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[Cyclisme] Fin de carrière pour Laurent Didier : explications


Vers l'Alpe d'Huez, au Tour de France 2018 (Photo Luis Mangorrinha).

L’histoire dira que Laurent Didier, fils de Lucien Didier ancien professionnel jadis au service de Bernard Hinault, Greg Lemond et Laurent Fignon, et petit-fils du regretté Bim Diederich, alias «le Duc de Grammont», a arrêté sa carrière à 34 ans après neuf années passées dans des équipes de premier plan mondial.

De Saxo-Bank en 2010 à Trek-Segafredo aujourd’hui, en passant par RadioShack-Trek, le grimpeur dippachois était reconnu pour son dévouement sans fin auprès de ses leaders, qu’ils s’appelaient Richie Porte, Alberto Contador, Frank et Andy Schleck, puis d’autres moins prestigieux ces derniers temps.
Laurent Didier est aussi renommé pour son immense expertise, sa grande compréhension de son sport et de ses enjeux. Un régal d’en parler avec lui. D’ailleurs, pas besoin d’oreillette avec Laurent Didier, il officiait presque comme directeur sportif à deux roues. Certes en tant que coureur, il lui reste une course à disputer, dimanche. La Japan Cup. Et ce mercredi, il s’envole pour cette contrée lointaine où il restera pour ses vacances familiales d’après-saison. Il aura dans ses bagages une décision devenue inéluctable au fil des jours.

«La situation du cyclisme pro est ce qu’elle est»

«J’arrête ma carrière, c’est décidé. Voilà, je m’en vais disputer la Japan Cup qui sera ma dernière course professionnelle de ma carrière», nous a-t-il dit hier en fin d’après-midi avec un ton apaisé.
Non conservé par Trek-Segafredo où la réduction de la taille de l’effectif passé pour 2019 à seulement 24 unités, l’ancien champion national 2014 qui aura disputé neuf grands tours dans sa carrière, s’était mis à démarcher lui-même des équipes. De première et deuxième division. «La situation du cyclisme pro est ce qu’elle est, le peloton se réduit, j’ai compris que je ne trouverais rien. Je n’insiste pas, ma décision est prise. Je savais ces derniers temps que ce ne serait pas simple. Les carrières des équipiers ne sont pas reconnues et j’ai compris que ce serait ainsi. Je ne suis pas triste, pas heureux non plus. C’est comme ça. Et je me suis même entraîné ces derniers jours comme si j’allais repartir. Je fais le métier jusqu’au bout, j’aime ça. Mais c’est ainsi…», livre-t-il d’un ton calme, toujours maître de lui.
Bien sûr, sa chute dans le Tour d’Italie 2017 aura été un tournant. «Je me sentais comme au meilleur de ma forme, mon retour fut compliqué et comme j’ai rechuté cette année en Australie, alors cela a été difficile pour moi de revenir dans le coup à temps. Mais j’y étais parvenu», reconnaît-il.
Imagine-t-il la suite de sa vie professionnelle? Comment voit-il sa vie tout court d’ici au-delà du 1er janvier prochain? «Je n’ai encore rien imaginé. Certes j’ai fait mes études avant de passer pro (NDLR : il possède un solide diplôme d’ingénieur en génie civile), mais je termine ma saison et ma carrière, je prends des vacances et je verrai ce que je peux faire les semaines suivantes, au calme. Continuer le vélo pour le plaisir et le loisir? Je ne sais pas, je n’y pense pas. Tout ce que je sais, c’est que Maxim (NDLR : son fils de 15 mois) sera content de me voir plus souvent à la maison. J’avoue que ces derniers temps, c’était compliqué pour moi et pour ma famille ces allers et retours incessants…» D’ailleurs, le dernier voyage japonais prendra un certain temps. Le temps qu’il faut pour digérer et apprécier. Le temps de quitter le monde du cyclisme professionnel. Bon vent!

Denis Bastien

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