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[Football] Défaite du Luxembourg : fatigués, les quasi-héros ?


Deville et ses coéquipiers ont beaucoup couru, samedi. Photo Luis Mangorrinha

ÉLIMINATOIRES DU MONDIAL-2022 Battu de justesse samedi par la Serbie après un gros match, le Luxembourg doit jouer mardi au Portugal. L’enchaînement impossible ?

Alors que le Covid-19 a offert sur un plateau à tous les sélectionneurs de la planète l’équation magique des cinq changements – un privilège pour lequel les coaches de DN se sont de leur côté battus en vain – force est de constater que Luc Holtz n’est, lui, pas un excité du changement.

C’est même un partisan acharné de l’immobilisme. Jugez plutôt : il n’y a que face au Portugal à l’aller, dans cette campagne des éliminatoires du Mondial-2022, qu’il a usé de son droit à renouveler la moitié de ses joueurs de champ. Samedi, comme face à l’Irlande en septembre, il n’aura procédé qu’à deux remplacements, dont un dans les arrêts de jeu.

On peut entendre l’argument selon lequel il n’y avait pas grand-chose qui puisse apporter un vrai plus à cette équipe qui tenait son match, mais la perspective d’avoir à jouer une deuxième rencontre de très haut niveau trois jours plus tard n’aurait-il pas pu l’inciter à penser son match différemment ? « On était en train de jouer un match qui se jouait sur rien du tout et où l’on produisait l’effort pour revenir. Dans ces conditions, je n’allais pas ménager des gars pour gérer. »

Renvoyés aux impératifs de « récupération » express, les onze Roud Léiwen qui ont quasiment joué l’intégralité de ce match disputé durant lequel ils se sont créé autant d’occasions nettes que leur adversaire (qui ne les a pas mis en difficulté sur attaques placées, mais seulement sur des passes verticales géniales et soudaines de 20-40 mètres ou sur phases arrêtées) ont aussi le droit de se demander s’ils sont désormais capables d’enchaîner.

La dernière fois qu’un diptyque de ce niveau leur avait été proposé, en novembre 2019, c’était déjà contre la Serbie (à l’extérieur, 3-2) puis le Portugal (à domicile, 0-2) et les Luxembourgeois avaient réussi à digérer l’accumulation d’efforts. Mais un mois plus tôt, à la défaite injustement élevée à Lisbonne face au Portugal (3-0) avait succédé un match d’asphyxie totale au Danemark (4-0).

On parle là de deux années en arrière, mais cela montre quand même que le Luxembourg, quand la pente s’élève, n’a pas encore forcément la régularité nécessaire pour avoir des garanties de continuité.

Une perf tactique plus que physique ?

Un détail, cependant, n’en est pas un : demain, la fraîcheur aura pour nom Christopher Martins dans l’entrejeu et Gerson Rodrigues en attaque. Les deux suspendus de samedi vont offrir une opportunité évidente de coaching à moindres frais et apporter des réponses là où l’on veut bien s’inventer des questions.

Après tout, vu le volume de courses du trio de l’entrejeu et la facilité notamment d’un Sébastien Thill à enchaîner les efforts jusqu’en Ligue des champions, pourquoi douter de sa capacité à nous pondre 90 nouvelles bonnes minutes à Faro? Ou de celle d’un Leandro Barreiro puisque le gamin a visiblement trois poumons ?

D’ailleurs, si leur débauche d’énergie contre la Serbie ne fait pas de doute, leur domination sur l’entrejeu doit aussi s’expliquer par l’option tactique à trois milieux qui a permis à Holtz de surprendre Stojkovic, qui l’a reconnu : « On avait un problème, ils étaient toujours un de plus. »

Reste qu’une fois encore, le Grand-Duché va devoir s’élancer dans un immense défi avec un match au couteau dans les jambes (car il n’y a pas que l’entrejeu : défenseurs et attaquants, aussi, ont le droit de se sentir exténués) tandis que son adversaire, le Portugal, sera, lui, tranquillement monté en puissance en amical contre le Qatar.

Victoire 3-0 à la maison, avec un CR7 qui ne joue qu’une petite mi-temps. Reposant quoi. Le mois dernier, c’est la Serbie qui avait bénéficié de ce traitement de faveur juste avant de jouer un match dantesque contre les Roud Léiwen. Holtz s’en est souvenu avec amertume avant le début de cette semaine internationale.

Julien Mollereau, depuis Faro

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