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Contrats dans le foot luxembourgeois : en 2017, une occasion gâchée ?


Il y a trois ans, l'idée de la mise en place d'un statut sportif au Luxembourg et d'une situation contractuelle spécifique avait germé au pays. (Photo archives Editpress)

Alors que les estimations relatives au nombre de joueurs sous contrat de louage d’ouvrage divergent, le foot luxembourgeois a peut-être laissé passer une occasion unique il y a trois ans.

Combien de joueurs de Division nationale voire de Promotion d’honneur sont-ils actuellement engagés par leurs clubs sous un contrat de type «louage d’ouvrage» et risquent-ils, aujourd’hui, de se retrouver sous peu sans revenu? La question divise. Il y a ceux, comme le ministre des Sports, Dan Kersch, qui considère que la majeure partie de l’élite signe désormais des contrats qu’on peut qualifier de normaux et que le problème est à relativiser et certains dirigeants de clubs qui annoncent un drame à venir.

On est en avril et à la fin du mois, concrètement, certains comités assurent qu’ils pourraient couper les vannes par pur réalisme économique et pour cas de force majeure. C’est une logique implacable : pas de prestation, pas d’argent. Même eux saisissent le cynisme du raisonnement.

C’est en avril 2017, il y a trois ans, que l’on aurait peut-être pu commencer à solutionner un problème que personne ne pouvait prévoir alors. Il y a trois ans, la Ligue de football luxembourgeois, toute fraîchement créée et sans plus de reconnaissance officielle qu’aujourd’hui, a téléphoné à Romain Schneider, alors ministre des Sports, avec l’idée d’évoquer la mise en place d’un statut sportif au Luxembourg et d’une situation contractuelle spécifique.

Avec un haut fonctionnaire de Bruxelles

«Vous avez raison, on s’est vus, reconnaît un Romain Schneider que la perspective avait intéressé à l’époque. C’était dans le cadre d’un échange informel. On n’avait pas encore la clef d’un modèle luxembourgeois, on se demandait comment faire.» Comprendre : on en était encore assez éloigné.

Le prédécesseur de Dan Kersch avait tout de même accueilli une délégation, trois à quatre mois après une première prise de contact. Il y avait là Gérard Jeitz, président de Rumelange et cheville ouvrière de la Ligue, Me Alain Gross, vice-président du RFCU, et Romain Schumacher, président du F91, pas le moins intéressé par le projet. Dans le bureau du ministre ce jour-là, il y a aussi Alex Husting, haut fonctionnaire à Bruxelles qui a œuvré à la structuration de la D2 belge, une division pas fondamentalement très éloignée de ce qui peut se voir en Division nationale. «Il nous avait donné raison dans l’approche», se souvient notamment Romain Schumacher.

C’est lui, d’ailleurs, que Romain Schneider appelle quelque temps plus tard pour le prévenir qu’il compte joindre son organisme de tutelle, la FLF, afin de prendre la température. «Cela date», admet l’ancien ministre des Sports. Depuis, la LFL assure qu’elle n’a plus rien entendu. Que l’administration fédérale a confirmé n’avoir jamais rien reçu de concret.

Au détour de conversations, le président Philipp (injoignable lundi) aurait lui mis en garde contre les surcoûts que cela pourrait occasionner pour les clubs. Quelques-uns estiment pourtant aujourd’hui que ce surcoût serait largement amorti par la sérénité que cela offrirait à leurs joueurs qui ne bénéficient pas de contrats professionnels, et de par la sériosité que cela renverrait à l’extérieur, alors que les sponsors ne se battent plus pour apporter de l’argent frais.

Ils comptaient sur une aide de l’État

C’est d’autant plus facile à imaginer qu’en 2017 les clubs ont proposé au ministre que l’État voire la fédération pourrai(en)t éventuellement mettre la main à la poche pour prendre en charge une partie des cotisations, pas forcément supportables par l’intégralité des clubs du football luxembourgeois.

On comprend mieux, à la réaction sans ambiguïté de Dan Kersch, aujourd’hui, que l’idée est loin d’avoir fait son chemin. La question étant de savoir si elle a été avortée il y a longtemps, et par qui. «Il faudra analyser tout ça quand on sera sorti de cette période, relativise Romain Schneider, qui n’a plus voix au chapitre. C’est toujours dans l’après-crise qu’on peut le mieux se rendre compte des problèmes qui sont survenus.» Espérons pour les joueurs qui risquent d’être privés de revenus qu’elle ne sera pas trop dramatique, ou le football luxembourgeois et ses clubs se souviendront longtemps qu’en 2017 ils ont peut-être raté une occasion rêvée de se mettre à l’abri.

Julien Mollereau

 

 

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