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Victime menacée d’expulsion après avoir porté plainte : «Ce cas doit tous nous alerter»


Sergio Ferreira de l’ASTI : «Seule la régularisation de ces personnes peut mettre fin aux abus.» (Photo : archives LQ/Julien Garroy)

L’ordre d’éloignement visant la jeune femme en situation irrégulière qui a dénoncé les abus de son patron est suspendu : le dialogue est ouvert entre associations et autorités.

L’affaire fait grand bruit et les réactions pleuvent depuis que cinq associations – ASTI, CLAE, Finkapé, Time for Equality et CID Fraen a Gender – ont décidé de la porter sur la place publique : une jeune Brésilienne en situation irrégulière est menacée d’expulsion après avoir dénoncé le harcèlement sexuel et les violences infligés par son patron.

Alors que la jeune femme est convoquée à la direction de l’Immigration ce jeudi, le ministre Jean Asselborn a d’ores et déjà annoncé que l’ordre d’éloignement était suspendu pour le moment et s’est dit «ouvert à toute suggestion améliorant la protection des victimes visées», dans sa réponse à une question parlementaire urgente du député Paul Galles (CSV). De quoi apaiser les esprits.

«C’est une première bonne nouvelle», commente Sergio Ferreira, porte-parole de l’ASTI (Association de soutien aux travailleurs immigrés). «Elle ne sera pas expulsée immédiatement et la direction de l’Immigration est prête à dialoguer pour déterminer quel titre de séjour peut lui être accordé ou pas, et voir quelles solutions peuvent être trouvées», explique-t-il.

Car au-delà du cas particulier de cette jeune femme, c’est toute la question du traitement des personnes sans papier victimes d’abus qui est sur la table. Et «il y a de sérieux dysfonctionnements», pointe Sergio Ferreira, évoquant par exemple le fait que, dans un premier temps, la direction de l’Immigration a seulement reçu le signalement de la situation irrégulière de la victime, mais pas sa plainte. «Nous allons formuler des propositions, avec les autres associations, pour que cela ne se répète pas, car si notre assistante sociale n’était pas intervenue, cette femme aurait déjà été expulsée du territoire et son patron ne serait pas inquiété», déplore le porte-parole.

Ce scénario, les associations veulent à tout prix l’éviter : «Il est important pour nous que les autres victimes d’abus comprennent qu’il y a une possibilité de dénoncer ces faits sans subir de trop lourdes conséquences», insiste-t-il.

Des drames se jouent en coulisses

Si ce n’est pas la première fois que les équipes de l’ASTI font face à ce genre de violences sur des personnes vulnérables, le flagrant délit est rare : «Ici, les messages reçus par la victime sur son téléphone de la part de son patron ne laissent pas de place au doute. Malheureusement, on ne dispose pas souvent de preuves dans ce genre de cas.»

De quoi renforcer la défense de cette Brésilienne. Arrivée au Luxembourg en février 2020 avec un visa touristique, puis bloquée sur le territoire par la crise sanitaire, elle manque d’argent et accepte un emploi de serveuse, payé sous le manteau. Son chef ne tarde pas à profiter de la situation. Elle subit attouchements, violence verbale, physique et menaces. Après des mois de harcèlement, elle trouve enfin le courage de parler à une assistante sociale de l’ASTI. C’est elle qui l’accompagnera au commissariat pour porter plainte, avec la suite qu’on connaît.

«C’est un cas qui doit tous nous alerter», prévient Sergio Ferreira. «On doit être conscients que derrière les bistrots et les terrasses qu’on aime tant, se jouent parfois des drames humains. Seule la régularisation de ces personnes peut mettre fin aux abus. C’est ce que nous demandons.»

Les cinq associations qui ont alerté l’opinion publique espèrent maintenant que cet exemple, très médiatisé, servira de déclencheur pour obtenir des mesures politiques fortes en matière de protection des migrants en situation irrégulière.

Christelle Brucker

5 plusieurs commentaires

  1. Je sus choquée par cette réponse !!!

  2. M. Clown porte bien son nom, sauf qu’il n’est pas drôle.

  3. Ass genau richteg esou……illegal….raus domadder.

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