[Basket] Une finale qu’on n’avait vraiment pas vue venir

L’ultime série de la saison opposera l’Amicale, 7^e de la saison régulière, au champion T71, 8^e. Vous avez dit surprise ?

En début de saison, on évoquait Etzella, bien sûr, le Basket Esch évidemment, pourquoi pas le Sparta ou encore la Résidence… Mais personne, vraiment personne n’aurait misé un kopeck sur l’Amicale et sur Dudelange. Seulement le championnat était tellement serré, les équipes tellement proches l’une de l’autre que ce sont bien Steinsel et le T71 qui s’en sont les mieux sortis. Retour sur un parcours semé d’embûches pour les deux formations.

DEUX ÉQUIPES QUI ONT CHANGÉ DE VISAGE

L’Amicale, qui a terminé à une anonyme 10^e place l’a saison passée, aborde l’exercice 2021/2022 avec modestie. Et une équipe considérablement renouvelée puisque Bobby Melcher est de retour à la maison, après son échec au Racing alors que Tom Konen a décidé de se lancer un nouveau défi en quittant la Résidence. L’objectif est clair : «On veut se maintenir», explique d’emblée Étienne Louvrier, le coach qui a décidé de rempiler pour trois saisons supplémentaires.

Nouvelle ère au T71 aussi. Même s’il commence la saison comme champion, il n’a plus rien à voir avec la formation qui a dominé Esch quelques mois plus tôt en finale du championnat : Tom Schumacher et Frank Muller sont partis à la retraite, Ken Diederich a été remplacé sur le banc par le Croate Denis Toroman, son assistant en équipe nationale alors que Philippe Arendt, devenu indésirable au Sparta et Joe Kalmes, trop peu utilisé aux Pikes rejoignent le club de la Forge du Sud. Forcément, l’adaptation prendra du temps…

UNE ENTAME CHAOTIQUE

Le début de saison confirme les difficultés des deux équipes. Steinsel commence son championnat par cinq revers d’affilée. Après avoir analysé la situation : «On s’est planté au niveau des Américains», le staff steinselois décide de virer Rudolph Joly et de faire appel à une vieille connaissance, Jarvis Williams, passé par le Sparta notamment. Le début du renouveau pour les Fraisiers. Les premiers succès arrivent tant et si bien qu’au moment de la trêve de fin d’année, l’Amicale est huitième position. Et peut y croire.

Côté T71, on alterne le bon et le moins bon. Denis Toroman parle de son équipe comme d’«un groupe de rock qui ne sait pas encore quel instrument utiliser». Dudelange navigue à vue. Si le coach n’est, d’abord, pas inquiété, on pointe rapidement du doigt le rendement insuffisant de la paire de pros. Au bout de neuf journées – et d’une élimination en Coupe par le Telstar – exit Dikembe Dikson et Quintin Dove, remplacés par Devin Gillingham et Terrence Thompson, supposés apporter de l’expérience à ce jeune groupe. On est alors début novembre. On ne le sait pas encore, mais cette paire ne fera pas l’affaire.

UN DÉBUT D’ANNÉE FASTE

Après deux matches reportés pour cause de covid, les hommes d’Étienne Louvrier lâchent les chevaux et enchaînent pas moins de 7 succès de rang, notamment face à la Résidence ou Etzella. Steinsel ne sera stoppé que par les Musel Pikes. Une défaite qui, paradoxalement, les qualifiera pour les play-offs à deux journées de la fin de saison régulière : «Au début de l’année, l’objectif c’était le maintien. Maintenant on a battu des prétendants au titre, pourquoi ne pas passer un ou deux tours», confie le coach de l’Amicale.

2022 signifie, encore une fois, du changement à Dudelange. Début janvier, alors que le T71 est en dehors de la course aux play-offs avec un bilan de 5-9, l’Australien George Blagojevic et l’Américain Jimmie Taylor endossent à leur tour le maillot du T71. Mais la onzième défaite (pour six victoires) aura scellé le sort de Denis Toroman, remercié et remplacé par le duo Tom Schumacher/Jeff Wampach.

Le début d’une nouvelle ère. Et du miracle dudelangeois. Sous l’impulsion de l’ancienne gâchette, revenue aux fondamentaux, le T71 bat Etzella, perd ensuite face aux Pikes et au Basket Esch avant de dominer l’Amicale. Un succès qui permet à Dudelange de croire au maintien… voire aux play-offs.

Pour ce faire, il faut battre le Telstar et compter sur une défaite des Pikes contre Contern. Le miracle se produit. Voilà Dudelange, qui, au passage, s’est renforcé en faisant appel à Moses Greenwood pour éviter un coup dur en play-downs, en play-offs!

DES PLAY-OFFS DE RÊVE

Avec sa septième place, l’Amicale hérite de la Résidence, tête de série n° 2. L’ogre du début de championnat a connu beaucoup de pépins de santé dans ses rangs, mais c’est au complet qu’elle aborde sa série face à l’Amicale. Walferdange remporte le premier match après avoir encaissé 63 pts en première mi-temps. Mais l’Amicale arrache le deuxième.

Et Steinsel crée l’exploit en envoyant la Résidence en vacances prématurées. En demi-finale, place à Etzella : «Honnêtement, normalement, c’est un cran au-dessus de nous», prévient Étienne Louvrier… mais en fait non. Etzella passe à la trappe en deux manches sèches, victime du duo Melcher/Williams.

De son côté, le T71 a hérité de la tête de série n° 1, le Sparta, diminué par l’absence de Lavone Holland, remplacé par Unique McLean, incapable d’inscrire 10 pts. Du pain béni pour le quatuor Taylor/Greenwood/Moura/Kalmes qui expédie Bertrange en deux manches.

Place ensuite au favori Esch. Le vainqueur de la Coupe remporte au forceps le premier match et mène de 18 pts à la mi-temps de la deuxième rencontre… Mais Tom Schumacher en appelle à l’orgueil de ses joueurs… qui lui rendent au centuple en réalisant une seconde mi-temps de feu (+34!) pour aller s’imposer avec… 16 pts d’avance.

De quoi faire saliver pour la belle, une nouvelle fois à Esch. En ce dimanche 24 avril, les spectateurs vont assister à un très grand match de basket, avec toute la dramaturgie qu’il faut et deux adversaires qui ne veulent rien lâcher. Clancy Rugg, énorme tout au long de la rencontre, se troue sur la ligne des lancers, Joe Kalmes est tout simplement extraordinaire et c’est finalement au bout de deux prolongations d’un match à couper le souffle que Jimmie Taylor et ses coéquipiers valident leur billet pour une finale indécise.