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Et si Red Bull quittait la F1 ?


La Red Bull du Russe Daniil Kvyat lors des essais libres, au GP de Russie, le 9 octobre 2015 à Sotchi. (Photo : AFP)

C’est le gros sujet du week-end, dans le paddock du Grand Prix de Russie: le géant Red Bull va-t-il mettre à exécution, faute de moteur pour 2016, sa menace de quitter la Formule 1 où il tient une place prépondérante depuis dix ans ?

Le point de départ est connu: les difficultés du moteur Renault V6 turbo hybride depuis début 2014. Après quatre saisons de domination absolue -huit titres mondiaux, pilotes et constructeurs de 2010 à 2013- Red Bull Racing a dû apprendre à perdre: trois victoires seulement, en 2014 grâce à Daniel Ricciardo.

Après des mois de critiques vis à vis de son partenaire, qui ont terni l’image de Renault en F1, les responsables de Red Bull ont décidé de quitter le motoriste français, pensant retrouver facilement un moteur pour gagner en 2016. A tort, car leurs principaux rivaux Ferrari et Mercedes n’ont aucune envie de fournir un très bon moteur à une si bonne écurie.

«Ils s’y sont pris trop tard, nous n’aurons pas le temps de leur fabriquer des moteurs 2016», a dit en substance Maurizio Arrivabene, le Team Principal de Ferrari, dans le paddock de Sotchi. «On ne va quand même pas se tirer une balle dans le pied en leur fournissant notre moteur», a dit en privé un responsable de Mercedes-AMG, conscient de la qualité des châssis Red Bull depuis des années, grâce à la compétence de l’équipe technique réunie par Adrian Newey.

Autre facteur aggravant, le paddock a de la mémoire, voire de la rancune. Quand il s’est agi de modifier les règlements pour atténuer la domination de Red Bull, relancer l’intérêt de la F1, limiter les coûts ou présenter un front uni des écuries face au promoteur historique Bernie Ecclestone, Red Bull Racing a toujours dit «niet», ou fait bande à part.

« La F1 survivra »

«Arrogants», c’est le qualificatif le plus répandu quand les acteurs de la F1 moderne évoquent, toujours en privé, l’attitude de Red Bull Racing ces dernières années. En oubliant tout l’argent dépensé par le milliardaire Dietrich Mateschitz, le créateur de la fameuse boisson, pour doper les audiences de la F1, créer du «buzz» autour de jeunes pilotes talentueux (Sebastian Vettel, Daniel Ricciardo, Max Verstappen, etc…), faire renaître un GP d’Autriche de F1…

L’heure est grave car c’est celle du règlement de comptes et Mateschitz ne peut pas compter sur son compatriote Toto Wolff. Aux commandes de Mercedes-AMG, l’écurie qui a succédé à Red Bull Racing sur les tablettes mondiales, Wolff n’est pas du genre à faire des cadeaux.

«Perdre Red Bull serait une grosse perte pour la F1, car c’est une marque branchée (…) mais on a déjà vu des équipes partir et revenir en F1», résume celui qui a convaincu le conseil d’administration de Daimler AG de ne pas fournir de moteurs à Red Bull.

«Il y a quelques années, en l’espace de 18 mois, on a perdu Toyota, Honda et BMW. Si on n’arrive pas à les garder (Red Bull et sa filiale Toro Rosso, ndlr), ce ne sera pas idéal, mais la F1 survivra», ajoute Wolff.

Les derniers clous dans le cercueil des illusions de Red Bull ont été plantés vendredi par Cyril Abiteboul, directeur général de Renault Sport F1, en écartant l’idée d’une éventuelle réconciliation.

«Si nous faisons quelque chose de différent de ce qui est prévu (ne plus être motoriste en F1, et donc ne plus fournir de moteurs à Red Bull, suite au rachat programmé de Lotus, ndlr), ça doit être bon pour Renault et servir l’intérêt de Renault comme acteur dans le sport. Mais honnêtement, quand vous voyez la façon dont nous avons été traités (par Red Bull, ndlr), ça sera très difficile de vendre à mon conseil d’administration et à mon comité exécutif quelque chose de différent de ce qui est prévu en ce moment», a déclaré Abiteboul, encore traumatisé par l’attitude négative de son partenaire depuis l’an dernier.

Reste le moteur Honda, de loin le plus mauvais du plateau, que le géant nippon ne souhaite fournir à aucune autre équipe que McLaren.

AFP/M.R.

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