L’entraîneur national, en poste depuis quinze ans, a été informé par une lettre en français adressée au domicile de son épouse que son contrat s’arrêterait au soir du 30 juin prochain.
Ingolf Bender a reçu, comme il l’explique lui-même avec un brin d’ironie, «un joli cadeau de Noël». En effet, l’entraîneur national a appris qu’il ne serait plus en fonction à partir du 1er juillet prochain. En poste depuis désormais 15 ans, le technicien allemand avoue sa surprise : «Je ne m’y attendais pas du tout.»
Si on s’en tient au strict plan des résultats, en effet, la nouvelle est difficilement compréhensible. Depuis qu’il est arrivé aux manettes de l’équipe nationale, ses représentants n’en finissent pas de progresser. Les nageurs luxembourgeois défendent brillamment les couleurs grand-ducales dans tous les bassins du monde, ils parviennent à atteindre des demi-finales olympiques, des finales mondiales. Sous l’ère Ingolf Bender, la natation luxembourgeois a incontestablement franchi un cap.
À 62 ans, le coach allemand se dit encore très motivé pour entraîner : «Je ne suis pas si vieux que cela.» Toujours est-il qu’à compter du 1er juillet prochain, il ne sera plus aux côtés des Julien Henx, Raphaël Stacchiotti et autres Julie Meynen, pour ne citer qu’eux. Il a appris cette mauvaise nouvelle alors qu’il était à l’entraînement du côté de la Coque : «J’étais sur le parking et ma femme, très choquée, m’a appelé pour me dire qu’elle avait reçu une lettre en français dans laquelle il était question de l’arrêt de mes fonctions après le 30 juin prochain.»
Visiblement, on lui a donc adressé une lettre de licenciement ou de non-reconduction de contrat, même si le résultat est le même… à son adresse familiale. S’il réside officiellement à Darmstadt dans le Land de Hesse, à 300 km du Luxembourg, il habite la plupart du temps à la frontière allemande, du côté de Grevenmacher. On aurait donc très bien pu lui envoyer cette missive à son domicile habituel, qui lui permet d’être présent tous les jours à la Coque : «C’est vrai qu’ils auraient très bien pu envoyer cette lettre chez moi plutôt qu’à ma femme», reconnaît-il.
Le choix de la langue interpelle également. Ingolf Bender est allemand, il parle allemand et pas très bien le français. Tous les officiels de la FLNS maîtrisent à merveille la langue de Goethe, là encore, on peut parler d’une manière quelque peu inélégante de mettre un terme à 15 années d’une collaboration plutôt fructueuse.
La FLNS reste muette
Pour connaître les raisons de cette décision qui peut interroger, il faudra repasser. Le principal intéressé n’en a visiblement pas eu. Et la FLNS, contactée mercredi, reste muette : «On a décidé de ne pas faire le moindre commentaire», explique-t-on du côté de la fédération.
Du coup, on en est réduit aux hypothèses : si les résultats ne sont pas en cause, peut-être y a-t-il eu un désaccord sur la politique sportive par exemple, ou des soucis de personne, ou encore la FLNS a-t-elle tout simplement estimé qu’on était arrivé au bout d’une aventure. Et que pour franchir un palier supplémentaire, il était temps d’insuffler un souffle nouveau pour accompagner le devenir des jeunes nageurs.
En effet, avec l’arrêt programmé de Raphaël Stacchiotti l’année prochaine, c’est une véritable page de l’histoire de la natation luxembourgeoise qui va se tourner. Du haut de leurs 25 ans, Julien Henx et Pit Brandenburger font désormais figure de vétérans. Et peut-être que la FLNS a décidé de prendre une nouvelle direction avec de nouvelles personnes en poste.
On espère en savoir rapidement un peu plus sur le pourquoi du comment ainsi que sur le nom du futur remplaçant d’Ingolf Bender. Ce dernier était en tout cas à l’entraînement les 22 et 23 décembre. Il doit désormais réfléchir à la suite. Une de ses dernières apparitions en compétition officielle au pays pourrait bien être l’Euro Meet, qui devrait se tenir au mois de mars prochain. Le principal intéressé l’a annoncé : «Je ne suis pas du genre à me mettre en maladie pendant trois mois», il devrait donc aller au bout de ce contrat. Et devrait accompagner une dernière fois ses nageurs dans un grand championnat à l’occasion des championnats d’Europe de Budapest, qui ont été reportés d’un an. Ce sera au mois de mai. En revanche, pas de JO. Tokyo démarre fin juillet. Ce sera donc un autre technicien qui accompagnera Raphaël Stacchiotti (c’est sûr), Julie Meynen (c’est quasiment fait) et pourquoi pas d’autres (on l’espère) au prochain rendez-vous olympique. Qui ? Les paris sont ouverts !
Romain Haas