Étienne Schneider s’en est pris au CSV et à Michel Wolter qui, la semaine dernière, avait critiqué la réforme et l’audit de la police. Alors qu’elle colle avec le texte que Jean-Marie Halsdorf avait lui-même préparé.
Avant de partir et de céder sa place à Étienne Schneider, l’ancien ministre Jean-Marie Halsdorf avait ficelé une réforme de la police. Elle n’était pas très différente de ce que propose le gouvernement actuel qui donne une nouvelle illustration de l’arroseur arrosé.
Nouvel épisode, lundi, dans la série mélodramatique que suscite la réforme de la police et qui ne date pas d’hier. Avant même que le nouveau ministre de la Sécurité intérieure, Étienne Schneider, ne reprenne le flambeau des mains de Jean-Marie Halsdorf en décembre 2013, la réforme de la police avait déjà fait couler beaucoup d’encre et ce n’est pas près de s’arrêter.
Après la sortie du député de l’opposition Michel Wolter (CSV) la semaine dernière et ses vives critiques aussi bien à l’encontre de l’auditeur externe que du ministre, ce dernier a tenu à répliquer lundi parce qu’il est «las» de les entendre. Étienne Schneider a donc décidé de rafraîchir la mémoire du principal parti de l’opposition aux commandes du ministère de la Force publique alors que la réforme de la police était déjà ficelée et prête à l’emploi, comme l’avait indiqué à son successeur l’ancien ministre Jean-Marie Halsdorf.
Et ce dernier vantait les mérites des communautés de commissariats. Dans une note adressée aux ministres en Conseil de gouvernement le 11 octobre 2013, à la veille des élections anticipées, Jean-Marie Halsdorf proposait d’introduire le concept des «communautés de commissariats consistant en un partenariat entre commissariats de proximité établis dans des communes voisines».
Donc, exactement ce que l’audit interne préconise et ce que le ministre Schneider entend mettre en place. Il estimait qu’un «tel partenariat permet non seulement de réaliser des synergies au niveau des ressources humaines, de réduire les tâches administratives et les frais de fonctionnement, mais également d’assurer une plus grande disponibilité du personnel pour les citoyens».
Étienne Schneider ne comprend pas pourquoi le CSV critique aujourd’hui ce qu’il encourageait hier. D’autant plus que les bourgmestres avaient également approuvé ce principe, selon Jean-Marie Halsdorf qui le précisait dans un communiqué de presse d’octobre 2012 : «En septembre 2012, j’ai soumis les grandes lignes de la réforme au Syvicol. Le président du Syvicol, au nom du bureau exécutif, a manifesté un vif intérêt pour le projet et notamment pour la création de communautés de commissariats qui n’engendrera pas une réduction du nombre de commissariats, mais renforcera la coopération proactive entre unités de police servant en communauté et offrira une plus grande présence policière».
« J’en ai marre de cette politique politicienne, j’aimerais que le CSV arrête de faire peur aux gens », déclare Étienne Schneider aujourd’hui. Et ce d’autant plus que Jean-Marie Halsdorf déclarait en juin dernier, après la présentation de l’audit en commission parlementaire, que ses conclusions «étaient identiques à celles de l’audit interne», ce qui signifiait pour lui «une perte de temps» par rapport à la réforme qu’il souhaitait «mettre en place».
«Le CSV est irresponsable»
Pour clore définitivement le sujet sur la publicité de l’audit de la police, qui dévoile ses forces et ses faiblesses, Étienne Schneider estime que cette requête du CSV « en pleine crise terroriste » est tout simplement « irresponsable ».
Pour le ministre il reste encore à balayer les derniers doutes que le CSV laisse planer sur la valeur de l’audit. Selon Michel Wolter, les trois différentes signatures qu’il contient sont louches, tout comme les contributions de la direction générale de la police que l’on retrouve dans l’audit. « Mais cela prouve que ces gens ne savent pas comment fonctionne un audit! Il n’y avait pas trois signatures différentes, mais quatre, une par chapitre abordé. En outre, dans le cadre de son travail, l’auditeur a reçu 129 documents de la police, dont des extraits sont bien sûr repris dans son rapport. Il ne pouvait les ignorer! », rectifie Étienne Schneider.
Le principal souci du ministre aujourd’hui est de trouver suffisamment de nouvelles recrues pour assurer les missions de la police qui a un besoin urgent de s’adapter aux défis que représentent l’augmentation de la population et les nouvelles formes de criminalité. Rendre le métier plus attractif est un des objectifs de cette réforme. « Des policiers, je ne peux pas en trouver s’il n’y a pas de candidats, or nous en avons besoin! », lâche le ministre, estimant en avoir fini avec le CSV.
Geneviève Montaigu