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[Football] Le titre de la Juve a « une saveur forte » pour Maurizio Sarri


Cristiano Ronaldo (à d.) félicité par l'entraîneur de la Juventus, Maurizio Sarri. Il a marqué son 31e but cette saison face à la Sampdoria ce dimanche. (photo AFP)

La Juventus, toujours la Juventus. Les entraîneurs passent mais la domination du club turinois reste écrasante et les bianconeri ont été sacrés champions d’Italie dimanche pour la neuvième fois de suite, la première sous les ordres de Maurizio Sarri, qui fait part de sa joie.

Trois titres avec Antonio Conte, cinq avec Massimiliano Allegri et donc un avec Sarri. L’enchaînement est impressionnant et en battant la Sampdoria 2-0 dimanche, la superpuissance turinoise a ajouté un 36e scudetto à son ahurissante collection. La Juve gagne, et avec deux journées d’avance: pour un peu, on croirait que cette saison 2019/2020 a été comme toutes les autres, sans histoire.

Ça n’est évidemment pas le cas car elle a été interrompue pendant plus de trois mois par le coronavirus, parce qu’elle marquait le début d’un cycle avec l’arrivée de Sarri, a priori le moins Juventus-compatible des récents coaches du club, et parce que sans être ultra-féroce, la concurrence a été plus coriace que souvent. Avant de s’écrouler, la Lazio Rome n’était ainsi qu’à un point de la Juve à la reprise du championnat fin-juin et elle y a cru très fort, comme il y a deux ans le Naples de… Sarri. L’Inter Milan d’Antonio Conte est de son côté encore un projet en travaux et, même si elle a émerveillé, l’Atalanta Bergame n’est pas bâtie pour jouer le titre.

Tous ceux-là, l’Inter en tête, auront pourtant quelques regrets. Car cette Juventus rarement brillante et inhabituellement fragile en défense finit la saison à un rythme de quasi-relégable (cinq points en cinq matches avant le succès de dimanche). Elle était peut-être prenable. « Je donne une bonne note à l’équipe parce que ça a été le championnat le plus dur de l’histoire du football italien, avec des difficultés énormes pour tous », a plaidé Sarri samedi.

Le technicien toscan a été au centre de toutes les curiosités cette saison. Comment l’idole de Naples aux habitudes – cigarette, survêtement et langage fleuri – éloignées des standards turinois, allait-il réussir à conjuguer succès et beau jeu ? Il n’y est pas vraiment parvenu et on a rarement vu la trace du fameux « Sarrismo », le jeu collectif et offensif qui avait caractérisé ses trois saisons napolitaines.

Cristiano Ronaldo a pesé très lourd

Au bout du compte, les observateurs s’accordent à dire que la Juventus a plus transformé Sarri que l’inverse et que ce titre porte moins la marque de l’entraîneur que celle de l’habitude et de Cristiano Ronaldo. À 35 ans, le Portugais n’a pas été effrayé par les matches tous les trois jours de l’après-Covid et la chaleur n’a pas affecté son rendement. À deux journées de la fin, le quintuple Ballon d’or en est déjà à 31 buts en Serie A et il a pesé très lourd dans les succès de cette saison, même s’il n’a plus le brillant de ses meilleures années. Pour le beau, désormais, il y a Dybala, l’autre grand artisan offensif du titre avec 11 buts, tous plus magnifiques les uns que les autres, et six passes décisives. L’un des grands mérites de Sarri aura d’ailleurs été de réussir à faire cohabiter ses deux grands talents d’attaque, là où Allegri n’avait pas trouvé la clé.

À 61 ans, Sarri a aussi ajouté à la Ligue Europa décrochée la saison dernière avec Chelsea un premier titre dans l’élite italienne. Ce scudetto arrive après une collection de promotions d’une division inférieure à une autre un peu moins inférieure quand il entraînait des petits clubs toscans après ses années de banquier. Mais cela n’a pas encore suffi à dissiper certains doutes et préjugés qui l’entourent, comme il l’a rappelé lui-même mercredi. « Je ne sais pas pourquoi je suis encore critiqué. Sans doute que j’en emmerde certains. Mais ça ne m’intéresse pas tellement, comme les opinions de journalistes, parce que je pense en savoir plus qu’eux dans mon domaine », a-t-il dit, avant de donner une interview dimanche.

«On arrive avec 14 matches joués en 44 jours»

AFP_1VO0F1_preview«Ça a une saveur forte, a-t-il déclaré. Gagner est dur et ce club gagne depuis tant d’années. Chaque année c’est plus dur. Il n’y a rien d’acquis dans le sport et ça n’est pas facile de rester à ce niveau. Ç’a été une saison très dure, très longue, particulière. Réussir à être champions à deux journées de la fin, c’est le grand mérite du groupe. Cristiano et Dybala font la différence. Ce scudetto est en grande partie grâce à eux. Mais il y a tout le club. Le président est une personne qui te donne de l’énergie, les dirigeants sont toujours présents, donc le club est un élément important. Quand on arrive il faut entrer sur la pointe des pieds. Puis c’est un long parcours. On ne peut pas arriver dans un club qui gagne depuis huit ans et vouloir tout changer. Ce ne serait pas intelligent. La Ligue des champions, je n’y pense pas encore. Je veux prendre au moins une nuit de satisfaction, les joueurs aussi. Ce qui arrive est beau et difficile. On va voir comment on y arrive. On arrive avec 14 matches joués en 44 jours. On a laissé du monde en route et espérons qu’on n’a pas aussi perdu Paulo (Dybala). On verra. C’est un tournoi pour lequel il est difficile de faire des prévisions, parce que chaque équipe aura sa propre histoire. Je pense que c’est une année où tout peut arriver. Je leur ai dit ‘si vous gagnez avec moi qui n’ai jamais rien gagné, c’est que vous êtes vraiment forts’».

Pour la suite, Arthur (Barcelone) et Kulusevski (Parme) ont déjà signé et Sarri cherchera des joueurs plus adaptés à ses idées, comme Jorginho, qui fut son pilier à Naples et Chelsea. Car Sarri sera bien là la saison prochaine, « sans aucun doute », comme l’a assuré mercredi le directeur sportif du club Fabio Paratici. Il n’est pas interdit de penser que les certitudes attendront tout de même le match de Ligue des champions contre Lyon, mais la continuité est effectivement probable. Et la saison prochaine, la Juve sera encore favorite. Elle tentera d’aller chercher un 10e titre d’affilée, pour une décennie en noir et blanc.

AFP/LQ

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