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Romain Schneider : « Retenons que notre réserve s’élève à 15 milliards »


"Le régime de pensions complémentaires tel qu'introduit en 1999 nécessite une révision" (Photo : François Aussems)

Le ministre de la Sécurité sociale, Romain Schneider, revient sur la solidité du système luxembourgeois de financement des retraites, assuré de fonctionner jusqu’en 2060.

Le président de la Caisse nationale d’assurance pension, Robert Kieffer, avait comparé le système de pension au système Madoff, une petite phrase lâchée sur les ondes de 100,7 la semaine dernière. Le ministre avait rectifié le tir. Il se dit toujours confiant et affirme que le système de financement par répartition reste viable.

À partir du moment où les actifs cotisent pour les retraités et que le système leur assure qu’une fois eux-mêmes retraités ce seront les nouveaux actifs qui cotiseront pour leurs retraites, nous sommes dans un système de Ponzi (ou Madoff), affirment les plus alarmistes, car il peut s’écrouler à terme. Mais vous ne semblez pas être d’accord avec cette comparaison. Pourquoi?

Romain Schneider : Cela fait plus de 20 ans que le président de la caisse nationale d’assurance pension (CNAP), Robert Kieffer, fait ce genre de remarques qui sont d’ailleurs ses remarques personnelles. Notre système de sécurité sociale est un système de financement par répartition qui n’est pas comparable à un système frauduleux. Il est basé sur la solidarité, c’est-à-dire que les recettes de cotisations actuelles couvrent les dépenses de prestations courantes. Spécifiquement en ce qui concerne les régimes de pensions du secteur privé, le taux de cotisation et fixé par la loi à 24 pour cent du salaire cotisable, avec une réserve légale de 1,5 fois des dépenses annuelles. L’Inspection générale de la sécurité sociale établit tous les cinq ans un bilan actuariel afin de vérifier la soutenabilité financière du régime. Ce système de financement introduit par Bismarck au début du siècle passé n’a rien à voir avec un système de financement frauduleux qui a pour objet de rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants dans le seul but de procurer des avoirs douteux à leurs initiateurs.

N’empêche que cela effraie les jeunes générations…

Actuellement, il n’y a pas lieu de paniquer. La réforme de 2012 s’est basée sur un taux de croissance de l’emploi de 1,5 % et ce paramètre est largement rempli quand je regarde les derniers chiffres qui nous indiquent une croissance de l’emploi de 2,7 %. Si tous les autres volets de la sécurité sociale présentaient une telle réserve que les pensions, nous serions heureux. Concrètement, il faut retenir que notre réserve s’élève à 15 milliards d’euros et je crois que les 27 autres pays européens seraient contents d’avoir cette réserve.

Finalement, la première évaluation de la réforme des pensions de 2012 par l’Inspection générale de la sécurité sociale est avancée d’un an et se fera en 2016. Y a-t-il urgence à disposer d’une nouvelle étude sur la situation financière du système à moyen terme pour prendre plus rapidement d’autres mesures d’assainissement financier?

Non, il n’y a pas urgence et actuellement, la réserve du régime de pension du secteur privé dépasse de quatre fois les dépenses annuelles et, selon les scénarios retenus, cette réserve sera disponible au moins jusqu’à l’horizon 2040 et on parle même de 2060. Or il s’avère qu’un bilan tel que prévu par la loi seulement en 2017 ne permettrait point au gouvernement de discuter la soutenabilité financière et de mettre en place d’éventuelles adaptations encore sous la législature actuelle. Je suis pourtant confiant que le bilan de l’Inspection générale de la sécurité sociale va nous confirmer, j’en suis sûr, que la réforme entamée en 2012 a eu les impacts escomptés et qu’il n’est point besoin de procéder à des adaptations à ce stade. C’est mon opinion personnelle.

Pour que le système actuel des retraites reste viable, il faudrait que la population active double tous les 30 ou 40 ans. Est-ce une croissance de l’emploi que le Luxembourg peut raisonnablement espérer, d’une part, et absorber, d’autre part?

Je n’ai pas de boule de cristal, mais actuellement la tendance est à la hausse. Le ministre de l’Économie l’a dit, le Luxembourg est sorti de la crise économique, nous voyons une création d’emplois massive, une augmentation du PIB et du PNB qui sont autant de facteurs positifs qui engendrent des cotisations pour l’assurance maladie et maternité et pour l’assurance pension. Nous avons plus de 400 000 emplois actuellement et si le rythme de croissance se maintient, il faudra que les infrastructures suivent. Le Luxembourg a réussi dans le passé à absorber ces croissances et vu la densité du pays, en comparaison avec d’autres métropoles, il y a une marge de manœuvre suffisante. Bien entendu, une telle approche demande une stratégie bien réfléchie et une planification conséquente, ainsi que des investissements appropriés.

Entretien avec notre journaliste Geneviève Montaigu

Retrouvez l’intégralité de l’interview du lundi dans Le Quotidien papier d’aujourd’hui.

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