Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
La livraison inédite par le Luxembourg d’armes de guerre à l’armée ukrainienne a été validée, mardi, par la Chambre des députés. Quelques réserves ont cependant été émises, notamment par déi Lénk.
Le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, ne le cache pas : «Il y a quelques semaines encore, je n’aurais pas pu imaginer que l’on fournisse des armes à un pays en guerre.» L’agression russe de l’Ukraine a cependant tout chamboulé. «Les chars russes sont venus écraser des acquis majeurs», souligne Claude Wiseler (CSV), qui redoute que la «paix (soit) durablement menacée en Europe».
L’avenir de cette même Europe devait au départ figurer au centre de la séance plénière d’hier après-midi. Les élus étaient en effet invités à débattre des conclusions des échanges menés avec les citoyens sur les orientations futures de l’Union européenne.
Au moins, l’invasion ordonnée par le président russe, Vladimir Poutine, a eu le mérite de renforcer le principe de solidarité entre les 27 États membres. Ce fait a été salué par tous les intervenants montés hier à la tribune de la Chambre.
Les lourdes sanctions décidées contre la Russie ont ainsi obtenu un très large soutien par tous les partis. Le Parti pirate de Sven Clement a même insisté pour restreindre encore la liberté de mouvement des oligarques russes. Des avions privés immatriculés au Luxembourg auraient ainsi encore permis d’opérer des vols de et vers la Russie, en dépit de la fermeture de l’espace aérien européen.
L’ADR de Fernand Kartheiser est monté au créneau pour dénoncer «la censure» qui frappe les médias russes RT et Sputnik, bannis par la Commission européenne et donc aussi le Luxembourg. Le parti réformateur voit la liberté de la presse mise en danger. Argument rejeté par le ministre Jean Asselborn, qui souligne que RT et Sputnik sont des outils de la propagande russe.
Sept Luxembourgeois encore bloqués en Ukraine
La livraison par le Luxembourg d’armes à l’Ukraine, une décision inédite, n’a pas été remise en question. Déi Lénk et sa députée Nathalie Oberweis ont toutefois fait état d’un «dilemme» : «Chaque pays attaqué a le droit de se défendre. Or il faut se demander si l’on ne jette pas de l’huile sur le feu à un moment où des pourparlers entre l’Ukraine et la Russie sont engagés.»
Mardi, 11 Luxembourgeois et 7 Ukrainiens vivant au Grand-Duché étaient encore bloqués en zone de guerre, comme Nina Basok, qui nous raconte son quotidien rythmé au son des sirènes à Kiev. Le ministre des Affaires étrangères a précisé que des demandes d’asile formulées par des ressortissants russes ont été adressées au Luxembourg.
Nouvelles manifestations au secours de l’Ukraine
L’association LUkraine, réunissant la diaspora ukrainienne vivant au Luxembourg, organise ce mercredi, à midi pile, une nouvelle manifestation contre la guerre déclenchée par le président russe, Vladimir Poutine. Le rendez-vous est à nouveau fixé place Clairefontaine à Luxembourg. Mercredi et samedi derniers, plus de mille personnes s’étaient déjà réunies à l’appel de LUkraine.
Samedi, à 15 h, la Plateforme pour la paix et la solidarité organisera, elle aussi, une manifestation contre la guerre en Ukraine. Le lieu de rassemblement est également la place Clairefontaine, au pied de la statue de la Grande-Duchesse Charlotte.
Le Luxembourg ne va pas se contenter d’envoyer du matériel militaire en Ukraine. Dans le cadre du mécanisme de protection civile de l’UE, le CGDIS fournira du matériel d’intervention contre les incendies (tuyaux, pompes, etc.), des équipements «médicotechniques» et des médicaments (anesthésiques, antibiotiques…).
Contrairement à ce que nous indiquions dans notre édition d’hier, le Luxembourg ne va pas consacrer 500 millions d’euros pour fournir des armes à l’Ukraine. Ce montant correspond à l’enveloppe globale débloquée par l’Union européenne pour acquérir et livrer du matériel militaire à Kiev. Le Grand-Duché enverra notamment 100 armes antichars.
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