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Rentrée scolaire : une date et beaucoup d’interrogations


Cette photo de rentrée scolaire semble appartenir à un passé très lointain, dans lequel la notion de distanciation sociale n'existait pas. Mais aujourd'hui les autorités doivent composer avec la pandémie. (Photo : Archives Ediptress)

Les modalités de la rentrée dans le fondamental, prévue le 25 mai, s’apparentent à un véritable casse-tête, notamment par rapport au manque de locaux pour accueillir les élèves.

Alors que le gouvernement a avancé la date «indicative» du 25 mai pour la reprise des classes de l’enseignement fondamental et la réouverture des crèches et des structures d’accueil, les communes et le ministère de l’Éducation nationale planchent sur des pistes de déconfinement sécurisé pour les enfants.

Le bureau du Syndicat des villes et communes luxembourgeoises (Syvicol) s’est ainsi entretenu vendredi avec le ministre Claude Meisch durant près de deux heures, à l’Institut national des langues. À la sortie de la réunion, le président du Syvicol (qui est également le député-maire de Clervaux), Émile Eicher, a évoqué certaines pistes, tout en sachant qu’aucune décision officielle n’a encore été prise.

«Comment doubler le nombre de salles ?»

L’un des problèmes majeurs qui composent ce casse-tête est celui du doublement des salles de classe, alors que nombre de communes ne disposent pas des locaux nécessaires. «Le ministre nous a dit qu’il voulait organiser la rentrée scolaire selon un système d’alternance hebdomadaire : chaque classe fondamentale du pays sera scindée en deux groupes, dénommés A et B. Quand les élèves des groupes A suivront les cours normaux, ceux des groupes B seront encadrés, en parallèle, dans des locaux distincts, par des éducateurs et du personnel enseignant. Et vice-versa la semaine suivante», explique Émile Eicher.

Un «grand problème» se pose, selon lui. Il faudra trouver des locaux disponibles, car les enfants seront à l’école en même temps : «Si l’on scinde les classes en deux, les communes devront inévitablement doubler le nombre de salles. Cela est un des plus grands problèmes de cette rentrée et il n’est pas résolu jusqu’à présent. À titre d’exemple, dans ma commune (Clervaux), il y a 34 classes et nous ne disposons pas de ces locaux supplémentaires. Alors je m’interroge : comment doubler le nombre de salles ? Nous sommes en train de chercher d’autres solutions pour protéger les enfants, en sachant qu’il faudra appliquer les distances de sécurité de deux mètres. Cela dit, il est important de mentionner que les groupes d’élèves qui ne suivent pas les cours normaux, en fonction de telle ou telle semaine, pourront rester à la maison, car les cours de soutien seront facultatifs.» Mais encore faudra-t-il qu’ils puissent être gardés à domicile…

Point positif, «le ministère est très à l’écoute», selon le président du Syvicol.  «Il est prévu qu’il se charge du volet relatif aux mesures de protection en nous fournissant par exemple du gel hydroalcoolique pour les écoles, mais aussi des foulards pour les enfants, car ce type de protection est mieux adapté aux enfants que les masques de protection classiques distribués en début de semaine. Les enfants les jetteront assez rapidement pour s’en débarrasser ou les perdront, voire les casseront… De plus, ces masques glissent sur le visage de certains enfants.»

Des foulards au lieu de masques de protection

C’est le CGDIS qui fournira ces foulards aux communes, qui à leur tour les distribueront aux enfants. Cela étant, une question reste en suspens : «Il faut encore définir comment cela se fera en pratique, parce que les enfants se rendant à l’école en bus devront déjà avoir un foulard sur le visage… Alors, soit il faudra fournir les foulards aux enfants avant qu’ils montent dans le bus, soit il faudra procéder par le biais d’une distribution en amont dans les ménages, par voie postale. Une dernière option serait que l’on trouve une solution pour les distribuer à l’entrée des écoles (si les enfants sont accompagnés par leurs parents). Nous devons encore discuter de tout cela entre bourgmestres», indique Émile Eicher.

Le personnel enseignant sera, quant à lui, ravitaillé en masques de protection classiques par le ministère. De plus, le ministre Claude Meisch a fait savoir que son ministère affectera tout le personnel nécessaire aux écoles, et cela, chaque jour durant les heures scolaires, à savoir de 8 h à 13 h (cet horaire unique devrait être valable à partir du 25 mai à l’échelle nationale), pour les groupes d’élèves A et B. «Cela constitue déjà une grande aide de la part du ministère, mais le plus grand souci des communes reste de trouver des locaux disponibles !», estime le président du syndicat qui défend les intérêts des villes et communes du pays.

Transports scolaires :
«C’est la mer à boire…»

Il est également à noter que les enfants malades ou vulnérables pourront rester à la maison sur la base d’un certificat médical. La même mesure sera valable pour le personnel enseignant, tout en sachant qu’ils pourront continuer à donner des cours à distance : il faudra donc qu’un éducateur soit présent à l’école pour surveiller les enfants pendant que leur instituteur leur donnera cours depuis son domicile. «Mais si des enfants vulnérables doivent rester chez eux avec des parents également vulnérables, comment va-t-on faire ?», s’interroge Émile Eicher, qui prend la mesure exacte de ce casse-tête à multiples facettes et précise que «cette question doit encore être clarifiée avec le ministère de la Santé».

Avant, pour lui, d’évoquer la fermeture des écoles de musique pour les élèves âgés de moins de 15 ans, et d’aborder la question hautement délicate des transports scolaires : «C’est la mer à boire, car il faut savoir que les 102 communes du pays n’avaient pas toutes les mêmes horaires scolaires… et puisqu’un horaire scolaire unique sera applicable à l’échelle nationale à partir du 25 mai, il faudra réorganiser une bonne partie du transport scolaire. Il s’agit d’un sacré défi qui se présente à nous», juge-t-il encore.

La date avancée pour la reprise de l’enseignement fondamental, des crèches et des structures d’accueil reste cependant «indicative» selon le gouvernement et, donc, provisoire. En attendant, plusieurs bourgmestres du Grand-Duché se concerteront durant le week-end par le biais d’un groupe WhatsApp et mettront leurs propositions supplémentaires respectives sur la table. Lundi, le Syvicol discutera en visioconférence avec la Fedas (fédération d’organismes du secteur social), qui propose, entre autres, des activités au sein des crèches et maisons relais, puis reverra dès mardi le ministre Claude Meisch.

Claude Damiani

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