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[Natation] Quel avenir pour la jeune ligue privée ISL ?


Les deux demi-finales de l'ISL, où l'on retrouve notamment Florent Manaudou (Energy Standard), sont organisées de ce vendredi à lundi à Budapest. (Photo : International Swimming League)

Sous l’effet de la pandémie de Covid-19, la Ligue internationale de natation (ISL), jeune championnat privé ambitieux et lucratif, a redessiné sa saison 2, en cours sous bulle sanitaire à Budapest, et repense son format au-delà. Mais la question de sa viabilité économique demeure.

À l’automne dernier, l’ISL, projet imaginé et financé par l’homme d’affaires ukrainien Konstantin Grigorishin, déboule avec une double ambition : faire de la natation un show et des nageurs des sportifs professionnels en leur distribuant des millions de dollars de prize money. Le tout à l’écart de la fédération internationale (Fina).

Avec les meilleurs nageurs mondiaux au rendez-vous, la ligue naissante voit déjà grand et projette alors une deuxième saison avec une trentaine d’étapes itinérantes, étirée de septembre 2020 à juin 2021, et avec dix équipes au lieu de huit.

La pandémie de nouveau coronavirus chamboule ses plans, mais l’ISL est déterminée à exister malgré tout. Elle envisage un temps un long camp d’entraînement en Australie, se penche aussi sur Orlando, en Floride, ou encore Singapour, et rêve même de Tokyo pour sa phase finale. Finalement elle met sur pied une bulle sanitaire de six semaines à Budapest, en octobre et novembre, entre l’île Marguerite et la Duna Arena, théâtre des Mondiaux-2017.

Après un mois partagé entre entraînement et matches opposant quatre équipes à la fois, les deux demi-finales sont organisées de ce vendredi à lundi. La finale est elle programmé les 21 et 22 novembre.

« Revenus faibles »

Pour les nageurs, c’est une aubaine, tant sportivement, tant ils sont sevrés de compétition depuis de longs mois, que financièrement, avec un prize money total de quelque 6 millions de dollars.

Quelles retombées en revanche pour l’ISL, dont le budget, équivalent à celui de sa saison inaugurale, avoisine les 22 à 23 millions de dollars ?

« On a passé une première étape par rapport à l’année dernière, mais les revenus restent faibles », répond son directeur commercial Hubert Montcoudiol.

« Les diffuseurs, c’est compliqué, on est présent dans 145 pays aujourd’hui contre 85-90 l’année dernière, c’est mieux, mais ce n’est pas ce qui va équilibrer nos comptes », développe-t-il.

Quant aux partenaires, aucun n’est affiché dans la piscine hongroise. Seules deux des dix équipes (New York Breakers et Cali Condors) en arborent chacun un, confirme l’ISL.

« Quand on leur dit ‘c’est du sport, mais c’est de l’entertainment’, (…) plein de grands groupes sont intéressés mais ils ont besoin de temps pour s’approprier plus le produit et comprendre comment communiquer » dessus, explique Hubert Montcoudiol, en ajoutant que le contexte sanitaire n’arrange rien.

Avec le huis clos, la billetterie et les produits dérivés, « on oublie cette année », poursuit-il.

Au contraire, le protocole sanitaire, entre hôtels privatisés, transports dédiés et milliers de tests PCR, induit 1,5 à 2 millions d’euros de coûts supplémentaires.

Vers quatre rendez-vous annuels

« Aujourd’hui, on n’équilibre pas les comptes de manière relativement importante, il faut être honnête et lucide. On a encore un an ou deux pour » y parvenir, donne pour horizon le dirigeant.

Au-delà du bilan économique, les contraintes sanitaires actuelles ont conduit l’ISL à repenser son format au-delà de 2020. À la place de dizaines de dates itinérantes, elle planche sur « quatre grandes rencontres annuelles » de plusieurs semaines au fil de l’année, « dans quatre lieux différents », sur le modèle des Grand Chelem du tennis, le tout menant à une « grande finale fin décembre », esquisse Hubert Montcoudiol.

« On travaille sur les quatre rendez-vous de l’année prochaine, on essaie d’aller sur quatre continents, il est certain que l’Australie fait partie des endroits où on veut aller, les États-Unis évidemment, l’Europe bien sûr, on travaille sur une option française », avance-t-il.

Parmi les intérêts qu’y voit l’ISL, une logistique moins lourde et moins coûteuse, et une plus grande facilité à s’ancrer en termes d’image dans ses points de chute.

Passée de huit à dix équipes en 2020, la jeune ligue privée compte toutefois mettre son élargissement sur pause la saison prochaine.

« On a vocation à ce que chaque franchise soit indépendante, vive sa vie de club de sport », mais « l’important aujourd’hui, c’est de bien asseoir cette compétition économiquement parlant », priorise Hubert Montcoudiol. Un défi de taille en pleine crise sanitaire.

LQ/AFP

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