Daniel Miltgen, l’emblématique président du Fonds du Logement depuis 25 ans, a reçu, vendredi dernier, une lettre lui annonçant l’intention du gouvernement de le révoquer.
Sans attendre les conclusions de l’audit confié à PwC, le ministre du Logement, Maggy Nagel a décidé de se séparer de Daniel Miltgen. La décision de révoquer ce dernier de ses mandats du Fonds du logement et du Fonds d’assainissement de la cité Syrdall a été prise lors du Conseil de gouvernement de vendredi dernier, révélaient nos confrères de la radio 100,7, hier. Le site paperjam.lu ne tardait pas à publier des extraits de la lettre que la ministre a adressée au président du FDL, Daniel Miltgen. Courrier que Le Quotidien s’est procuré et qui confirme que le gouvernement a décidé de se débarrasser de ce haut fonctionnaire qui, depuis vingt-cinq ans, tient les rênes du FDL.
Maggy Nagel explique « qu’il s’impose de nommer une autre personne à la tête du FDL afin d’y permettre un renouveau et de s’assurer que la gestion se fasse conformément à ses vues. Pour un certain nombre de raisons, cette garantie n’est actuellement pas donnée ». Ce qui vaut pour le FDL vaut pour le Fonds d’assainissement de la cité Syrdall, que préside le même Daniel Miltgen, un fonds dont l’immobilisme fut sévèrement critiqué dans un rapport de la Cour des comptes en 2013.
Mais ce ne sont pas ses conclusions ni même les récents soupçons de trafic d’influence dans l’affaire de la vente de terrains à Leudelange-Gare qui ont motivé la ministre. Maggy Nagel lui reproche un manque de transparence dans la gestion du FDL et relève que la situation ne va pas s’améliorer, vu que son président ne déploie pas d’efforts suffisants de communication avec elle. Elle cite des demandes d’informations insatisfaites, ou ayant obtenu des réponses « lacunaires », « incohérentes », ou « contradictoires ». Des réponses « tardives », aussi, Maggy Nagel lui rappelant qu’il avait traîné les pieds avant de réagir au problème des heures supplémentaires du comptable qui atteignaient un montant « exorbitant ».
« L’absence d’objectifs »
Il y a encore le non-respect de la règle de la contre-signature par deux membres du comité directeur. Maggy Nagel évoque aussi des « pratiques douteuses » de délégation de signature. Autant de griefs qui lui laissent penser que le FDL souffre « d’une absence de direction ». C’est en tout cas l’impression qu’il laisse alors que Maggy Nagel note « l’absence d’objectifs clairement fixés en termes de constructions et une incapacité à fournir un relevé des propriétés immobilières ».
Elle lui rappelle qu’elle dispose, conjointement avec le Grand-Duc, d’un pouvoir discrétionnaire quant à la nomination du président du FDL. « Le choix du président se fait en fonction de la confiance et de l’identité de vues entre le président pressenti et le gouvernement. Lorsque ces conditions viennent à manquer, il peut être mis fin aux fonctions du président du FDL. » Elle compare la situation de Daniel Miltgen à celle du colonel Ries, limogé par l’ancien ministre Jean-Louis Schiltz et réhabilité cinq ans plus tard avec les excuses d’Étienne Schneider, actuel ministre de la Défense. C’est d’ailleurs un extrait de l’arrêt de la Cour administrative qu’elle cite pour appuyer sa position.
De notre journaliste Geneviève Montaigu