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Dopage mécanique : troubles moteurs


Femke Van Den Driessche aura eu ce grand mérite de faire ouvrir le débat sur la fraude mécanique dans le cyclisme. (photo AFP)

Des vélos qui avancent tout seuls (ou presque!) grâce à un moteur électrique caché: le fantasme du «dopage mécanique» est devenu une réalité après le premier cas avéré aux Mondiaux de cyclo-cross.

Mais on ignore l’ampleur de la tricherie dans un peloton déjà traumatisé par le sujet récurrent du dopage.

Le dopage mécanique a-t-il été pratiqué dans d’autres disciplines?

Il serait très douteux que la tricherie dont est suspectée Femke Van den Driessche (19 ans) soit l’apanage exclusif d’une espoir belge du cyclo-cross féminin, une discipline d’intérêt quasi régional, aux enjeux financiers limités.En mars 2015, la Commission d’enquête sur le cyclisme (CIRC) se montrait affirmative à propos des épreuves sur route, sans citer de cas concrets : «Diverses tentatives d’infraction au règlement technique ont été rapportées à la commission, y compris l’utilisation de moteurs cachés dans les cadres. Ce problème en particulier est pris au sérieux, surtout par les meilleurs coureurs, et n’a pas été décrit comme un phénomène isolé.»

«Le système des moteurs a existé, existe, mais qui, quand et depuis quand, je ne sais pas», répondait l’été dernier Marc Madiot, le manager de l’équipe FDJ et président de la Ligue française. Six mois plus tard, ces précisions manquent toujours.

Comment la tricherie a-t-elle été découverte?

«Il y avait un moteur caché», a seulement confirmé Brian Cookson, le président de l’Union cycliste internationale (UCI), qui joue la discrétion pour contrer les fraudeurs : «Je ne peux pas donner de détails.»

Selon des médias présents à Zolder, le système, qui pèserait 500 à 600 grammes et coûterait quelque 20 000 euros, était dissimulé dans le tube vertical du vélo. Mais, pour le quotidien italien La Gazzetta dello Sport, il s’agit là déjà d’une technologie ancienne.

«La nouvelle frontière est l’électromagnétisme», affirme le journal dans son édition d’hier en citant un gourou anonyme du secteur. Le nouveau dopage mécanique? Des roues (arrière) en carbone, d’un coût de… 200 000 euros, dissimulant un système électromagnétique pour émettre une énergie supplémentaire, de l’ordre de 20 à 60 watts.

Le combat est-il gagnable?

Moteur ou batterie ultraminiaturisée, système d’entraînement sophistiqué au niveau des roues, mise en action par télécommande à distance ou par le biais du cardiofréquencemètre, la technologie moderne autorise toutes les suppositions sur cette forme de dopage mécanique.

Le constat, alarmiste au regard de l’étendue du phénomène – La Gazzetta évoque le nombre de 1 200 moteurs cachés vendus l’an dernier en Italie –, est toutefois à relativiser pour les grandes compétitions. L’UCI, alertée, planche sur les méthodes de détection des champs magnétiques.

Au contraire de l’hydre du dopage, le problème semble surmontable, au moins pour l’élite, de l’avis de l’ancien champion américain Greg LeMond qui évoquait l’an passé la solution des pistolets thermiques pour détecter des sources de chaleur. Si la volonté politique existe et si des moyens conséquents sont déployés pour procéder à des contrôles fréquents et poussés.

Qu’en pense le milieu cycliste?

Nombre de coureurs doutaient de cette tricherie ou refusaient son existence. Tant elle choque les mentalités, plus encore que le dopage.

«C’est désespérant!», a réagi hier Jean-Christophe Péraud. Mais le deuxième du Tour 2014 s’est voulu optimiste: «Cela s’est peut-être passé dans le monde professionnel, mais de manière ponctuelle. Je pense que ce n’est déjà plus d’actualité. Des contrôles systématiques ou réguliers doivent permettre de s’affranchir de ce genre de problèmes.»

«Je n’osais pas l’imaginer jusqu’à ce que ça se concrétise, a reconnu son coéquipier Romain Bardet. Maintenant que le premier cas est avéré, cela mérite de pousser les investigations un peu plus loin pour voir l’ampleur du phénomène»

Les plus suspicieux des observateurs font remonter l’apparition de ce type de dopage au début de l’ère Lance Armstrong, l’Américain vainqueur déchu des Tours de France de 1999 à 2005. Mais l’hypothèse n’a été évoquée publiquement qu’après le numéro du Suisse Fabian Cancellara dans le Tour des Flandres 2010, sans qu’elle soit ensuite corroborée.

Elle est revenue au gré d’«exploits» surdimensionnés, sur route ou sur piste, comme aux JO de Londres 2012. La supériorité des sprinteurs britanniques avait fait jaser dans le camp français.

Le problème resurgit à l’aube de la saison 2016. «L’avenir de notre sport est en jeu», estime le président de la Fédération française et de la confédération européenne, David Lappartient. Sous peine, selon l’expression de Marc Madiot, de transformer «les courses de vélos en courses de vélomoteurs.»

Le Quotidien

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