Le sélectionneur espagnol Julen Lopetegui, fragilisé mardi par sa signature surprise au Real Madrid, a été démis mercredi par le président de la Fédération. Un cataclysme qui plonge la Roja dans la crise, à deux jours de son entrée en lice contre le Portugal au Mondial 2018.
« Nous avons décidé de nous passer du sélectionneur », a dit le président Luis Rubiales en conférence de presse. « La sélection appartient à tous les Espagnols. C’est une décision que nous avons dû prendre en fonction de cette manière de faire et en fonction de certaines valeurs », a-t-il précisé, ajoutant que le nom du remplaçant serait annoncé sous peu « en touchant le moins possible » l’encadrement actuel.
Terrain des valeurs et de la morale
Ce limogeage d’un sélectionneur en poste à la veille d’une compétition majeure, décision d’une gravité rare, précipite dans la tourmente l’un des favoris de cette Coupe du monde. Luis Rubiales, nouveau président de la fédération espagnole (RFEF) élu sur un programme de renouvellement après les scandales de la fin de l’ère Angel Maria Villar (1988-2017), s’est placé sur le terrain des valeurs et de la morale pour justifier cette décision.
Même s’il a assuré ne pas se sentir « trahi » par la décision de Lopetegui de rejoindre le Real alors qu’il venait de prolonger en mai avec la Roja jusqu’en 2020, Rubiales a refusé d’être mis devant le fait accompli. « La RFEF ne peut pas rester en marge d’une négociation avec un de ses employés et découvrir un accord cinq minutes avant un communiqué officiel (du Real) », a accusé Rubiales. « Le meilleur entraîneur pour la sélection était Julen Lopetegui et pour moi c’est un professionnel impeccable. Mais la manière de faire est importante », a-t-il dit.
Vingt matches et aucune défaite
Il faudra voir si cette décision ramène le calme autour de l’équipe nationale espagnole, qui a souvent été déchirée par des forces centrifuges alimentées par la rivalité entre les deux grands clubs du pays, FC Barcelone et Real Madrid. Lopetegui, nommé en 2016, avait jusque-là réussi à naviguer entre ces deux pôles à la faveur de son passé de gardien de but au Real puis au Barça dans les années 1990. Mais sa nomination à Madrid, deux semaines après le départ surprise de Zinedine Zidane, est venue rompre cet équilibre et a laissé planer le soupçon du favoritisme et du manque d’implication pour un technicien qui devrait affronter vendredi Cristiano Ronaldo, la star portugaise du Real.
Après seulement deux années en poste, Lopetegui (51 ans) a donc été débarqué au pire moment et ces événements viennent ternir le bon travail accompli : vingt matches avec l’Espagne et aucune défaite. Il faudra voir si la Roja parvient à conserver son cap sans le technicien basque. Et le temps presse désormais.
Le Quotidien/AFP