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F91-APOEL : un rêve encore plus à portée de main


Une nouvelle fois, on comptera beaucoup sur le grand compère de Sinani en attaque, à savoir Stolz. (photo AFP)

Le F91 reçoit l’APOEL Nicosie, ce jeudi soir, sur une pelouse tout juste posée et dont on se demande quelle tête elle aura sous cette pluie drue de fin novembre. Cela rajoute à la dramaturgie de l’instant, qui est absolument décisif.

Mercredi, 17h15. Il tombe des cordes sur la capitale, mais c’est sans doute route d’Arlon que c’est le plus gênant. Le long du stade Josy-Barthel, des ouvriers néerlandais bien emmitouflés chargent leurs motoculteurs dans les camions rangés devant l’entrée avant de repartir chez eux. La nouvelle pelouse qu’ils ont apportée en urgence est installée et même déjà bâchée, et les dirigeants du F91 regardent le ciel : désormais, on n’annonce plus que de la pluie jusqu’au coup d’envoi de cette première «finale» qui pourrait leur permettre de s’emparer de la 2e place du groupe A.

L’émissaire de l’UEFA s’est montré moins catégorique que le service presse de sa toute puissante association, qui avait déclaré qu’on «jouerait» ce jeudi soir dans un communiqué laconique adressé au Quotidien en début de semaine. «On verra», s’est contenté de répondre l’homme qui la représente officiellement au Grand-Duché. Entre les lignes, c’est Gianluca Rocchi, l’arbitre italien de cette revanche entre Dudelange et l’APOEL, qui dira si l’on peut jouer ou pas. Il y a peu de chances qu’il décide que ce n’est pas le cas mais pour tout un club et l’honneur du pays, ce doute encombrant gâche un peu le plaisir de l’instant. Dire que ce soir, vers 23h, le F91 pourrait être à 90 minutes des 16e de finale de l’Europa League et qu’on n’a presque pas encore eu le temps de s’en réjouir…

Une qualif logique ou un rêve fou ?

Il y a cinq ans de ça, dans une interview un peu lunaire et conjointement menée avec Fabrizio Bei, son homologue de Differdange, le président du Progrès, Fabio Marochi, avait estimé que les clubs luxembourgeois n’étaient plus très loin de pouvoir rejoindre la phase de poules de l’Europa League. Et voilà qu’aujourd’hui, non seulement ses prédictions moquées à l’époque se sont vérifiées (deux fois) mais qu’en plus Dudelange a entre ses mains la possibilité de faire passer un autre cap au pays, c’est-à-dire survivre à l’hiver.

Pour les Dudelangeois, même en cas de succès, cela restera seulement un rêve encore plus à portée de main. Mais pour les Chypriotes, une victoire leur garantit presque qu’ils passeront les fêtes dans la peau du qualifié. Pour les en empêcher, il faudrait que Séville lâche 1 point contre Qarabag dans l’autre match de la soirée et on ne peut décidément pas l’imaginer. Est-ce envisageable ? Bertrand Crasson n’a pas répondu à la question mais l’a contournée pour faire comprendre qu’il ne le pensait pas plus qu’il ne le souhaitait : «Notre avantage sur nos deux concurrents, c’est justement que nous avons déjà joué Séville deux fois, qu’on ne doit plus le faire.»

Et ses joueurs aspirent même, aujourd’hui, à s’en servir : «Cela paraît bizarre de dire ça, sourit Thibaut Lesquoy, mais ces deux matches contre Séville lors desquels on encaisse quand même huit buts restent de bons matches. C’est le top mondial. On s’est bien défendus et on a accumulé un maximum d’expérience. À nous de la restituer contre Nicosie.» «On sera là pour jouer, pour mettre des buts, embraye son milieu de terrain, Charles Morren. Même si on sait qu’ils vont nous mettre la pression d’entrée. On y est préparés.»

Il faut rentabiliser l’investissement

Le petit récupérateur belge est d’avis que face à cet APOEL qui peut en finir dès ce soir, «tous les points sont bons à prendre» et qu’un seul, donc, pourrait faire l’affaire. Il permettrait au moins de rentabiliser l’investissement de ce gazon à 150 000 euros puisqu’un nul est rétribué à 170 000 euros, mais Bertrand Crasson refuse de s’en contenter : «Pour eux, c’est la dernière chance. Mais pour nous aussi peut-être. Surtout qu’à Qarabag, ce sera plus dur.» Il serait plus simple, oui, de n’avoir qu’à y défendre un nul, mais on n’en est pas là.

Ce matin, très tôt, on retirait la bâche (une opération qui dure trois bonnes heures), tracer les lignes et se préparer pour l’inspection puis réinstaller les bâches. Il sera toujours temps de croiser une première fois les doigts. Moins fort quand même qu’au moment du coup d’envoi. Car c’est un petit morceau d’histoire qui pourrait s’écrire sur cette herbe fraîche et mal enracinée.

Julien Mollereau

L’équipe probable : Joubert – Bouchouari, Schnell, Cools, Lesquoy – Morren, Garos, Lavie ou Klapp, Bernier – Sinani, Stolz.

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