C’est au terme d’un suspense haletant que Christian Helmig a raflé son troisième titre d’affilée, hier à Brouch lors des championnats nationaux de cyclo-cross, dans le jardin de Gusty Bausch. L’enfant du pays a longtemps semblé pouvoir s’imposer avant de craquer à l’amorce du dernier tour.
Christian Helmig était indiscutablement le plus fort hier à Brouch, Sa tactique fut, de plus, payante. (Photos : Julien Garroy)
Sur la ligne d’arrivée où s’était massée une bonne partie du copieux public, assurément bien plus de 2 000 spectateurs, Christian Helmig s’est abstenu de tout débordement de joie. Et pourtant, il l’admettra d’ailleurs un peu plus tard, il venait de signer là « le plus beau », le plus abouti de ses trois succès consécutifs.
Car si le tracé ultra-technique de Brouch, qui a ravi l’assistance, massée en un point central d’où une vue panoramique assez extraordinaire s’offrait à tous, favorisait, c’est de bonne guerre, les desseins de Gusty Bausch, il a fallu un Christian Helmig impérial, pas loin, assurément de son meilleur niveau, pour le renverser. Et ce n’était pas gagné d’avance, le Differdangeois a dû s’employer et ne jamais relâcher la pression pour y parvenir.
Bien sûr, après coup, on pouvait refaire le championnat. En long, en large et en travers. Mais on ne voit pas bien comment Gusty Bausch aurait pu s’y prendre pour inverser la tendance, pour mettre à mal le rouleau compresseur Christian Helmig. Et pourtant, à la mi-course, on le crut bien parti pour un sixième titre. On pensait, à tort, qu’il avait fait le plus dur puisqu’après un départ un peu hésitant, où il devait boucler le premier tour en sixième position seulement, il était revenu vite fait bien fait dans le coup en parvenant à remettre la main sur Christian Helmig après vingt minutes de course (3e tour).
C’est ce dernier qui avait pris le meilleur départ, d’autant plus que Gusty Bausch s’était montré, lui, très hésitant. Mais il lui fallait revenir à tout prix. Ce qu’il fit au prix d’un bel effort. « C’est peut-être cet effort-là qu’il a payé dans le dernier tour », dira plus tard le vainqueur.
> Combat sans merci
Depuis bien longtemps, les jeunes impétueux à qui il revenait de faire le départ, étaient rentrés dans le rang (on pense à Jérôme Theis, Massimo Morabito et Lex Reichling, alors que Scott Thiltges avait été victime, dès le départ, d’un incident mécanique l’excluant malheureusement des débats). Et progressivement, Vincent Dias Dos Santos allait camper sur sa troisième place. Une bonne troisième place, certes, mais assez loin de la tête pour pouvoir espérer mieux.
Devant, ce fut vraiment un combat sans merci. Du chacun pour soi. Un prêté pour un rendu. Logique. Les données du championnat avaient été assez largement exposées. Le plus fort physiquement, c’était Christian Helmig. Le plus fort techniquement, c’était Gusty Bausch. C’était si frappant, que le premier nommé parvenait à prendre du champ sur la portion asphaltée. Dans la très nette montée menant vers les hauteurs boisées de Brouch, d’où la troupe dégringolait vertigineusement vers la prairie en lacets. Justement là où le deuxième nommé refaisait tout son retard.
Alors lorsque Gusty Bausch prit enfin les devants, on crut que l’affaire serait peut-être bien pliée. Mais la quinzaine de secondes d’avance qu’il s’était octroyée aux deux tiers de la course (5e tour) n’était pas de nature à lui conférer un matelas suffisant. Pas question pour lui de pouvoir plonger les yeux fermés sur le toboggan menant au succès.
> La bonne attaque de Helmig
Ce qui devait arriver arriva. C’est dans l’avant-dernier tour que Christain Helmig a refait son retard. Les compteurs étaient alors remis à zéro. Et bien malin qui pouvait alors deviner la suite. Le dernier tour s’annonçait sans doute aussi palpitant que trois ans plus tôt à Kayl, où dans un fatras boueux, ce n’était qu’à 400 mètres du but que Gusty Bausch était parvenu à s’extirper des griffes de Christian Helmig, carrément enlisé. On se souvenait que, voici quelques jours à peine, l’enfant de Brouch avait fait part de sa peur de voir la course se terminer par un sprint de 200 mètres…
Crainte superflue, ce n’est pas arrivé. Alors que la cloche sonnait, Christian Helmig, plaçait, au bas de la bosse principale, un démarrage si violent que Gusty Bausch, n’eut d’autre réflexe que de se rasseoir, impuissant. Étourdi. Pétrifié. Vaincu. Il était alors carrément laissé en plan par son rival annoncé. Hier, sur le magnifique circuit de Brouch, la loi du plus fort a couronné un très bon Christian Helmig, même si encore une fois, Gusty Bausch lui avait tenu la dragée haute. Le championnat n’en avait été d’ailleurs que plus beau.
De notre journaliste Denis Bastien
> Le classement :
1. Christian Helmig (FCS Cycling/Team Differdange-Losch) en 59’10 »; 2. Gusty Bausch (Velosfrenn Gusty Bruch) à 19″; 3. Vincent Dias Dos Santos (LC Tetange) à 3’38 »; 4. Massimo Morabito (UC Dippach/Leopard Development Team) 1e espoir à 4’03 »; 5. Jérôme Jonker (LC Tetange) à 4’34 »; 6. Lex Reichling (VV Tooltime Preizerdaul) à 6’19 »; 7. Rick Theis (LG Alzingen) 2e espoir à 6’30 »; 8. Alec Lang (VV Tooltime Preizerdaul) 3e espoir à 6’36 »; 9. Philipp Bützow (Velosfrenn Gusty Bruch) à 7’33 »; 10. Scott Thiltges (LG Alzingen) à 7’49 »; 11. Tommy Arnoldy (CT Toproad Roeserbann); 12. Eric Gleis (LC Tetange); 13. Pol Flesch (CCI Differdange); 14. Georges Valentiny (CT Toproad Roeserbann); 15. Joé Wengler (LG Alzingen); 16. Joe Wirtz (VV Tooltime Preizerdaul); 17. Den Hutmacher (CT Toproad Roeserbann); 18. Tom Scheerer (LG Alzingen) tous à 1 tour et plus.