Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Proximité et qualité. Deux axes majeurs pour redéfinir le tourisme au Luxembourg après la crise, comme l’a expliqué jeudi matin le ministre du Tourisme, Lex Delles, en dévoilant le plan de relance «Restart Tourism – Stabiliséieren. Adaptéieren. Promovéieren».
Restart. Un mot d’ordre qui précède et guide toutes les actions gouvernementales depuis le déconfinement. Le Premier ministre, Xavier Bettel, l’avait bien dit, lors de sa dernière allocution, c’est tout le pays qui doit redémarrer et prendre un nouveau départ. Après l’économie, l’emploi, l’éducation ou l’environnement, c’est le tourisme qui fait donc l’objet d’un plan de relance.
La crise n’a épargné rien ni personne et le secteur du tourisme en souffre particulièrement, puisque « touché en premier, ce sera le dernier à revenir à la normalité ». Cruel paradoxe pour ce « pilier essentiel de la vie économique, culturelle et sociétale » du pays. Mais l’heure n’est plus à s’apitoyer, « nous ne pouvons pas retourner aux comportements d’avant, les espoirs et les attentes sont différents », souligne Lex Delles. D’où l’accent mis sur « un marché de proximité » et « une approche régionale, plus locale » pour faire revivre le tourisme grand-ducal.
Un fonds pour soutenir les ASBL
La stratégie cible pour cela les pays frontaliers et proches (les Pays-Bas par exemple) au sein de l’Union européenne, du fait que seuls 7% des touristes étrangers viennent au Luxembourg par avion, constate Lex Delles. Ce tourisme régional doit donc se faire « plus qualitatif, avec une réelle plus-value économique ». « Nous ne visons pas le touriste qui va prendre deux ou trois photos de la Gëlle Fra puis repartir », insiste le ministre. Mais bien celui qui va séjourner et consommer sur place. Frontalier comme résident, car pour ce dernier aussi il y a « beaucoup à découvrir » au Luxembourg. Lex Delles rappelle la mesure mise en place à cet effet, le bon de 50 euros à utiliser pour une nuitée dans un établissement d’hébergement et valable jusqu’à la fin de cette année. Les personnes âgées de plus de 16 ans, du Luxembourg et de la Grande Région, le recevront par courrier début juillet.
Le tourisme de loisirs, porté largement par le bénévolat (ASBL, syndicats d’initiative…) sera également soutenu au moyen d’un fonds de trois millions d’euros, a annoncé Lex Delles. Ce secteur ne faisant pas partie du fonds de relance et de solidarité à destination des entreprises (dont bénéficient l’Horeca ou les agences de voyages). Une offre sous forme de package d’activités à faire sur trois jours sera aussi élaborée, dans le prolongement de cette idée de « découvrir le Grand-Duché sous une nouvelle facette ». Proximité et qualité toujours, comme leitmotiv de la relance.
Accélérer la digitalisation
Le ministère entend par ailleurs accélérer la digitalisation du tourisme local, en assurant un diagnostic aux ASBL pour améliorer leur promotion par le biais d’outils numériques (ticketing, réalité virtuelle, etc.). Enfin, les investissements en faveur des infrastructures touristiques (60 millions d’euros au total dont 34 déjà déboursés, selon le plan quinquennal) vont se poursuivre.
Concernant le tourisme d’affaires (congrès, foires, évènements professionnels…), là encore le chantier sera celui de la digitalisation. Lex Delles note que « le nombre de visiteurs a chuté de moitié par rapport à l’année dernière et un quart des réunions se font de manière hybride et virtuelle ». Il ne s’agit donc « pas de revenir en arrière », bien au contraire d’optimiser cette façon de procéder que la crise a imposée. Les évènements seront à la fois physiques et digitaux avec, entre autres, visioconférences internationales et projection d’hologrammes. Et tous seront estampillés d’un « label national et sanitaire » pour garantir la sécurité des visiteurs étrangers. Lex Delles en est convaincu : « La force du Grand-Duché est de s’adapter aux transitions. Le tourisme sortira renforcé de cette crise. » Il lui faudra bien sûr attendre son tour en regardant passer les trains les après les autres. Mais puisque les derniers finissent souvent les premiers…
Alexandra Parachini
