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Michel Pautot : «Pape Diouf, c’était un grand !»


«Mon père avait vu Pape, au cabinet, il y a encore un mois pour mener à bien un projet au Sénégal», souffle Michel Pautot, attristé par la perte de son ami. (Photo : © Légisport)

Michel Pautot, le célèbre avocat marseillais à l’origine de l’arrêt Malaja, en est encore tout retourné. Il a mal dormi après avoir appris la terrible nouvelle, tard mardi soir. Son ami Pape Diouf s’est éteint mardi à 68 ans, terrassé par le coronavirus. Et, pour l’heure, il ne fait que d’y penser.

«Mon père (Serge) et moi sommes sous le choc, abasourdis par cette très, très, très mauvaise nouvelle. C’est comme un knock-down qu’on a reçu là. Mon père avait vu Pape, au cabinet, il y a encore un mois pour mener à bien un projet au Sénégal. Il l’avait eu au téléphone il y a encore 10 jours. Pape était à ce moment-là à Abidjan, allait se rendre à Dakar et mon père comptait lui passer un coup de fil cette semaine.»

Que retenir de l’homme ? «Pape était un visionnaire, un homme doté d’une grande intelligence et d’une courtoisie exemplaire. C’était un grand ! Un grand journaliste, un grand agent de joueurs, un grand président. Le premier – et à ce jour unique – président noir d’un club européen (2005-2009). Un monument du football africain qui se sentait profondément sénégalais et cherchait à épauler ses « frères » africains. Il ne supportait pas les discriminations, l’affaire des « vrais-faux Français »* avait ainsi été notre premier combat victorieux.»

«Pape a aussi contribué à la mondialisation du football. En 1993, c’est lui qui avait notamment réalisé le transfert retentissant de Marcel Desailly de l’OM au grand Milan via sa société Mondial Promotion. C’est même mon père qui avait déposé les statuts de sa société au tribunal de commerce ! Il était réputé pour être dur en affaires, Pape. On relisait principalement les contrats de ses joueurs, en particulier avec les sociétés de sponsoring, pour qu’il n’y ait pas la moindre incertitude ou hésitation. C’est bien clair, dès qu’un problème juridique le taraudait ou se posait, il faisait appel à nos services.»

Rencontré un soir de gala, au bord d’un ring

«Mon père l’avait rencontré en 1986, à Marseille, dans une salle de boxe, un soir de gala… Ils avaient alors sympathisé. À l’époque, Pape était journaliste à La Marseillaise. Après un passage au quotidien Le Sport, il était devenu, sur les conseils de Joseph-Antoine Bell, agent de joueurs, notamment de footballeurs d’origine africaine (François Oman-Biyik, les frères Basile et Roger Boli, Jean-Pierre Cyprien, Didier Drogba…) ou français de renom (Bernard Lama, William Gallas, Robert Pirès, Grégory Coupet, Laurent Blanc…), puis le dirigeant respecté de l’OM que l’on sait.»

«Même s’il se faisait plus discret dans les médias ces derniers temps, Pape restait un observateur avisé de l’actualité politique et sportive. Tout ce qui se passait dans le football l’intéressait toujours. Nous nous retrouvions pour évoquer le bon temps passé et puis aussi disserter, encore et toujours, sur l’avenir du sport, du football.»

«J’espère qu’un bel hommage lui sera rendu après ce confinement et cette pandémie de coronavirus. Comme à Michel Hidalgo, du reste. Je les revois encore tous les deux participer en 2016 à l’une de nos présentations de notre étude Légisport ‘‘Sports et Nationalités.’’ Ah, la vie est fragile, chaque instant est précieux… Mon père et moi adressons nos plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.»

Ismaël Bouchafra-Hennequin

* En 1989, la Ligue nationale de football (LNF) voulait limiter chaque club à l’utilisation, dès la saison suivante en D1 (1989/1990), à quatre joueurs non sélectionnables en équipe de France. Le gardien international de l’OM, Joseph-Antoine Bell, qui possédait la double nationalité franco-camerounaise, s’en était ouvertement indigné dans les médias, car ce projet était tout bonnement discriminatoire, créant de fait s’il était appliqué de «faux-vrais Français». Sous pression, la LNF avait finalement retiré le projet.

Maîtres Michel et Serge Pautot consacrent un chapitre à Pape Diouf dans leur dernier ouvrage, Nos combats pour la justice, quelques grands procès (2020) aux éditions du Sékoya.

Quelques-uns des hommages les plus touchants :


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‪Pape a été mon ange gardien pendant toute ma carrière, un très bel ami. ‬ ‪Sa voix unique me manquera à jamais ???‬

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