Le référendum ne laisse personne indifférent. Ces dernières semaines, la tension n’a cessé d’augmenter et le résultat pourrait avoir de lourdes conséquences.
C’est avec la volonté de rapprocher les citoyens de la politique que le gouvernement inédit formé par le DP, le LSAP et déi gréng a pris ses fonctions en décembre 2013. Parmi les initiatives-clés pour atteindre cet objectif figure le référendum qui se déroule aujourd’hui.
Mais les responsables politiques aiment bien garder le silence sur un autre aspect : cette consultation populaire ne doit pas uniquement permettre aux citoyens de donner leur avis sur trois questions précises, mais il s’agit aussi d’une manœuvre politique pour mettre sous pression le CSV. La majorité en place ne peut en effet pas se passer des voix du Parti chrétien-social pour adopter la nouvelle Constitution, en préparation depuis plus de dix ans.
Au début de la législature, quatre questions restaient ouvertes : la séparation de l’Église et de l’État, le droit de vote des étrangers, l’abaissement du droit de vote à 16 ans et la limitation des mandats ministériels à 10 ans successifs. Incapable de trouver un compromis sur ces questions, la coalition en place a décidé de jouer la carte du référendum.
Une question de taille a cependant été évacuée au préalable : en début d’année, le gouvernement a conclu un accord avec les différents cultes du pays sur leur financement par l’État. Alors que la majorité tricolore pensait s’être débarrassée de la patate la plus chaude, la situation se présente différemment à l’heure de ce scrutin, qui va constituer un tournant pour le pays.
La peur et la revanche, de mauvaises alliées
Dès le départ, des mises en garde ont été lancées pour éviter un clivage de la société, surtout en ce qui concerne la question de l’ouverture du droit de vote aux résidents étrangers. Si les conditions ont bien été précisées (résidence minimale de 10 ans au pays et participation préalable à une élection communale ou européenne), les véritables enjeux de cette question ont eu le plus grand mal à être appréhendés par les citoyens.
En fin de compte, le camp du oui et celui du non n’ont pas réussi à éviter une campagne qui aura été marquée par des dérapages populistes, des arguments simplistes et le spectre de la peur.
Les partis politiques, entrés beaucoup trop tardivement en campagne et en ayant misé sur les mauvais moyens de communication, n’ont pas excellé dans leur rôle. Toute la complexité des trois questions soumises au vote n’a fait son apparition que tardivement. Avec à la clé, un résultat qui risque de marquer le pays. Au lieu de faire un pas en avant, un retour en arrière est à craindre.
Le seul argument, encore répété vendredi par le Premier ministre, selon lequel « la volonté de discuter » est un élément positif de la campagne, est insuffisant. Xavier Bettel évoque lui-même le mal : « Je ne suis pas prêt à accepter les arguments simplistes, même si je respecte les avis des uns et des autres. Le référendum doit permettre aux citoyens de participer au dialogue. Dans 99% des cas, cela s’est fait dans le respect », indique le chef du gouvernement.
Le hic reste que, ces dernières semaines, le pays a offert un visage bien différent. Aujourd’hui, chaque électeur doit prendre ses responsabilités et voter en son âme et conscience. Un non bien argumenté vaut autant qu’un oui bien réfléchi. Il reste à espérer que la seule volonté de dessiner le Luxembourg de demain animera les citoyens. Un sentiment de revanche ou de (fausse) peur n’a rien à chercher dans l’isoloir.
David Marques