[Judo] Durbach, reine d’Europe

Championnats d’Europe Universitaire. Manon Durbach a été sacrée, vendredi, championne d’Europe universitaire chez les -57 kg. La jeune femme prend confiance en elle. Et elle se prend même à rêver des JO de Rio.

Décidément, Manon Durbach va bien, merci pour elle. Après avoir, notamment, passé deux tours pour ses premiers championnats du monde, après avoir décroché sa première victoire en Grand Chelem à Bakou et s’être classée cinquième des championnats d’Europe espoirs, la jeune femme, qui fêtera ses 24 ans l’an prochain, s’est offert un titre continental, vendredi en fin d’après-midi.

Et c’est à Reims que l’étudiante de l’université de Strasbourg, en première année de master sport et santé, va écrire une page de l’histoire du sport luxembourgeois. Puisqu’elle est en effet la première judokate grand-ducale à être titrée dans cette compétition : «Mais ce n’était que la troisième édition», rappelle celle qui était suivie à Reims par Laurent Fleury, le responsable des sportifs de haut niveau de l’université.

Pour décrocher ce titre européen, Manon Durbach a dû s’employer. En effet, la plupart de ses adversaires sont de vieilles connaissances du circuit international, que ce soit lors des compétitions (Grands Chelems, Grands Prix) ou à l’occasion de stages.

C’est au golden score que Manon Durbach s’est offert son premier succès de la journée. Face à l’Allemande Felske, souvent médaillée à ces championnats nationaux, elle a trouvé les ressources pour franchir ce premier tour piégeux : «Je savais que ce serait dur, car elle a un judo qui ne me convient pas. Il fallait que je sois dedans tout de suite et c’est ce que j’ai fait», se réjouit-elle. Durbach, qui tire chez les -57 kg, a ensuite pris le dessus sur la modeste Bosniaque Sejdinovic, sur un ippon au sol. Mais même si elle n’était pas très forte sur le papier, encore fallait-il le démontrer sur le tatami. Ce qui fut fait. Tout comme ce fut le cas lors des championnats du monde, où la Luxembourgeoise, qui avait un tableau ouvert, avait réussi à remporter les deux combats qu’elle devait gagner. Avant de s’incliner avec les honneurs face à la n° 1 mondiale.

En demi-finale, elle se retrouvait face à la Turque Özerler, qu’elle a souvent côtoyé en stage : «Je savais que ce serait serré. J’ai tout donné pour me hisser en finale.» Elle s’impose là encore sur un ippon au sol.

«Je vois ma petite chance pour Rio»

En finale, elle s’est servie des conseils de Laurent Fleury et de l’entraîneur national, Ralf Heiler, qui lui a donné quelques indications par téléphone : «Ils m’ont dit de faire attention à certaines de ses attaques fortes, de bien placer la main droite pour lui mettre la pression. Et de donner du rythme. J’ai essayé d’appliquer les consignes. Et ça a marché.» Une victoire 2 shidos à 1 contre l’Allemande Dotzler, qui l’avait battue il y a un an en Coupe du monde. Un succès qui conclut une journée parfaite : «Je suis très contente. En finale, j’étais assurée de la médaille, donc je n’avais aucune pression.»

La jeune femme ne va pas pouvoir se reposer sur ses lauriers. Et va avoir un programme infernal jusqu’au mois de décembre : «La semaine prochaine, c’est le Grand Chelem de Paris. Ensuite, j’ai un week-end off et j’enchaîne avec le GP d’Abu Dhabi, Coupe du monde à l’île Maurice, en Australie, Chine, Corée et enfin le Grand Chelem à Tokyo.»

Un tour du monde qui a pour but d’emmagasiner un maximum de points : «Quand j’ai gagné mon premier combat en Grand Chelem, je me suis rendue compte que j’avais énormément progressé au classement mondial. Avant, je visais surtout les JO de Tokyo, mais finalement, j’ai décidé de tout faire pour tenter d’aller à Rio. Je vois ma petite chance et j’ai décidé de la saisir.» Elle a jusqu’au mois de mai prochain pour grimper dans le classement, elle est actuellement 48e mondiale.

Romain Haas