Les premières joutes verbales et passes d’armes entre deux des grands partis politiques prétendant à revenir (CSV) ou à rester au pouvoir (DP) ont donné un aperçu bien triste de ce que nous réserve la suite.
Car bien que la campagne électorale officielle soit encore loin d’avoir débuté, cette avant-campagne officieuse ne laisse rien présager de bon. Après le dérapage du président du CSV au sujet de l’orientation sexuelle du vice-Premier ministre, le DP s’est senti visé et a réagi, tout aussi impulsivement.
Et n’en déplaise à ceux qui ont adhéré, samedi, à l’éditorial fait dans un quotidien national, selon lequel les termes du président du CSV devaient être considérés comme un «lapsus consciemment voulu et réfléchi».
Cette analyse semble difficile à concevoir, puisque le président du CSV s’est empressé de s’excuser, après sa sortie douteuse : le président du plus grand parti d’opposition ignorerait-il la fameuse citation de l’écrivain Stendhal, tirée de son roman Le Rouge et le noir, à savoir : «Qui s’excuse s’accuse»?
Quoi qu’il en soit et si le doute reste évidemment permis, que penser de la riposte du DP? Par le biais de son secrétaire général, il a estimé politiquement correct de tweeter cette phrase : «Il existe des politiciens modernes, tolérants et au top mondial, et il y a les autres…!», en l’accompagnant de deux séries de photos.
La première reprend les portraits (en couleurs, le détail a son importance) de Xavier Bettel, Justin Trudeau, Barack Obama et Emmanuel Macron, qui seraient, d’après le montage, sur une ligne identique.
La seconde affiche, elle, les visages (en noir et blanc pour la symbolique à connotation péjorative) du président du CSV, de Silvio Berlusconi, de Donald Trump et d’Alexander Gauland.
Au final, le raccourci archiréducteur apparaît comme étant tout aussi déplacé que les termes du président du CSV. Car la comparaison entre les quatre hommes est plus qu’énigmatique… et a de quoi inquiéter quant à la suite de cette précampagne officieuse.
Pourquoi ne pas inviter ces chers politiciens à s’entourer de spin doctors, avant de raconter ou d’écrire n’importe quoi, sous le coup de l’émotion ou de la rancune?
Claude Damiani