[Cyclisme] Avec masque, sans tuba…

Les épreuves du World Tour reprennent samedi avec les Strade Bianche. Suivront, à un rythme effréné, une multitude d’épreuves déplacées de cette fin de l’été à l’automne. Pourvu que ça tienne jusque-là !

Bon, cette fois ça semble quand même bien reparti ! Dans cette année 2020 assez peu ordinaire, rien, décidément, ne se passe comme prévu. Alors qu’habituellement le cyclisme, au sortir du Tour et du mois de juillet, se trouve, comme la plupart des coureurs, en pente douce, presque les doigts de pied en éventail sur une plage de sable blond, la discipline, coûte que coûte, s’est réinventée. Avec masque, sans tuba… Et avec force bien sûr afin de tenter d’échapper à cette malédiction en onze lettres qu’est le coronavirus. Ou plutôt de sauver ce qui pouvait encore l’être. Car de toute évidence, d’ici la fin octobre, de nouvelles annulations viendront s’empiler. Nous n’en sommes pas là.

Dans tous les cas, comme jeudi encore avec la nouvelle démonstration fracassante sur le Tour de Burgos du phénomène Remco Evenepeol au sommet du Picon Blanco, c’est comme une nouvelle page blanche qui s’ouvre. Ouf !

Evenepoel, qui n’est déjà plus un «petit cannibale» du haut de ses vingt ans, mais un cannibale tout court puisque c’est ainsi que jadis on surnommait son aîné Eddy Merckx, a donné par son irrésistible envol le sentiment que la saison est bel et bien repartie. C’est comme s’il avait frappé les trois coups à l’issue de cette troisième étape…

Le coureur belge, qui roule comme personne, a broyé tous les grimpeurs efflanqués qui ont tenté de s’accrocher à son porte-bagages. On risque de revoir souvent cette image surprenante, saisissante, très, très impressionnante, ces prochaines semaines sur les courses où il se produira. Vu ses qualités, Evenepoel pourrait viser n’importe quelle épreuve d’un ou plusieurs jours, c’est une certitude. Franchement, qu’il doit être malaisé d’être rangé dans la liste des adversaires…

Si on insiste sur le jeune Flamand appelé à devenir très vite numéro un mondial, quel que soit le terrain, c’est parce qu’au moment où s’ouvre à nouveau la saison 2020, mise entre parenthèses depuis la mi-mars, il va cristalliser toujours plus d’attention. Et c’est justifié.

Remco Evenepoel es más de Cristiano Ronaldo que de Messi.
Lo vamos a perdonar porque tiene 20 años. #VueltaBurgos #VueltaBurgos2020 #VueltaABurgos pic.twitter.com/xH9KVEz4MV

— Dany Pro Cycling (@DanyProCycling) July 30, 2020

Des Luxembourgeois… partout !

Il ne sera pas le seul pour autant et si le coureur de Deceuninck-Quick Step va concentrer l’essentiel de ses forces sur le Giro, il y aura des coureurs partout si on suit ce calendrier revisité où les coureurs luxembourgeois vont souvent se croiser.

En principe, il n’y aura qu’une seule épreuve du World Tour, Tirreno-Adriatico (7-14 septembre) qui se disputera sans un coureur du pays. Et encore, ça change si vite dans le domaine des programmes qu’il faudra souvent réactualiser ces données…

Une chose est sûre, chacun d’entre eux, mais ils ne seront pas les seuls, va aborder ces courses comme s’il n’y avait pas de lendemain. «On ne peut pas savoir si la saison ne va pas de nouveau être arrêtée dans un mois», rappelait récemment ainsi Ben Gastauer (AG2R La Mondiale), pour qui le Giro (ce sera sa sixième participation) sera un temps fort. Il vient juste de prolonger son contrat d’un an. Mais avant de prendre part à sa douzième saison chez les pros, le Schifflangeois entend continuer à faire un boulot d’équipier modèle.

En profiter sans se poser d’autres questions que de grappiller chaque jour de course comme s’il était le dernier, tel sera vraisemblablement le credo de tout un peloton affamé.

Si le plus jeune Luxembourgeois, Michel Ries, devrait monter en puissance sur les courses par étapes et étaler chez Trek-Segafredo ses qualités de grimpeur du Dauphiné à la Vuelta, c’est surtout sur les courses flandriennes qu’on attend monts et merveilles.

Les classiques d’automne

Fin février, on avait vu à l’œuvre Bob Jungels (Deceuninck), Jempy Drucker (Bora), Alex Kirsch (Trek-Segafredo) et Kevin Geniets (Groupama-FDJ) sur les pavés du Nieuwsblad et de Kuurne-Bruxelles-Kuurne. C’est renversant de penser que si tout se passe bien, on va reprendre la saison des classiques là où on l’a laissée, mais huit mois plus tard !

Entretemps, Bob Jungels aura eu l’occasion de ronger son frein sur le Dauphiné et le Tour de France (où Alex Kirsch reste pour le moment réserviste) et à partir de samedi sur les Strade Bianche, sorte de prélude à Milan-San Remo une semaine plus tard…

Si Jempy Drucker sera le dernier à reprendre le collier, Alex Kirsch et Kevin Geniets sont prêts à s’élancer, avec un objectif commun, les classiques flandriennes de l’automne et non plus du printemps.

Ça nous laisse le temps de nous habituer à ces masques omniprésents, qu’ils soient portés par les coureurs sur les lignes de départ, sur les podiums d’arrivée ou le long de la route par un public métamorphosé et fatalement plus limité. On a beau se dire qu’il faut s’y soumettre et s’y faire, il n’y a pas le choix, ça ne manque pas d’intriguer. Mais du moment que la course reprend ses droits…

Denis Bastien