Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Marco Martino est plus jeune que 90% des joueurs de l’UNA. Mais l’adjoint de Patrick Grettnich – remercié en début de semaine – sera assis sur le banc, ce jeudi soir, pour le derby de la capitale.
Consulté sur le sujet, Patrick Grettnich ne pouffe même pas. C’est parce qu’il n’est pas choqué plus que ça de voir son très jeune adjoint, Marco Martino, diriger le cinquième du dernier championnat de DN, ni même de l’imaginer crier des consignes à Patrice Mondon-Konan, 34 ans, qui a déjà évolué dans quatre pays différents, Dan Collette ou Ben Payal, anciens internationaux aux 32 et 73 sélections avec les Roud Léiwen.
«Physiquement et dans sa manière de parler, il fait bien plus que ses 23 ans, explique le désormais ex-coach de l’UNA. Depuis qu’il nous a rejoints, je lui ai souvent laissé le groupe en main et je n’ai aucun doute sur le fait qu’il puisse s’imposer. Il manque encore d’expérience, mais il sait lire un match. Pour rebondir, en aussi peu de temps, c’était l’idéal.»
On n’ira pas jusque-là mais pour le coup, autant faire confiance à Patrick Grettnich, ça évitera à tout le monde de faire de l’antijeunisme primaire. Pourtant la question se pose : est-ce crédible ? L’intéressé lui-même s’attendait à ce qu’on le lui demande, et il a sa réponse : «Le groupe m’a très bien accepté, même les cadres. Même moi je pensais que ce serait différent, mais ils ont su mettre leur orgueil de côté et je les en remercie.»
Il y a de ça huit mois, Marco Martino, habitant de Kehlen et étudiant en gestion, était encore l’entraîneur des minimes du club. En janvier, on lui propose d’intégrer le staff en tant qu’adjoint et ce n’est visiblement pas une lubie puisque Luc Hilger, manager du club, lui a d’ores et déjà signifié qu’il survivrait au départ de Patrick Grettnich, l’une des conditions du choix de l’entraîneur étant que Martino reste à ses côtés, a-t-il cru comprendre. «Ils m’ont dit qu’ils comptaient sur moi sur le long terme et j’ai envie de leur rendre cette confiance.»
Le garçon a déjà le sens des tournures qui vont bien dans ce milieu. Bonne base. Et vocation aussi : «Je jouais à Kehlen en D1. Puis le temps de passer mon bac, j’ai glissé en réserves. J’aime faire les choses à fond et je ne voyais pas l’intérêt de m’entraîner trois fois par semaine pour jouer en B. Alors il y a deux ans, j’ai arrêté et commencé à passer mes dipômes.» Martino a le module général d’UEFA B en poche et s’apprête à commencer les modules spécifiques. S’il «avait su», il aurait «moins pris son temps».
Cela ne l’empêchera pas de devenir, vraisemblablement, le plus jeune coach à jamais officier en DN, ce jeudi soir. «Non, il y a aussi Paul Hansen, l’adjoint d’Henri Bossi à Hostert, qui a déjà officié.» Oui, mais avec Bossi dans le dos, de l’autre côté de la main courante. Pas avec les pleins pouvoirs, comme lui et même si c’est pour un seul match. «Mais sans être prétentieux, je sais qu’un jour je serai coach en DN.»
Julien Mollereau
