Racisme : le Parti pirate pointe le passé colonial du Luxembourg

Le Grand-Duché n’a pas échappé au retentissement mondial de la mort de l’Afro-Américain George Floyd sous le genou d’un policier blanc. Après une manifestation antiraciste vendredi, c’est au tour des politiques, en particulier du Parti pirate, de s’emparer du thème du racisme, en évoquant le passé colonial du Luxembourg.

À l’heure où, chez le voisin belge, une statue du roi Léopold II a été remisée au musée après avoir été dégradée par les manifestants antiracistes pour sa politique coloniale controversée menée au Congo, il n’est sans doute pas étonnant que le petit Luxembourg se voit confronté à son activité dans la colonie belge.

Et c’est le Parti pirate qui s’y colle dans une question parlementaire. Sous la signatures des députés Sven Clement et Marc Goergen, la sensibilité politique estime que l’actualité oblige tant les citoyens que les États à une «analyse autocritique». Les pirates pointent ainsi, parmi d’autres facteurs, la responsabilité du colonialisme dans la persistance du racisme, qui reste «un problème social quotidien» au Grand-Duché.

Le Parti pirate estime même que «des excuses pour l’implication du Grand-Duché dans l’épisode colonial belge pourrait être le début d’une lutte crédible contre le racisme». Ainsi, alors que la République démocratique du Congo fête cette année 60 ans d’indépendance, le parti rappelle que le Luxembourg a également été activement impliqué dans la colonisation du Congo.

Pour situer le niveau de l’implication du Luxembourg, rappelons que deux foires coloniales ont été organisées à Luxembourg (1933, 1949). Et voici ce qu’on peut lire dans un Bulletin d’information du ministère d’État datant de 1951 : «Parmi les pays qui ont contribué à l’œuvre coloniale belge, le Grand-Duché de Luxembourg occupe une place relativement importante. À toutes les époques de l’histoire coloniale belge, des Luxembourgeois ont lutté et travaillé au Congo la main dans la main avec les Belges. Ainsi se sont transposées sur le continent africain l’amitié et l’entente séculaire des deux pays.»

Tout cela est connu et documenté. Mais le Parti pirate demande au Premier ministre si le Grand-Duché ne doit pas poursuivre ses efforts dans l’étude historique de sa responsabilité dans la période coloniale.

Et surtout Sven Clement et Marc Goergen demandent si le Premier ministre, au nom du Grand-Duché et du gouvernement, ne devrait pas s’excuser, d’une part, pour l’implication du pays dans la colonisation et, d’autre part, pour les foires coloniales qui se sont tenues à Luxembourg.

Enfin, les deux députés s’interrogent sur l’existence de monuments en relation avec le passé colonial et ce qu’il faudrait en faire.

Soit autant de questions et de débats qui agitent depuis des années les ex-puissances coloniales voisines comme la Belgique ou la France.

LQ