Un sacre sans effusion ? Alors que le Real Madrid peut s’adjuger la Liga jeudi contre Villarreal (21h), le club et les autorités ont appelé les supporters à fêter ce titre éventuel chez eux, dans un pays durement ébranlé par la pandémie de coronavirus.
« La fête, à la maison »: comme l’a résumé mercredi Marca, le journal le plus vendu du pays, les Madrilènes s’apprêtent à célébrer la 34e couronne du Real en Championnat d’Espagne en respectant la distanciation sociale, encore traumatisés par la force avec laquelle la maladie a affecté Madrid et l’Espagne tout entière.
« Restez à la maison, ne célébrez pas, ne sortez pas dans la rue pour éviter les contacts et pour respecter la distanciation sociale », a exhorté la police municipale de Madrid mardi sur Twitter.
Sur le terrain, le dénouement semble imminent: le Real Madrid (1er, 83 pts) a son destin en mains à l’heure de recevoir jeudi Villarreal (5e, 57 pts) dans son petit stade d’entraînement Alfredo Di Stéfano (6.000 places) à huis clos, comme le veut le protocole sanitaire.
Si les hommes de Zinédine Zidane glanent autant ou plus de points que leur dauphin Barcelone (2e, 79 pts), qui reçoit Osasuna (11e, 48 pts) au même moment, la « Maison blanche » sera sacrée championne pour la 34e fois de son histoire en première division espagnole.
Responsabilité
Malgré l’effervescence générée par ce titre éventuel, qui serait le premier depuis 2017 pour le club, la capitale espagnole doit se contenir: après avoir été l’un des foyers épidémiques les plus actifs du continent, Madrid a appelé les supporters à faire preuve de retenue.
« Dans le cas où le Real Madrid serait sacré champion, nos joueurs ne se rendraient pas aux traditionnels lieux de célébration, tout particulièrement à la place de Cibeles », traditionnel lieu de célébration des titres du Real autour de la fontaine dédiée à la déesse Cybèle, a écrit la direction merengue dans un communiqué publié mardi.
« Nous demandons donc à nos +socios+ et supporters de ne pas s’y rendre en cas de sacre en championnat. Comme ça a été le cas jusqu’à aujourd’hui, nous devons tous avoir le sens des responsabilités et contribuer à éviter les risques de propagation de la pandémie », a ajouté le Real.
Le Conseil supérieur des sports (CSD, l’équivalent du ministère des Sports en Espagne), la fédération espagnole de football (RFEF) et LaLiga, gérant du football professionnel en Espagne, ont également appelé mardi les supporters espagnols à opter pour des « célébrations privées ou restreintes à de petits groupes autorisés par la loi ».
Un message appuyé par la Une du quotidien Marca montrant la statue de la déesse Cybèle recouverte d’un masque chirurgical.
« Nous pensons à nos supporters, bien sûr », a commenté l’entraîneur madrilène Zinédine Zidane mercredi en conférence de presse. « Il y a beaucoup de gens qui ont très mal vécu (cette pandémie), et qui continuent à mal la vivre. Le football est une manière de faire oublier le quotidien. Je crois qu’ils sont fiers de notre équipe. »
« On applaudit aux balcons »
Dans ce contexte, la police municipale de Madrid a prévu de déployer un « dispositif spécial » dans la capitale, avec 120 agents municipaux pour disperser les éventuels attroupements sur la place de Cibeles.
« Le nombre d’agents sera aussi augmenté à la Puerta del Sol et à la Puerta de Alcala », a indiqué une porte-parole, précisant que le déploiement sera « similaire à d’habitude pour des événements de ce genre ».
Fervent supporter de football et de l’Atlético Madrid, le maire de Madrid José Luis Martinez-Almeida a confessé mardi soir qu’il s’était lui-même déjà baigné dans la fontaine dédiée à la déesse Cybèle après une victoire de la sélection espagnole.
« C’était pendant la Coupe du monde 1994, quand on avait battu la Suisse (3-0 à Washington). Un péché de jeunesse », a soufflé le maire mardi dans un entretien à la radio Cadena Ser.
Martinez-Almeida a appelé ses concitoyens à faire preuve de retenue jeudi: « Maintenant, on sort les drapeaux du Real Madrid et on applaudit aux balcons, mais dans la mesure du possible, ne vous approchez pas de Cibeles », a-t-il exhorté.
AFP