La violence envers les enfants prend des formes très variées, que ce soit à la maison, à l’école ou sur internet. Unicef veut mettre la lumière sur ce phénomène, qui reste la plupart du temps caché.
Unicef Luxembourg a récolté des chiffres concernant la violence envers les enfants auprès des différences instances du pays, un travail quelque peu fastidieux mais nécessaire pour se rendre compte du phénomène de la violence au Luxembourg.
Trente-quatre pour cent des jeunes âgés de 11 ans ont été impliqués dans une bagarre au moins une fois au cours de l’année précédente. Au cours de l’année 2015, la police grand-ducale a procédé à 802 interventions en matière de violence domestique. Lors de ces interventions policières, 168 victimes étaient mineures, ce qui représente une augmentation substantielle de 36,58 % par rapport à l’année 2014. En 2014 cette fois, 15 % des femmes indiquent avoir subi une forme de violence sexuelle perpétrée par un adulte avant l’âge de 15 ans. Le cadre législatif existe pourtant au Grand-Duché. Les châtiments corporels ainsi que la violence sexuelle et les traitements inhumains et dégradants sont prohibés par une loi de 2008.
Mais les chiffres rendent délicate l’appréhension de la réalité sur le terrain, car les cas de violence sont difficiles à répertorier, à cause du silence qui entoure ces actes. Les enfants sont souvent bien incapables de signaler les violences qu’ils subissent ou tout simplement ont peur de représailles. Les adultes ne sont pas toujours une meilleure aide, car les témoins de violence peuvent rester également silencieux.
Des enfants meurent sous les coups
Le problème est bien évidemment mondial, et les chiffres sont éloquents. Toutes les 5 minutes un enfant meurt des suites de violences dans le monde. Une victime d’homicide sur 5 est un enfant ou adolescent de moins de 20 ans. Environ 6 enfants sur 10 (soit près d’un milliard) sont assujettis à une forme de mesure disciplinaire violente à la maison. En Europe et en Amérique du Nord, environ un adolescent sur trois, âgé de 11 à 15 ans, a admis avoir intimidé d’autres élèves de leur âge à l’école, au moins une fois au cours des derniers mois. Une fille sur quatre entre 15 et 19 ans signale avoir été victime de violence physique. En Europe, 18 millions d’enfants souffrent d’abus sexuels, 44 millions, de violences physiques et 55 millions, d’abus psychologiques.
Unicef Luxembourg a donc décidé de mettre cette année l’accent sur le phénomène de la violence envers les enfants : « Cette violence souvent invisible a lieu à la maison, à l’école, sur internet, explique Paul Heber, chargé de communication à l’Unicef. C’est très difficile de la dénoncer, car il est rare d’en être soi-même témoin. Mais cela ne veut pas dire pour autant que cela n’arrive pas. Notre objectif avec notre rapport sur la violence envers les enfants est d’agir en tant que facilitateur entre les différents acteurs du terrain. »
Et la tâche est ardue, car de nouveaux phénomènes apparaissent. « La violence sur internet avec le cyberharcèlement fait partie des violences psychologiques qui ont des conséquences néfastes pour l’enfant, poursuit Paul Heber. Nous notons également que les mariages précoces prennent de l’ampleur dans des pays qui n’étaient jusque-là pas touchés. C’est le cas de la Syrie. La guerre, la pauvreté poussent les parents à vouloir placer leur enfant dans une autre famille, pensant le protéger, alors que c’est souvent l’inverse qui se produit. Ce phénomène est lié à la pauvreté. Il faut lutter contre ce phénomène global qui touche aussi un pays comme l’Inde, là, à cause d’aspects culturels. »
Audrey Somnard
La journée des Droits de l’enfant
Pour célébrer la journée internationale des Droits de l’enfant et afin de sensibiliser le public à cette question, Unicef Luxembourg organisera le 20 novembre la 2e édition de sa chaîne humaine de solidarité. Le rassemblement aura lieu à partir de 12h15, place Guillaume-II à Luxembourg.
Unicef Luxembourg remettra à cette occasion le rapport « Mettre fin à la violence à l’égard des enfants » à Mars Di Bartolomeo, président de la Chambre des députés.
Parallèlement, un concours est organisé pour rassembler toutes les idées d’actions contre la violence, que l’enfant soit seul, avec des amis ou sa classe.