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Pour éviter les bouchons, les frontaliers devront prendre le train ou covoiturer


Pas question de miser sur les autoroutes pour régler les problèmes du transport frontalier, insiste François Bausch. (illustration Hervé Montaigu)

La réponse du ministre François Bausch aux bouchons ? Davantage de trains et de covoiturage… Mais pas question de miser sur les autoroutes. Un pari risqué : la saturation est à nos portes.

En refusant de financer l’A31 bis, le Luxembourg reste droit dans ses bottes, et cohérent dans sa politique de promotion de la mobilité douce. Reste à espérer que les nouveaux trains et park & ride annoncés suffiront à engloutir le flux croissant de frontaliers.

120 millions d’euros… maximum

Le Luxembourg a décidé d’une enveloppe de 120 millions d’euros jusqu’en 2028 pour améliorer le transport transfrontalier. Mais attention, corrige le ministre des Infrastructures : «On n’a pas décidé de virer 120 millions en Lorraine comme j’ai pu le lire. On ne va pas verser un centime vers la France, mais on est par contre disposés à cofinancer des projets qui sont bénéfiques pour le Luxembourg et la France pour développer la Grande Région.»

«On financera jusqu’à hauteur de 120 millions, c’est donc un plafond, des projets précis dans la mobilité en Lorraine et liés à des projets déjà en construction au Luxembourg.» Par exemple, «le Luxembourg investit actuellement aux alentours de 300 millions pour le dédoublement de la ligne Luxembourg-Bettembourg, et on va rajouter près de 250 millions avec la modernisation de la gare de Bettembourg.» Autre exemple, «Luxembourg investit actuellement près de 200 millions pour l’agrandissement de la gare centrale, avec un 5e et 6e quai pour réceptionner à l’avenir plus de trains du sud du Luxembourg, mais aussi de France».

Concrètement, ces 120 millions seront divisés en deux parties : 110 millions seront destinés à l’amélioration de la capacité et de la modernisation du rail et 10 millions prévus pour des park & ride à Longwy et Thionville, mais aussi sur l’A31 avec des parkings relais pour le covoiturage.

Pourquoi 2028 ?

«Parce qu’au Luxembourg, les infrastructures qu’on construit actuellement vont être réalisées en modules, dont le dernier, la modernisation de la gare de Bettembourg, sera achevé en 2028. On pourra alors réceptionner beaucoup plus de trains qu’aujourd’hui. Mais déjà en 2021 et 2022, il y aura déjà des améliorations, notamment avec l’élargissement de la gare de Luxembourg.»

TER : puissance trois

Le but est donc de multiplier par quasiment 2,5 le nombre de voyageur sur le rail. «Si on peut le faire, ces milliers de frontaliers ne seront plus sur les routes françaises et luxembourgeoises.» L’augmentation de la cadence des TER «débutera en 2020, quand le 5e quai en gare de Luxembourg sera terminé. À terme, on triplera la cadence».

Jusqu’à Thionville… et Pékin

L’augmentation de la capacité ferroviaire «a du sens si on arrive aussi à moderniser la ligne entre Zoufftgen et Thionville. Le Luxembourg a donc un intérêt majeur à investir aussi de l’autre côté de la frontière pour élargir la capacité française sur le rail. Le but est non seulement de moderniser la ligne Zoufftgen-Thionville, mais aussi de créer une troisième voie pour le transport de marchandises. On a le multimodal à Bettembourg, mais si on veut créer des trains communs avec les Français qui iront jusqu’en Chine, il nous faut de la capacité aussi pour les trains de marchandises.» «On va donc élargir aussi les quais à Thionville, car les quais ne peuvent pas actuellement réceptionner les trains qui ont la longueur nécessaire pour transporter un nombre suffisant de personnes.»

L’A31 bis n’est pas la (seule) solution

«C’était clair depuis le début, le Luxembourg ne finance pas l’infrastructure A31 bis. Car augmenter seulement la capacité des autoroutes ne donnera aucun résultat. On ne financera que les parkings relais pour le covoiturage. Par contre, on a convenu d’une relation étroite sur l’utilisation de l’A31 bis et de l’A3. Je rappelle que notre Parlement a voté une motion qui dit que le gouvernement doit aller dans la direction de réserver la troisième voie de l’A3 aux heures de pointe au covoiturage et au bus. Le but principal, c’est d’avoir moins de voitures sur nos routes. Il faut changer la stratégie de transport jusqu’à aujourd’hui.»

Favoriser le covoiturage

«Même si le Luxembourg décidait de faire 2 fois 3 voies sur l’A3, et que la France faisait élargissement de l’A31, cela n’a pas de sens si on reste à un taux d’occupation des voitures de 1,1 personne! On va ne faire qu’élargir les embouteillages.»

Le ministre donne un autre chiffre : «250 000 sièges automobiles vides circulent chaque jour en direction de Luxembourg. Il faut travailler là-dessus, car sinon on ne va jamais réussir à décongestionner le réseau. Donc le covoiturage doit servir à réduire les bouchons et on est disposé à financer les projets en ce sens», plaide le ministre. Il rappelle à ces fins que le Luxembourg «va lancer le 10 avril la nouvelle plateforme de covoiturage de Luxembourg, qui fonctionne un peu comme Uber, et qui s’appelle Copilote. Elle est conçu de façon transfrontalière, donc ouverte aux frontaliers, et il va falloir la promouvoir des deux côtés de la frontière.»

Et de conclure : «Toutes ces mesures sont bénéfiques pour les deux pays.» Pour le Luxembourg, «cela représente un atout énorme, car à la fin on va alléger largement la pression qu’on a aujourd’hui sur nos villes et villages».

A Paris, Romain Van Dyck

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