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[Escrime] Championnats du monde au Caire : Giannotte refait le coup !


Flavio Giannotte, visiblement exténué, peut serrer le poing : il réalise le parcours parfait pour son dernier rendez-vous de la saison ! (photo DR)

Comme il y a trois ans à Budapest, Flavio Giannotte a remporté ses six matches en poules pour se qualifier directement pour le tableau de 64 aux championnats du monde au Caire.

«C’est un énorme poids en moins !» Soulagé ! Enfin ! Alors qu’il a vécu jusque-là une saison galère, ne réussissant que deux tableaux de 64 en tout et pour tout, l’épéiste luxembourgeois avait à cœur de terminer l’exercice 2021/2022 sur une bonne note. Et c’est chose faite ! En effet, avec six victoires pour autant de matches en poules et une sixième place, le voilà directement qualifié pour le deuxième jour de ces championnats du monde au Caire.

Le garçon n’en est pas à son coup d’essai. Trois ans auparavant jour pour jour, il avait déjà réalisé la même performance, également aux championnats du monde, du côté de Budapest. Six victoires en poules et une qualif directe pour le tableau de 64 au lendemain du même résultat de la désormais retraitée Lis Rottler-Fautsch.

Mais si on lui avait dit, samedi matin, qu’il réaliserait un parcours sans faute, il ne l’aurait peut-être pas forcément cru. La faute à une nuit «horrible». «Sans entrer dans les détails, j’ai dû manger quelque chose de pas bon et j’ai passé la nuit dans la salle de bains.» Les voyants n’étaient donc pas forcément au vert pour Flavio Giannotte. Mais il était bien décidé à tout donner. D’autant plus qu’il s’était spécialement préparé pour cette échéance : «Après mon échauffement, j’étais crevé. Mais c’est là que le fait d’avoir gravi des cols à vélo m’a aidé. J’ai pensé aux cols que j’ai montés, au moment où tu es dans le rouge, mais tu continues quand même. Tant physiquement que mentalement, c’était un sentiment que je connaissais et je savais que j’avais encore de l’énergie derrière. Sinon, j’aurais tiré le frein à main.»

Il a un jeu bizarre et un peu chiant

Alors malade ou pas, l’épéiste grand-ducal n’allait rien lâcher. Et ce, même s’il avait une poule très costaude. Son premier match donne le ton : «Je tire contre Islas, un Suédois qui a été super fort il y a quelque temps. Je fais un super match. Je prends tout de suite le dessus et je gagne 5-2 en gérant bien la rencontre.» Une victoire en poche, c’était bien parti. Pour son deuxième match, rebelote, cette fois face au Coréen Kim, qu’il domine aisément 5-1 : «Je me suis un peu surpris, car il a quand même un bon niveau.»

L’adversaire suivant, l’Américain Yoo, passe également à la trappe avec une victoire 5-2 : «Ça m’a sauvé de mettre la première touche. Une très belle à la main avec une bonne précision. Ça l’a obligé à attaquer et j’en ai profité.»

Ensuite, face au Slovaque Johanides, ce ne sera pas du cousu main : «Je savais que ce serait un match compliqué. Il est licencié à Levallois, j’ai déjà tiré à l’entraînement contre lui. Il a un jeu bizarre et un peu chiant. On arrive à 3-3, sur une super action j’inscris le 4-3. Mais après, je ne savais pas comment mettre la dernière. Je me suis dit que j’allais partir en flèche pour aller chercher une double. Finalement, c’est une touche simple et je gagne 5-3. C’était parfait.»

Le score ne sera pas aussi large contre Lai, le ressortissant de Hong Kong : «Il avait un jeu qui ne me convenait pas. Il bourrinait beaucoup donc je me suis dit que j’allais éviter de l’attaquer, car il adore ça. On s’est analysés jusqu’à la dernière seconde et on est passés à la minute prioritaire à 0-0. J’ai eu la chance d’avoir la priorité, il était donc obligé d’attaquer. Et j’ai réussi une belle touche qui m’a permis de l’emporter 1-0.»

Une sixième victoire avec les tripes

Avec cinq succès en autant de matches, Flavio Giannotte était tout près de son objectif d’atteindre directement le tableau de 64 sans devoir passer par des tours préliminaires le jour même. Seulement pour ce faire, il devait remporter cet ultime assaut contre l’Iranien Rezaei : «Comme le dit Maurice (NDLR : Pizay, son maître d’armes), la moitié du combat en escrime, c’est 14. En poule, c’est 5. Mentalement, il faut être fort car si tu gagnes, tu passes et si tu perds, tu ne passes pas directement. Et là, j’ai commencé à calculer, à me dire qu’avec mon bon indice, même une défaite d’une touche pouvait me permettre de passer quand même. Du coup, je me suis retrouvé un peu trop passif avec cette mentalité. Et au bout de 30 secondes, je me retrouve mené 0-3.»

Inutile de dire que le spectacle a plus que déplu à son mentor : «Il était furieux. Il déteste quand je commence à la jouer trop stratège.» Le dos au mur, Flavio Giannotte retrouve ses esprits, il revient à 1-3, 2-3 puis 2-4 avant de finalement égaliser à 4-4. «À ce moment, je savais que même si je perdais, ça devait passer. J’étais un peu plus détendu. Je marque sur une touche un peu risquée mais qui paie bien.» Six matches, six victoires, carton plein pour Flavio Giannotte qui a obtenu ce qu’il était venu chercher : tirer le deuxième jour.

Mais pour une fois, les organisateurs ont fait dans l’original puisque le tableau de 64 n’est pas prévu le lendemain, soit le dimanche mais le mardi. De quoi recharger les batteries… enfin si on mange ce qu’il faut : «La nuit était très compliquée. On a mangé la même chose et on ne sait pas d’où ça vient. Mais c’est peut-être le Coca. Il paraît que parfois ils le mettent au frais avant de le sortir puis de le remettre au frais. Donc maintenant, plus de Coca», indique Maurice Pizay. Qui a une explication sur la perf de son poulain : «Souvent, quand on est un peu fatigué, on se concentre sur l’essentiel et ça paie. On ne s’aventure pas dans des choses qu’on ne maîtrise pas. Il a fait de bonnes touches comme à la leçon, il avait une bonne pointe et une belle précision. Et heureusement qu’il a gagné le dernier match, sinon il ne serait pas passé directement. Il a eu le cran qu’il fallait pour renverser la situation.»

Après une journée de dimanche passée à faire un peu de tourisme – «On va aller voir les pyramides, Maurice ne les a pas encore vues» –, il va vite se reconcentrer sur l’escrime. Car à Budapest, son superbe parcours en poule avait été stoppé dès le premier match. Et il espère bien aller beaucoup plus loin : «Faire ça ici, c’est énorme. J’ai rarement été aussi content de passer tout de suite au deuxième jour car je pense que vu mon état, je n’aurais pas tenu sur des matches en 15 touches le jour même. Là, j’arrive à faire le bon résultat au bon moment. Maintenant, il faut essayer de remporter le plus de matches possible.»

Mais avant de penser à son futur adversaire, l’Azerbaïdjanais Barat Guliev, Flavio Giannotte avait une priorité : changer ses billets d’avion. En effet, il avait prévu de repartir dès dimanche si ça se passait mal. On sait désormais que ce n’est pas le cas !

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