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F1 : décès de Frank Williams, le plus titré des « garagistes »


Sir Frank, tétraplégique depuis un accident de voiture en mars 1986, a engagé ses premières monoplaces en championnat du monde en 1969. (archives AFP)

Le Britannique Frank Williams, décédé à l’âge de 79 ans, a inscrit son nom dans l’histoire de la Formule 1 avec l’écurie éponyme qu’il a fondée dans les années 1970.

Avec seize titres mondiaux entre 1980 et 1997, neuf chez les constructeurs et sept chez les pilotes, Williams est l’une des équipes les plus récompensées dans la catégorie reine du sport automobile. Des légendes comme Nelson Piquet (1987), Nigel Mansell (1992) et Alain Prost (1993) ont été titrés avec elle. Elle est le symbole d’une époque aussi : celle des « garagistes », ces indépendants qui ont commencé en assemblant leurs voitures dans de petits garages avant d’atteindre les sommets.

Sir Frank, qui était tétraplégique depuis un accident de voiture en mars 1986, engage ses premières monoplaces en championnat du monde en 1969, d’abord en préparant des châssis d’autres marques puis en concevant ses propres F1 au sein de sa structure privée. « Je suis incapable d’expliquer le pourquoi de cette passion, mais j’adore les voitures de course, le bruit, les vibrations, l’odeur, le danger, » confiait-il au journal Libération en 1997. En 1975, il s’inscrit en Mondial en son nom propre, avec « Frank Williams Racing Cars », mais l’équipe passe sous le contrôle de son mécène, le milliardaire canadien Walter Wolf, en 1977.

Success story 

Du coup, Frank Williams repart de zéro, créant avec son compatriote Patrick Head « Williams Grand Prix Engineering », engagé en GP à partir de 1978. Première victoire en 1979 à Silverstone, premiers titres mondiaux constructeurs et pilotes en 1980. C’est le début d’une « success story » pour ce passionné de batailles napoléoniennes, de technologie et de stratégie. On se souviendra des Williams FW07 blanches de 1980, qui portaient les couleurs de la compagnie aérienne Saudia. Car Frank Williams, visionnaire, a su avant les autres convaincre les rois du pétrole que la F1 était un moyen judicieux de dépenser son argent.

Les années 1986 et 1987, autre période bénie avec Honda pour motoriste et la paire Nelson Piquet – Nigel Mansell au volant, Williams la vit pour partie dans un lit d’hôpital après son accident de voiture au retour d’une séance d’essais sur le circuit du Castellet. Le très sportif patron d’écurie, père de trois enfants, se retrouve tétraplégique à 43 ans. Il passera le restant de ses jours dans un fauteuil roulant.

Exigeant à l’extrême

Ensuite, il y a le partenariat prolifique avec Renault (1989-1997), son cortège de victoires (63 sur 144) et de titres mondiaux (9 sur 16). Il y a aussi le drame de mai 1994, quand le Brésilien Ayrton Senna se tue à Imola au volant d’une Williams-Renault. Un choc pour Sir Frank, et une réminiscence du décès de son ami Piers Courage en 1970, au GP des Pays-Bas, dans une monoplace qu’il avait préparée.

Réputé froid, dur, exigeant à l’extrême avec lui-même et avec ses employés, pilotes compris, Frank Williams ne laisse pas ces drames successifs le mettre à terre. Peu sujet au regret, il garde le cap en F1 jusqu’en 2013, quand il cède les commandes du paquebot à sa fille Claire… qui devra toutefois se contenter du titre de team principal adjointe de son père.

Williams, devenue une société moderne, cotée en Bourse, qui fournit des technologies et des services d’ingénierie dans des secteurs aussi divers que l’automobile, l’aérospatiale, la défense et les énergies, lui survivra. D’autant que, en difficultés sportives et financières, elle a changé de mains en 2020, vendue au fonds d’investissement américain Dorilton Capital. Le Grand Prix d’Italie à Monza le 6 septembre a donc vu la dernière participation de l’écurie sous sa direction familiale.

LQ/AFP

 

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