Engagés au 2e tour, Esch, Berchem et Käerjeng, tenteront, la semaine prochaine, de glaner leur billet pour le tour suivant, où ils percevront… 7 500 euros.
Très chère Europe. Grimper sur la scène continentale, ça se mérite et ça se paie. Déjà, sa place, faut la gagner sur le terrain lors de son championnat national. Et puis, il faut avoir les moyens de ses ambitions. Ainsi, s’ils célèbrent tous leur sacre le jour J sur We Are the Champions, tous les champions n’évoluent pas dans la même cour. Celle des grands. Des puissants. Pour preuve, sacré pour la 10e fois de son histoire au printemps dernier, le HB Esch ne figure pas cette saison en Ligue des champions, compétition que le club fusionné n’a disputée qu’à deux reprises : en 2003 et 2013, sorti au 1er tour par, respectivement, les Néerlandais de Wealer Geleen et les Suédois de Halmstad. Mais cette époque est révolue.
Ça peut paraître peu, mais pour nous c’est énorme !
Depuis la réforme des compétitions européennes ne peuvent disputer la Ligue des champions que les représentants des nations figurant parmi les neuf premières au classement EHF ainsi que ceux qui y sont autorisés après examen de leur dossier. Il est établi en fonction d’un barème où figurent différents critères : infrastructures, capacité d’accueil et taux de remplissage, résultats précédents en Coupe d’Europe, potentiel de commercialisation de ses droits publicitaires… Autant de conditions particulièrement difficiles, pour ne pas dire impossibles, à remplir pour les clubs luxembourgeois. À cela s’ajoutent les frais d’inscription qui, pour la phase de groupe de la Ligue des champions, s’élèvent à… 8 000 euros. Une somme toutefois rapidement remboursée au vu des 15 000 euros par match disputé (il y en a 14, soit quelque 210 000 euros!) lors de la phase de groupes (ce à quoi s’ajoute un bonus de 5 000 euros par point pris).
En European League, où chaque participant doit déposer un acompte de 20 000 euros, le nombre de représentants par pays est déterminé au vu de sa position dans la hiérarchie continentale. Ainsi, l’Allemagne (1re) et la France (2e) peuvent aligner quatre clubs. Le Luxembourg (28e sur 30), lui, aurait pu avoir un représentant. Mais voilà, comme le stipule l’article 5.2.4 du règlement, «l’EHF a le droit de ne pas admettre les clubs qui ne remplissent pas les conditions techniques et/ou organisationnelles et/ou administratives». Si on ajoute à cela que le HB Esch aurait perçu 500 euros par tour de qualification (il y en a deux) avant d’intégrer – dans l’absolu – une phase de groupes (bien plus intéressante financièrement avec 4 500 euros par match joué, mais difficilement compatible avec son statut d’équipe non professionnelle), on comprend aisément pourquoi le club eschois a demandé à être reversé dans la troisième – et dernière – compétition : l’European Cup.
Moins prestigieuse et clinquante que les deux autres, cette épreuve est la plus accessible et donc la plus prisée des clubs grand-ducaux. Et ce, d’autant plus que depuis la saison dernière, l’EHF a revu son «prize money» à la hausse. Ainsi, si Esch, Berchem et Käerjeng parviennent à se hisser au 3e tour, ils toucheront 7 500 euros. «Ça peut paraître peu, mais pour nous, c’est énorme !» Manager du HC Berchem, qui défiera samedi soir à Belgrade le RK Partisan, Tom Majerus ne s’enflamme pas pour autant et rappelle que jusqu’au 2e tour les clubs ne perçoivent rien. «On paie pour jouer», soupire l’ancien pivot tout en confiant que cette double confrontation face aux Serbes «va coûter entre 10 000 et 12 000 euros».
L’an dernier, Berchem avait fait son entrée dans la compétition au 3e tour où il revint de Vienne éliminé par le SG Insignis, mais avec 7 500 euros. Comme l’explique Thomas Schöneich, responsable communication de l’EHF, joint ce vendredi, «il s’agit du revenu des droits audiovisuels et des décaissements garantis». En effet, chaque club prenant part à une phase de groupes (Ligue des champions ou European League) doit s’acquitter de 3 000 euros en guise de «contribution solidaire». Pas rien en ces temps difficiles, comme le souligne Tom Majerus : «Sur la saison dernière, on a perdu quelque 30 000 euros. Sur un budget total de 250 000 euros, ce n’est pas rien…»
C’est bien connu, il n’y a pas de petites économies. Par le passé, l’hôte prenait en charge les frais liés à l’hébergement de son visiteur. Officiellement, ce n’est plus le cas, mais les arrangements perdurent. «Les Serbes paient notre hébergement à l’hôtel ce week-end et nous le leur la semaine prochaine», confie Tom Majerus, dont le club a pour sponsor l’hôtel Ibis de Livange.
De son côté, Esch a opté pour une solution qu’il connaît bien : jouer l’aller et le retour en l’espace de 24 heures. Et ce, à domicile. Une formule à laquelle ont adhéré les Ukrainiens d’Odessa, dont c’est la deuxième apparition en Coupe d’Europe après la campagne 2019/2020 où ils tombèrent au 3e tour de la Challenge Cup contre les Israéliens de Ramat Hasharon, ceux-là mêmes que les Eschois avaient torpillés en 2017 (54-39 sur l’ensemble des deux rencontres). Bref, devant leur public, les Eschois peuvent valider leur billet pour le 3e tour.
Berchem en fera-t-il de même ? «Ce sera dur. Pour passer, il faudra réaliser deux gros matches», prévient Tom Majerus, qui croise les doigts pour que la bande à Léi Biel parvienne à revenir de Serbie avec l’espoir intact d’une qualification : «Ce serait bien pour les sponsors, qui ont toujours plaisir à venir voir les matches de Coupe d’Europe. En tout cas, il y en a toujours plus que pour le championnat. Ils y voient une forme de prestige.»
Charles Michel
Le programme
2e tour (aller)
Samedi 16 octobre
18h : RK Partizan – Berchem
19h : Esch – Odessa
Samedi 23 octobre
17h30 : Focsani – Käerjeng
2e tour (retour)
Dimanche 17 octobre
17h : Esch – Odessa
Samedi 23 octobre
18h30 : Berchem – RK Partizan
Dimanche 24 octobre
17h30 : Focsani – Käerjeng
Coupe de Luxembourg : pas de choc en vue
Si Esch et Berchem s’aligneront au 2e tour de l’European League, les autres clubs d’AXA League disputeront ce week-end les 8es de finale de la Coupe de Luxembourg. Pas de choc en vue, mais une certitude : un club de Promotion sera bien présent en quarts de finale. Mais qui, Belvaux ou Redange ?
Messieurs (8e de finale)
Samedi, 20h15 : Käerjeng – Standard; Belvaux – Redange; Pétange – Mersch; Red Boys – Rumelange. Dimanche, 15h : Dudelange – Diekirch. 19h : Museldall – Schifflange. Mardi, 20h30 : Esch – Bertrange.
Dames (8e de finale)
Samedi, 18h : Red Boys – Belvaux. Dimanche, 16h30 : Museldall – Standard*.
* Les autres clubs de DN entreront en quarts de finale.