Les deux nouveaux chargés de direction du CLAE (Comité de liaison des associations d’étrangers) sont à la baguette du 33e festival des Migrations qui s’ouvre, vendredi, à Luxexpo.
Anita Helpiquet et Jean-Philippe Ruiz reviennent sur l’organisation et sur la raison d’être de cet évènement, mais également sur les défis du CLAE face à l’immigration au Luxembourg et face à la crise des réfugiés sur le plan national et européen.
Vous venez de reprendre le flambeau de Franco Barilozzi à la direction du CLAE, ce dernier en devenant le président. Comment s’est passée la transition? Misez-vous sur la continuité?
Jean-Philippe Ruiz : L’action individuelle n’est pas déterminante dans une structure associative comme le CLAE. Les grandes lignes de notre action sont déjà définies, mais nous allons continuer à les développer. Nous sommes très sensibles à ce que nous appelons l’éducation populaire. Nous continuerons bien évidemment à militer en faveur d’une citoyenneté de résidence et à encourager la participation à la vie de la cité, en allant à des manifestations en votant, etc.
Anita Helpiquet : Nous allons œuvrer selon une certaine continuité, tout en apportant des changements dans notre action, mais sans pour autant aller jusqu’à la rupture. Le CLAE s’engage en faveur d’une citoyenneté qui n’est pas liée à la nationalité.
Ce concept de citoyenneté de résidence exclut-il de facto les frontaliers qui ne vivent pas au pays?
J.-P. R. : D’un point de vue théorique, j’estime que les frontaliers doivent pouvoir participer à certaines décisions sur le territoire. D’ailleurs, le CLAE a été parmi les premiers à revendiquer la participation des frontaliers aux élections sociales. Nous estimons, par ailleurs, qu’ils doivent avoir les mêmes droits que les résidents.
Je note également que beaucoup d’associations présentes au festival des Migrations viennent de Lorraine, par exemple, et que d’autres associations, dont celles capverdiennes, attirent certains de leurs ressortissants depuis les Pays-Bas.
Vendredi s’ouvre donc la 33e édition du festival des Migrations, des Cultures et de la Citoyenneté. Quelle est la raison d’être originelle de cet évènement?
J.-P. R. : Le festival a été lancé en 1981, mais il n’est pas dû à l’arrivée de la gauche en France (rires)! Il a été créé à l’époque par les associations de l’immigration italienne, portugaise, espagnole et capverdienne, en vue de militer en faveur des droits politiques, tels que le droit de vote. Mais le festival avait également, à la base, une mission populaire de partage, de convivialité et de transmission interculturelle.
A.H. : Le festival représente l’histoire d’un mouvement d’émancipation.
Le festival a-t-il un public cible? Ne s’adresse-t-il qu’aux étrangers?
A.H. : Qui est luxembourgeois aujourd’hui?
J.-P. R. : La nationalité ne permet pas de définir quelqu’un. Par le passé, on a pu penser que ce festival ne s’adressait qu’aux immigrés. Il a été question d’élargir le concept aux cultures et à la citoyenneté, justement pour cette raison. Beaucoup d’associations « luxembourgeoises » telles que Caritas ou la Croix-Rouge, ont alors très vite décidées d’y prendre part car elles étaient sensibles aux questions interculturelles et aux questions de l’immigration. Le festival s’est donc très vite agrandi et se déroule désormais à Luxexpo.
Que représente aujourd’hui le festival en termes d’organisation pour le CLAE?
J.-P. R. : Cela représente six mois de travail. L’organisation démarre en septembre et plus l’échéance approche, plus toute l’équipe du CLAE se voit mobilisée. Mais je dirais que cette organisation se fait tout de même avec des bouts de ficelle, à l’inverse d’autres évènements dont les préparatifs durent toute l’année.
Notre festival attire pourtant 30 000 personnes sur 3 jours dans 2 grands halls de Luxexpo. Sans parler de toutes les salles de rencontre, des 400 stands et plus de la centaine d’écrivains, plus de 50 artistes peintres. Bref, nous sommes une poignée de personnes à gérer cet évènement gigantesque.
Entretien réalisé par Claude Damiani
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