Pour son premier match de la saison, Martin Muller (8 buts) a mené la vie dure à Käerjeng (33-32) lors de la 3e journée d’Axa League. Il évoque sa blessure au genou, son statut de professionnel, mais aussi l’avenir.
Pour votre première apparition de la saison, vous avez frappé fort…
Martin Muller : Je ne m’attendais pas à faire un aussi bon match. Cela ne fait que deux semaines que je m’entraîne avec le groupe à la suite de ma blessure au genou.
Quelle était exactement la nature de cette blessure contractée à la mi-août?
En fin de saison dernière, je me suis fracturé la main. Je n’ai pas eu besoin de me faire opérer, mais les médecins ont estimé qu’il fallait compter entre 8 et 10 semaines avant de pouvoir l’utiliser à nouveau. Dès lors, en musculation, je travaillais essentiellement le bas du corps. Et je pense que j’ai un peu trop poussé sur la presse oblique. Cela a occasionné un œdème osseux au niveau du genou qui, lui-même, a entraîné une sorte d’inflammation. Enfin bref, je n’avais pas d’autres choix que de rester au repos. Heureusement, à ce moment-là, je pouvais réutiliser ma main…
Quelles ont été vos sensations, samedi?
Bonnes. Mais j’ai conscience que cela ne fait que deux semaines que je m’entraîne avec le groupe et que je ne suis plus tout jeune. À 33 ans, je dois faire attention…
À Esch, vous êtes professionnel. Ce statut vous a permis justement de prendre le temps nécessaire pour vous remettrre d’aplomb?
Oui, c’est une chance que de pouvoir faire attention. Je suis pro à Esch depuis 2016 et mon retour de Nancy.
C’est avant tout une question de mentalité
Vous êtes le seul joueur luxembourgeois dans ce cas au sein du club?
Oui. Le club estime qu’il faut supporter les joueurs luxembourgeois et leur permettre de se développer. Ainsi, Tom Krier et Félix Werdel sont quant à eux semi-professionnels. Ça permet d’encourager certains à s’investir encore un peu plus. Personnellement, je trouve que c’est vraiment une évolution positive. Par le passé, certains ne trouvaient pas forcément normal que les joueurs étrangers soient professionnels. Ce qui n’était pas normal, c’était de ne pas permettre aux Luxembourgeois de l’être. Aujourd’hui, c’est la direction qu’a souhaité prendre le club et c’est une très bonne chose.
Cela demande un investissement tout de même conséquent…
Je ne connais pas le détail des autres contrats. Je sais juste que le comité a beaucoup travaillé pour amener de nouveaux sponsors et, notamment, un président qui aime le HB Esch et souhaite le voir se développer. Bon, le club a conscience qu’on manque de jeunes joueurs. On risque d’avoir un léger trou. Mais cela s’explique, par exemple, par les départs récents de Dimitri Mitrea et d’Adel Rastoder en Allemagne. D’ailleurs, au fond, je trouve ça très bien qu’il y ait de plus en plus de jeunes qui décident de tenter l’aventure et d’intégrer un centre de formation ou un club allemand. Cela ne peut qu’être de bon augure pour l’avenir du handball luxembourgeois et sa sélection. Quant à nous, je sais qu’une belle génération poindra dans quelques années le bout de son nez.
On a l’impression que, peu importe finalement le nom de l’entraîneur, le HB Esch reste d’une insolente compétitivité. Hormis la saison 2017/2018 où il termina à la 5e place, le club n’est pas passé au travers une seule fois depuis sa création. Comment l’expliquez-vous?
Je suis persuadé que c’est avant tout une question de mentalité. Quand tu viens à Esch, tu sais que tu viens pour jouer le titre. Il y a cette exigence que les plus anciens, comme Christian (Bock), Sacha (Pulli) ou moi, ont pour responsabilité de transmettre. Et cela se fait déjà aux entraînements… Après, l’équipe reste relativement stable d’une saison à l’autre. Il n’y a jamais de grands chamboulements. Et quand tu évolues durant plusieurs années avec les mêmes partenaires, c’est quand même plus simple de se trouver sur le terrain. Les automatismes sont là. Et ça, c’est important.
Seul mouvement notable cet été, l’arrivée au poste d’entraîneur de Danijel Grgic. Comment est-il?
Déjà, avant même qu’il n’arrive, on le connaissait de par sa très belle carrière de joueur. C’est un jeune entraîneur qui vit le handball de manière un peu différente d’André (Gulbicki) qui, lui, a déjà bien plus d’expérience. Après, sur le plan du jeu, je ne pense pas qu’il y ait une grande différence entre les deux. Il y a des détails à régler au niveau de certains enclenchements, mais, dans le fond, je pense que les deux ont un peu la même façon de voir les choses. Et ce n’est pas étonnant, Danijel a eu André comme entraîneur à Sarrelouis.
Après les Red Boys (29-27, 1re j.), vous avez donc obtenu votre deuxième succès, samedi face à Käerjeng, contre un autre membre du top 5. La saison est donc bien lancée…
Contre les Red Boys, j’ai vraiment eu plaisir à voir ce match en tant que spectateur! C’était un vrai choc! Samedi, on savait que Bascharage était embêté par l’absence de certains joueurs, blessés. Mais malgré tout, on a dû cravacher pour l’emporter. J’inscris le but de la victoire, mais derrière, Bascharage tire sur la transversale… Mais c’est vrai que cette saison démarre bien. Même s’il n’y aura pas de phase régulière retour, cette saison sera quand même longue.
Charles Michel