Ce soir (20h), Dudelange reçoit les Red Boys en match en retard de la 8e journée d’Axa League. Entre Star Ligue, tatouages et «malentendus», Steeve Massard – Chenet évoque sa carrière qui l’a conduit cet été au HBD.
En janvier dernier, vous imaginiez-vous finir cette année 2019 au Luxembourg?
Steeve Massard-Chenet : Pas du tout! C’était prévu de resigner avec Billère, mais il y a eu un malentendu… Averti assez tard, il n’a pas été facile de retrouver un club, mais, au final, Nikola (Malesevic), avec qui j’ai joué à Nîmes, m’a appelé un jour pour me demander si j’étais dispo et me présenter le projet de Dudelange.
Quel est, justement, ce projet qu’il vous a exposé?
Que le but était de jouer les play-offs et, par la suite, de gagner le championnat. De celui-ci, je n’en connaissais rien avant de venir si ce n’est certains Français qui y évoluent et avec qui j’ai échangé avant de m’engager.
Avez-vous hésité?
Pas du tout. J’en ai discuté avec ma copine et un peu ma famille. C’était l’occasion de découvrir un autre pays et, comme j’étais déçu de ce qui se faisait en France…
Chaque tatouage a une signification. «One Love», c’est pour ma mère
Quelles étaient les raisons de cette déception?
Sans trop entrer dans les détails, disons que la conjoncture actuelle est particulière… Les clubs cherchent des jeunes pas chers, performants et qui défendent. C’est bien beau, mais ça, ça se paie…
Vous avez évolué durant plusieurs saisons en Star Ligue…
Oui, quatre ans à Nîmes, mon club formateur. En juin 2014, l’aventure prend fin et donc je rejoins Cherbourg. Au début, c’était dur, car, sur une carte, c’est à l’exact opposé de Nîmes et je n’y connaissais personne. Au début, on ne me parlait que d’une seule chose : le climat. Finalement, j’étais agréablement surpris de l’ambiance, de l’engouement qu’il y avait pour ce club, car à Cherbourg, en matière de sport professionnel, il n’y a que l’équipe de hand. Toute la ville vit pour le club, on te reconnaît dans la rue et on jouait devant 1 500 spectateurs à chaque match. La salle était complète. Je m’y plaisais bien, d’ailleurs j’étais le capitaine. Après trois ans, comme j’avais besoin de me rapprocher de Nîmes, on s’est séparés d’un commun accord. Et j’ai rejoint Vernon. C’est vrai, ce n’est pas Nîmes, mais c’était déjà moins loin…
Vous n’êtes resté qu’une saison à Vernon. Pourquoi?
J’étais en concurrence avec un ailier droit, mais ça se passait très bien. Le fait de pouvoir défendre me permettait de jouer plus. Après, entre l’entraîneur et moi, ça ne s’est pas trop bien passé (rire). Quand j’y repense, j’en rigole, mais dès le mois de décembre, je savais que je ne resterais pas au-delà d’une saison. Non pas à cause du club ou du groupe, où il y avait une excellente ambiance, mais de l’entraîneur. Je dis ça, mais ça ne remet pas en question ses compétences : il venait de monter avec Vernon, est parvenu à maintenir l’équipe en D2 alors qu’il n’avait pas forcément le meilleur groupe, mais il avait cette faculté à nous donner la hargne, même un peu la haine sur le terrain… Au point qu’à l’issue de cette saison six ou sept joueurs sont partis…
Après, vous êtes descendu en National…
Billère m’a demandé de les aider à remonter en D2, que si c’était le cas, il prolongerait mon contrat. En plus, j’avais la possibilité de passer mon diplôme de préparateur physique. La saison se passe très bien, mais, malheureusement, là encore, il y a eu un… malentendu. Pourtant, j’étais bon, en attaque comme en défense, tout se passait très bien, mais voilà, la prolongation ne s’est pas faite. Après, sur l’ensemble de l’effectif qui a permis au club de remonter, deux titulaires sont restés et quatre jeunes… Les autres ont été priés de partir. Ce sont des choix que je peux comprendre, mais quand, de ton côté, tu as rempli toutes les conditions initiales prévues, c’est dur à accepter…
Est-ce cette manière de faire qui vous a poussé à quitter la France?
Si, en France, on m’avait proposé un projet intéressant et un salaire adéquat en fonction de ce que je pense mériter, j’y serais resté. Mais je ne suis pas venu au Luxembourg pour l’argent, je suis venu pour le projet, une nouvelle expérience et la présence de Niko qui a cru en moi. Je savais que ça allait bien se passer.
Nikola Malesevic confiait vous avoir fait venir notamment pour vos qualités… défensives. En tant qu’ailier droit, est-ce vexant?
À Nîmes, où j’ai été formé, si tu ne défends pas, tu ne joues pas! C’est quelque chose que j’apprécie. Mais c’est vrai que partout où je suis passé, on m’a toujours d’abord recruté pour mes qualités… défensives. Plus qu’offensives. Et, quelque part, je vois ça comme un compliment, car il n’y a pas énormément d’ailiers droits capables de défendre en 2, au poste de l’arrière droit. J’apporte donc une carte supplémentaire au coach.
Quelles sont vos qualités en tant que défenseur?
(Il rit) Vu mon gabarit, je ne fais pas des blocs. Mon rôle est d’agresser l’attaquant avant qu’il shoote ou qu’il ait le ballon.
Quel est votre geste préféré?
La roucoulette. Il y a un moment, j’en faisais beaucoup et les gardiens s’y attendaient.
À qui est destiné le tatouage « One Love » que vous avez à votre bras droit?
Chaque tatouage a une signification. « One Love », c’est pour ma mère, car, pour elle et nous, ça n’a pas toujours été facile. Le tatouage maori sur le mollet, c’est pour mon père.
Quelle est l’équipe qui vous a le plus impressionné?
Il y en a deux : Red Boys et Esch, car ils ont l’effectif pour deux équipes. Mais ils ne sont pas imbattables. Sur un match, tout est possible.
À l’aller, Dudelange était passé au travers…
C’était encore différent, car on n’était pas encore en place. Ce jeudi, je ne pense pas qu’on perdra de près de dix buts (Ndlr : défaite 34-25 à l’aller). Le plus important est de gagner.
Recueilli par Charles Michel