Benfica, Porto et le Sporting, tel est le parcours ces dernières saisons de Leonel Garcia, le gardien de Steinfort (D1). Dans leur version luxembourgeoise, évidemment.
Les premiers tours d’une Coupe nationale permettent toujours de s’intéresser à des clubs, des entraîneurs ou des joueurs dont on n’a pas l’habitude de parler habituellement. Et cela permet parfois de mettre en lumière des histoires ou des parcours sortant un peu de l’ordinaire.
C’est le cas de Leonel Garcia, l’actuel gardien titulaire d’une formation de D1 de Steinfort qui défiera celle de Promotion d’honneur de Junglinster ce dimanche en 32e de finale. À 28 ans, Garcia a la particularité d’avoir enchaîné ces dernières saisons les clubs du Hamm Benfica, de l’AS Luxembourg Porto puis du Sporting Steinfort. Soit les clubs luxembourgeois parrainés par les trois grands du championnat portugais. Forcément un peu interpellant.
«Au Portugal, il serait déjà mort !», assène tout sourire son actuel président, Guy Nilles. «C’est un peu ça, oui», rigole de son côté le principal intéressé. «Là-bas, au Portugal, le foot, c’est sacré. On ne se mélange pas entre ces clubs-là. Entre le Benfica et le Sporting, les deux clubs de Lisbonne, cela peut encore passer. Mais tout ce qui touche à Porto peut devenir très problématique. Comme n’importe quel « Sportinguista » (NDLR : les sympathisants du club lisboète), c’est avec ce maillot-là que je voulais jouer. Au Luxembourg, c’est donc à Steinfort que j’ai toujours souhaité évoluer.»
«Tout n’a été que hasard»
Oui mais voilà, la vie lui a donc réservé un chemin plutôt tortueux avant d’y arriver. «Tout n’a été que hasard», glisse-t-il. «J’étais gardien à Merl en D2 en 2017 lorsque nous avons remporté la Coupe FLF, en battant 3-0 Sanem en finale. C’est là que le Hamm Benfica m’a repéré. Un club de BGL Ligue, c’était un beau challenge pour moi. J’y ai passé une saison en étant troisième gardien. La concurrence était rude.»
Résultat, pas de match en DN pour lui et une blessure au poignet qui l’a tenu écarté des terrains trois ou quatre mois. Une broche sans doute mal fixée dans celui-ci ne résistant pas à la force de frappe de ses équipiers à l’entraînement. Il tente alors une première fois de rejoindre Steinfort. «Mais on m’a signalé que l’intérêt n’était pas réciproque. Le club comptait alors déjà sur deux bons gardiens…»
C’est alors que l’AS Luxembourg Porto est entré dans la danse, lui offrant la possibilité «de retrouver le rythme en D1». Il y signe un contrat de trois ans mais constate que tout ne se passe pas exactement comme prévu. «C’est alors qu’un bon ami à moi m’a glissé que Steinfort avait besoin d’un gardien. C’est comme ça que j’y ai été prêté à l’été 2019. Tout comme cette saison.»
«À force de traîner avec des Portugais…»
Au final, Leonel Garcia a donc pu porter le fameux tricot «vert et blanc». Mais pas très longtemps puisque, peu de temps après son arrivée, le club a décidé de rompre sa collaboration avec le club lisboète, de changer de couleurs et de nom pour devenir le FC Stengefort. L’appelation actuelle de Steinfort. «À Hamm, on sent que le lien avec Benfica est important. Comme avec la création de l’école de jeunes. Mais à Steinfort, on en était très loin…» Un dirigeant nous a ainsi glissé que le club «attendait encore le premier ballon…»
«J’ai dû évoluer six mois avec le maillot du Sporting», sourit le natif du Cap-Vert, arrivé au Luxembourg à 4 ans et de nationalité luxembourgeoise depuis ses 18 printemps. «À force de traîner avec des Portugais, j’ai commencé à aimer leur football. Et le Sporting n’est peut-être pas le club le plus fort, mais c’est celui qui se bat le plus sur le terrain. C’est ça qui m’a attiré vers lui», continue celui qui, comme beaucoup de fans de foot dans ce pays, aime aussi beaucoup la Bundesliga (et le club de Dortmund).
Auteur d’un bon début de championnat en D1 série 2, quatrième à quatre points d’un leader, Itzig, qu’il a été le seul à faire tomber, Steinfort a forcément un coup à jouer ce dimanche contre un Junglinster qui se traîne dans le bas de la PH. «L’an passé, au même stade de la compétition, nous avions été battus 0-2 par Rosport. Une équipe qui m’avait impressionné. Ici, ce n’est pas forcément la même chose. Le rapport de force ne sera pas le même. Mais il faudra qu’on soit des guerriers sur le terrain!» À l’image de ce qu’il aime tant au Sporting…
Julien Carette