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Gérard Lopez : «Cette année, je n’ai pas vu une course de F1. Mais des matches du Fola, oui»


Gérard Lopez ne pourra pas se libérer pour assister à l'une des deux confrontations face à Zagreb. Pour lui, a priori, ce sera soirée streaming. (Photo : Isabella Finzi)

Ce n’est pas parce que Gérard Lopez, président du Fola Esch, consacre beaucoup de son énergie au pétrole qu’il n’a plus le temps de parler football. La preuve. L’homme d’affaires de 43 ans a peut-être un agenda chargé, mais pas assez pour lui faire oublier qu’il est aussi président du Fola. Il suffit de brancher celui qui est aussi propriétaire de l’écurie Lotus F1 sur l’actualité de l’équipe de Jeff Strasser pour voir que la flamme est bel et bien là.

Comment avez-vous réagi en apprenant que le Fola allait de nouveau devoir jouer contre le Dinamo Zagreb?

Gérard Lopez : Là où on manque vraiment de bol, c’est qu’on ne peut même pas espérer profiter d’un effet de surprise vu qu’ils savent qui on est. C’est un club très fort, mais je ne vais pas dire que c’est dommage (il insiste sur ce mot) de jouer contre eux. Un match de qualification, ça reste un moment sympa à vivre. Et je n’oublie pas qu’on était loin d’être ridicules il y a deux ans. On les avait longtemps tenus à l’aller avant de craquer (NDLR : 0-0 jusqu’à la 58e minute avant de perdre 0-5). Au retour, on a perdu 1-0 après avoir tenu le 0-0 hyper longtemps. Je ne pense pas que notre équipe va en Croatie en se disant que c’est perdu d’avance. De toute façon, ce n’est pas le style de Jeff (Strasser).

Les frères Mamic, président et entraîneur du Dinamo, sont soupçonnés de corruption et en détention provisoire. Jeff Strasser nous a dit qu’il était uniquement concentré sur l’aspect sportif, mais vous, en tant que président, vous êtes-vous renseigné sur la possibilité de vous qualifier sur tapis vert?

Le tapis vert, ce n’est pas un match. Moi aussi je suis focalisé sur le vrai match. Après, j’ai évidemment entendu parler de cette histoire, mais deux voix discordantes sont revenues jusqu’à moi. Alors jouons, et si ça viendra, ça viendra!

On est obligé de vous parler de la dénonciation pour blanchiment d’argent qui a été faite à votre encontre il y a un mois et selon un timing curieux : le lendemain de l’accusation d’abus de biens sociaux visant Flavio Becca, le patron du F91. Pourquoi ne pas avoir commenté cette actualité?

Parce qu’il n’y avait rien à commenter, c’est aussi simple que ça.

Revenons au foot : le Fola est-il là où vous vouliez qu’il soit lorsque vous l’avez repris?

C’est un vrai travail de fond qui a été fait. Quand je suis arrivé, il y a environ huit ans, je me suis engagé sur le soutien des catégories inférieures. Au début, les joueurs se partageaient les tee-shirts déchirés. Peu de gens savent que je ne suis pas arrivé au Fola par le haut. Le Fola a toujours eu ce fort rôle d’intégration. J’ai moi-même joué au club dans les équipes jeunes et déjà à mon époque, Esch était la ville des familles étrangères et donc pas les plus huppées. C’est un paradoxe pour un club qui est né grâce à des personnes riches. Vous connaissez l’histoire du Fola? Des gens revenus d’Angleterre occupaient de gros postes dans la sidérurgie et jouaient au tennis. Alors ils ont créé un club. Puis dans la foulée, le foot est arrivé. Le nom de notre club est d’ailleurs anglais. Fola : Football On Lawn (*) Association. Ce que je veux dire, c’est que ce club a une histoire.

Plus le temps a passé, plus nos équipes jeunes ont progressé, et je me suis dit qu’il fallait aller au bout de la démarche. Pour garder les jeunes du club, il faut qu’ils aient comme référence une équipe première forte. Le Fola a gagné le championnat il y a plus de 80 ans, il fallait qu’il y ait une suite. Pour revenir à la question, j’aime le foot et la compétition m’excite. Mais ce que je vous ai raconté avant vaut bien plus que ça. Le sport, ce n’est pas qu’une question de résultats. J’aime l’idée que ce soit un projet à taille humaine. Je connais tous les gens du club. Au niveau du comité, on a plus de monde que ce qu’il nous faut! C’est une histoire qui n’a plus rien à voir avec moi, en fait.

Potentiellement, vous pourriez investir 100 millions d’euros et viser les poules de la Ligue des champions. Cela vous a-t-il déjà traversé l’esprit?

J’ai un ami en Allemagne qui a fait ça avec Hoffenheim (NDLR : Dietmar Hopp), qui est une ville beaucoup plus petite qu’Esch. Moi, ça ne m’a jamais traversé l’esprit. Ce qui m’excite, c’est de voir ces mecs-là jouer en éliminatoires de Ligue des champions. C’est con à dire, mais faire un truc pareil, ce serait se foutre de la gueule du club. Imaginons qu’un cheikh saoudien décide de faire ça demain, eh bien je prendrais ça comme un manque de respect pour le Fola.

Quelle place occupe le Fola dans votre agenda?

Ça reste extrêmement émotionnel. Ce n’est pas parce que j’ai pas mal de boulot à côté que je ne pense pas au Fola. Alors oui, mon quotidien ces temps-ci, c’est le pétrole, le gaz et les mines. Mais pour vous donner un exemple, cette année, je n’ai pas vu une course de Formule 1. Mais des matches du Fola, oui.

Jeff Strasser passe son diplôme UEFA Pro cette année et pourrait quitter le Fola en fin de saison. Avez-vous déjà pensé à l’identité de son successeur?

Ça ne m’étonnerait pas qu’il veuille partir à l’étranger. Ça se fera un jour ou l’autre. Mais aucune discussion n’a été prise sur un potentiel successeur. On aura largement le temps de s’y mettre le jour où Jeff nous dira qu’il s’en va. Voir des gens du club partir à l’étranger, ça valide tout le travail qui est fait. J’ai d’ailleurs parlé en tête à tête avec Laurent Jans quand j’ai appris qu’il partait en Belgique. Il était très ému et c’était beau à voir.

Entretien avec notre journaliste Matthieu Pécot

(*) lawn : gazon

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