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Amstel Gold Race – Andy Schleck : « Gilbert a tout en main »


«Philippe a la tête dure. S'il se dit qu'il est le plus fort, alors il est le plus fort et il croit en ça», explique Andy (Photo : Julien Garroy)

Les classiques ardennaises constituaient son premier pic de forme. Vendredi, il sera de nouveau sur le vélo, en reconnaissance, sur le final de Liège-Bastogne-Liège pour le compte de RTL. Le luxembourgeois voit bien Philippe Gilbert remporter une quatrième Amstel.

L’an passé, on se souvient de son désarroi et de son abandon dans l’Amstel après une chute. Trois mois plus tard, il quittera le Tour de France pour le même motif. Assez curieusement, car durant sa carrière, il fut souvent épargné de ce tracas, au contraire de Frank, son aîné. Le jeune retraité, ancien vainqueur du Tour 2010, avait forgé sa réputation sur les routes des classiques ardennaises et notamment de Liège-Bastogne-Liège qui se courra dans une semaine. Mais ce week-end, place à l’Amstel!

Le jeune retraité que vous êtes a pensé quoi des classiques flandriennes ?

Andy Schleck : J’ai trouvé qu’on a assisté à de très belles courses, très ouvertes. C’était très difficile de faire un pronostic, même si pour Paris-Roubaix, j’avais désigné Degenkolb et Stybar.

Et alors pour les Ardennaises ?

C’est encore plus difficile, même si Gilbert marche très fort. On l’a vu mercredi sur la Flèche Brabançonne. C’est forcément l’un des favoris pour l’Amstel. Il l’a gagné trois fois et par rapport à la Flèche Brabançonne, la course fera 50 kilomètres de plus. Un coureur comme Ben Hermans pourra jouer un rôle mais pas pour gagner, juste pour aider Philippe (Gilbert). Pour rivaliser avec lui, je vois (Michal) Kwiatkowski et Mathew Hayman. Attention à lui, il marche bien et est capable de faire des courses intelligentes. Il sait s’économiser.

On retrouvera les mêmes coureurs sur les trois classiques.

Oui, hormis sur la Flèche Wallonne où c’est davantage un pur puncheur qui s’impose généralement. Certes, Philippe (Gilbert) s’y était imposé en 2011, mais là, je vois davantage (Joaquim) Rodriguez. Un coureur comme Betancur pourrait le faire mais on ne sait jamais comment il se trouve. Lorsqu’il a gagné Paris-Nice (en 2014), il avait cinq kilos de trop et il avait surpris tout le monde…

Beaucoup de prétendants au Tour sont attendus sur la Flèche Wallonne comme Quintana, Froome, Nibali ou Contador, car la troisième étape du Tour empruntera le même final. Peuvent-ils s’imposer ?

C’est difficile de prendre le départ de la Flèche avec ce seul objectif de repérer les lieux. Ce qui est sûr et certain, c’est que les coureurs du Tour n’auront pas la même forme qu’en juillet. Un gros moteur, c’est toujours un gros moteur et il ne faut pas les oublier. Ça rend la course un peu plus nerveuse mais aussi beaucoup plus intéressante. Les équipes ne seront pas les mêmes au départ de la Flèche que pour le Tour. Mercredi, on va retrouver des coureurs de classiques qui savent rouler lorsque c’est tendu. Ce qui ne sera pas forcément le cas en juillet lorsque le Tour passera par là. De toute façon, pour la Flèche, tout le monde sait que pour le moment «Purito» est très fort. Il sera l’homme à battre.

Passons à Liège-Bastogne-Liège, si vous voulez. Votre succès en solitaire en 2009 avait été atypique, puisque souvent, le succès se joue au sprint, au sein d’un petit groupe. Vous pensez à quel scénario cette année ?

Moi je pense qu’il convient d’attendre l’Amstel pour voir. On en saura beaucoup plus sur l’état de forme des uns et des autres. Si j’étais Philippe (Gilbert) et que j’étais en très grande forme, ce serait toujours plus joli de gagner tout seul. Mais si dix mecs se battent au sprint, je pense qu’il peut également s’imposer. Bon, faut voir Valverde, bien sûr. Moi, en 2009, je n’avais pas le choix. Je me sentais très fort, je me sentais un peu au-dessus des autres. Mais je savais que si je n’attaquais pas dans la Roche aux Faucons, je ne gagnais pas.

Un coureur au-dessus doit essayer d’attaquer plus tôt. Difficile à dire qui sera ce mec-là. Mais tous les adversaires de Philippe savent qu’ils doivent l’attaquer. Si on attend jusqu’à la Saint-Nicolas, ça se complique. Et Philippe peut tout gérer lui-même et encore gagner. Comme coureur et comme directeur sportif, on devra être méfiant. Parfois, les coureurs ne sont que des marionnettes. Mais il faut risquer de loin. Sur ce que j’ai vu sur la Flèche Brabançonne, Philippe a tout en main pour gagner les trois courses. Il a l’équipe, il est en forme, il est motivé. De ce que j’ai lu dans ses interviews, on sent qu’il est serein. Et c’est un Belge. Ce n’est pas négatif, au contraire, il a la tête dure. S’il se dit qu’il est le plus fort, alors il est le plus fort et il croit en ça. Mais encore une fois, attendons l’Amstel. On l’a vu il y a deux ans où il s’est fait surprendre (NDLR : avec le succès inattendu de Roman Kreuziger). Il a été déstabilisé et après sur la Flèche, il avait attaqué de trop loin et il avait été battu.

On évoque ces classiques que vous aimiez. Cela vous manque-t-il ou c’est définitivement derrière vous ?

C’est passé. C’est drôle mais ça ne me fait pas mal. Mais je songe beaucoup à l’aspect tactique. Je repense à cette époque où je me situais parmi les cinq coureurs les plus forts et à ces fois où je ne l’étais pas. Dans ce cas, on faisait quand même la connerie de rouler comme si j’étais encore parmi les plus forts. J’avais le nom, j’avais gagné, je m’étais placé. Les années où je n’étais pas parmi les plus forts, alors j’aurais dû attaquer de loin, attaquer en haut de la Redoute, mais je ne l’ai pas fait. À la Roche aux Faucons, je savais que cette côte me convenait, mais suivre, ce n’est pas suffisant pour gagner la course. C’était juste suffisant pour faire une place et me faire battre par les Gilbert, Valverde et les autres. Quand je n’étais pas à 100 %, j’étais à bloc dans la Roche aux Faucons et je n’avais plus de réserve pour le sprint. Dans le Tour de France, à Morzine-Avoriaz où j’ai battu Samuel Sanchez qui allait plus vite que moi, là, j’étais fort (en 2010).

Conclusion ?

Beaucoup de coureurs écoutent leurs directeurs sportifs en restant dans un fauteuil et roulent pour un leader qui n’en est pas vraiment un.

Propos recueillis par notre journaliste Denis Bastien

Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans le quotidien papier de ce samedi.

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