment. «Je ne regarde plus la météo, ça ne change rien, il faudra voir sur place dimanche, et on fera de notre mieux avec les éléments que nous aurons», prévient-il.
Un peu plus loin dans la conversation, il ne cache pas une légitime appréhension. «À la télé, c’est sûr, on verra un beau Paris-Roubaix, pour nous c’est évidemment différent et je reconnais que cela fait un peu peur… La Tranchée d’Arenberg, c’était déjà un peu limite lors de la reconnaissance, ce secteur n’est plus fait pour nos vitesses actuelles, je pense. Une fois passé, ça devrait aller…»
Il s’explique un peu plus encore : «Pour les spectateurs, c’est super, ça fait vingt ans qu’il n’y a pas eu de boue, toutefois le cyclisme d’aujourd’hui n’a plus rien à avoir avec le cyclisme d’il y a 20 ans. L’impact sera beaucoup plus grand. Les vitesses sont beaucoup plus élevées. On doit faire avec et il faut avoir une bonne mentalité pour attaquer ce truc, mais personne ne va être content de courir dans de telles conditions. On sera content à l’arrivée si personne n’est blessé et j’espère aussi que les spectateurs auront vu une belle course.»
«Tout le monde aura de la malchance»
On revient à lui. Il dégage ces derniers temps une forte impression. Sa puissance, sa souplesse crèvent les yeux. Lui, crève l’écran lorsqu’il prend les devants en course, comme mercredi dans l’Eurometropole Tour. S’est-il déjà senti aussi fort? «C’est vrai que je me sens très fort, répond-il, j’ai fait un pas cette saison au niveau de la maturité, le fait que j’ai eu une déception en juin (NDLR : sa non-sélection pour le Tour), peut-être bien que cela m’a poussé. Du coup, j’ai eu une bonne préparation pendant l’été. J’ai pas mal couru et des courses assez dures…»
Le voici donc arrivé à maturité. Il ne dit pas le contraire. «J’arrive à un bon âge, 29 ans, même si tous les jeunes sont tellement forts, j’ai l’impression d’entrer dans mes meilleures années. Je suis motivé à fond pour les trois, quatre prochaines années. J’essaie de continuer ma progression.»
On revient à Paris-Roubaix, à l’effectif pléthorique de sa formation, avec l’ancien champion du monde Mads Pedersen le Belge Jasper Stuyven, deux clients aux noms ronflants. «Nous avons beaucoup de cartes, dans ces conditions-là, c’est peut-être ma meilleure chance de bien figurer, mais avec la pluie et la boue, il n’y a pas de tactique, la seule qu’il faut avoir, c’est de rester motivé. Car tout le monde aura de la malchance. Il ne faut pas s’arrêter sur une crevaison ou sur une chute, à un moment donné, tout le monde tombera une fois, percera une fois, il ne faut jamais abandonner et si j’ai les jambes de ces dernières semaines, alors je me vois bien figurer devant. La même chose pour mes équipiers. Il ne faudra pas mesurer les efforts», conclut merveilleusement bien celui qui poursuivra sa saison avec Paris-Bourges pour une conclusion dimanche prochain sur Paris-Tours.
Denis Bastien