Le pays a eu tout le temps de s’inquiéter du printemps de la Vieille Dame avant que ne débarquent sept joueurs en toute dernière minute. Contre le Fola, samedi, dans un derby passionnant, elle a montré un visage bien plus conquérant et déterminé que sa campagne de matches amicaux ne l’avait laissé apparaître. Une bonne nouvelle.
On ne sait pas si c’est un énorme ouf de soulagement qu’ont poussé tous les supporters de la Jeunesse Esch à l’issue du derby inaugural de samedi soir, mais la plupart d’entre eux avaient l’air d’avoir apprécié ce match comme s’ils avaient la certitude que le nouvel effectif construit cet été n’en était pas capable.
«Il faut dire que les premiers matches de préparation… On ne peut pas le nier…», glissait un membre du comité sans avoir besoin de finir ses phrases. Les fans, bruyants, ont l’air d’acquiescer et de goûter leur plaisir : la Vieille Dame ramène un point de son déplacement au Galgenberg et ne l’a pas forcément volé, laissant un délicat arrière-goût d’espoir retrouvé. Transfigurée par les récentes arrivées, qui n’ont eu que quelques entraînements pour se fondre dans le collectif, portée par l’idée que trois autres joueurs doivent encore être incorporés, pleine d’allant et de fraîcheur, la Jeunesse n’inquiète plus trop; elle intrigue surtout.
«Je suis assez content de ce qu’on a vu, sourit Milos Todorovic. On a dit que la Jeunesse était morte, mais elle vit toujours! C’est vrai que nos premiers matches amicaux étaient mauvais, mais il y avait un nouveau coach, beaucoup de jeunes joueurs et aussi quelques joueurs d’ici qui aiment leur club. On est montés en puissance et les nouveaux apportent un plus.»
Le capitaine a mis le doigt dessus. Les nouveaux. En attendant Crolet, Diallo et Laurent, il faut bien reconnaître que dans toutes les lignes, on a déjà bien senti l’apport de chacune des recrues fraîchement arrivées. Si Xavier Tomas, l’imposant défenseur central, s’est rendu coupable d’une erreur de jugement dont a bénéficié Bensi dès la 9e minute («Je la prends pour moi, ça arrive», a reconnu l’ancien professionnel aux plus de 300 matches), il a aussi fait étalage d’une rigueur dans les duels qui a bien dépanné, avec seulement deux entraînements dans les jambes. «On essaye de mettre quelque chose en place et j’estime que ce qu’on a produit contre le Fola est déjà très cohérent.»
«Il faut admettre qu’on était nerveux au début et qu’on a eu besoin d’un temps d’adaptation derrière», a encore admis un Marcus Weiss visiblement satisfait autant du point que de la manière.
Un missile de Soares et six occasions gâchées
Un bref résumé des occasions arrachées à un adversaire aux jambes un peu lourdes en fin de première période, moins de trois jours après son match européen très éprouvant à Tiraspol, suffit à expliquer que cette Jeunesse-là n’est pas inoffensive. Sept occasions franches dans un derby, ça ne lui est pas arrivé tous les jours, ces dernières années.
Sous l’impulsion de deux vieux de la vieille (un Soares étincelant et un Todorovic moteur) mais aussi de Georgios Xenitidis, qui pourrait bien être son grand ordonnateur du jeu cette saison tant sa vista saute aux yeux, l’attaque, composée intégralement de recrues, a été prolifique à défaut d’être efficace. Ces garçons, qui ne connaissaient encore rien ni personne en DN il y a une semaine, ont créé pas mal de belles choses à partir de rien.
Soares a buté sur Hym après une passe en retrait de Voilis (31e). Einsiedler, un garçon qui prend de la place, a raté un duel en face-à-face (37e), a été trop court sur un centre fuyant de Todorovic (45e) et a placé une tête juste à côté, seul sur corner (65e). Todorovic aussi a frôlé un centre presque gagnant (42e). Voilis s’est fait contrer par un retour courageux devant sa ligne de Klein (75e). Il aura fallu un missile de Soares (1-1, 45+2), pleine lucarne, en contre, pour arracher ce point mérité. Longue à se mettre en route, un peu dans le dur une bonne partie de la deuxième période avant de resurgir dans un final débridé, cette Jeunesse n’a toutefois pas écarté tous les doutes.
Elle qui doit encore réintégrer Fiorani (cuisse), Deidda (genou) et Moreira De Sousa a aussi concédé énormément d’occasions et va devoir digérer toutes ces arrivées de recrues une fois éteints l’enthousiasme des débuts et l’adrénaline du derby.
L’urgence est déjà à la confirmation : c’est le Swift Hesperange qui se profile, le week-end prochain. Un match qui peut remettre la Jeunesse à la place que beaucoup lui ont assignée, ou la propulser vers des sommets peut-être plus élevés que prévu.
Julien Mollereau