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Polémique autour de la présence du Grand-Duc à un sommet germanophone


Le caractère germanophone du Luxembourg a été remis en question ces derniers jours. Cela n'empêchera pas le Grand-Duc Henri de retrouver dès ce mercredi à Bruxelles le président fédéral allemand, Joachim Gauck. (photo archives LQ)

Sur fond de pseudo-polémique, le Grand-Duc participera dès ce mercredi au sommet informel des pays germanophones.

Alors qu’il avait existé vendredi matin un doute sur la communication entre le Grand-Duc Henri et le gouvernement au sujet de sa participation à la rencontre informelle des chefs d’État des pays germanophones, le flou a disparu avec les explications du Premier ministre et du ministre des Affaires étrangères. La présence du Grand-Duché à un sommet des pays germanophones continue cependant de poser question.

Le Luxembourg, pays germanophone ou non? Telle est la question que nos confrères du Lëtzebuerger Land s’étaient posée dans leur édition de vendredi, en s’interrogeant sur la participation du Grand-Duc Henri à la 13e  édition de la réunion informelle des chefs d’État des pays germanophones qui se tiendra aujourd’hui au palais de Laeken à Bruxelles et demain à Eupen (capitale de la Communauté germanophone de Belgique).

D’après le Larousse, le nom commun et l’adjectif «germanophone», signifient  : «qui a l’allemand pour langue». Selon le traducteur allemand Pons , «germanophone» est traduit par «deutschsprachig (qui parle l’allemand)».

Enfin, le dictionnaire allemand Duden fournit deux définitions de l’adjectif «deutschsprachig». La première, «die deutsche Sprache sprechend (parlant la langue allemande)», et la seconde, «in deutscher Sprache ablaufend, verfasst (se déroulant en langue allemande, rédigé en langue allemande)». En clair, si l’adjectif germanophone devait être rattaché au nom commun «pays», on évoquerait un pays qui a l’allemand pour langue, un pays qui parle allemand, ou encore un pays dans lequel des faits et des écrits seraient produits en langue allemande.

Pays germano-franco-luxembourgophone

Or si l’on se réfère à la loi du 24  février 1984 sur le régime des langues, «la langue nationale des Luxembourgeois est le luxembourgeois (art. 1)» et «les actes législatifs et leurs règlements d’exécution sont rédigés en français (art. 2)».

Cela étant, les articles 3 et 4 de ladite loi font mention de l’usage de la langue de Goethe au Luxembourg. L’article 3, tout d’abord, dispose que l’allemand peut être utilisé «en matière administrative, contentieuse ou non contentieuse, et en matière judiciaire (…) sans préjudice des dispositions spéciales concernant certaines matières». L’article 4, deuxièmement, précise que «lorsqu’une requête est rédigée en luxembourgeois, en français ou en allemand, l’administration doit se servir, dans la mesure du possible, pour sa réponse de la langue choisie par le requérant».

Conclusion? Si la loi ne fait pas état de la langue allemande comme étant la langue nationale ni comme étant celle de la législation, cette même loi n’interdit absolument pas l’usage de l’allemand, dans l’administration notamment. Or de quelle(s) administration(s) s’agit-il? Des administrations de l’État a fortiori…

En clair, selon cette logique simpliste, le Luxembourg serait bel et bien un pays germanophone et le Grand-Duc Henri, le chef d’État d’un pays germanophone. Il serait d’ailleurs tout aussi bien luxemburgophone et francophone.

Au sujet de la seconde pseudo-polémique, selon laquelle le Grand-Duc Henri n’aurait pas eu l’aval du gouvernement pour se rendre au sommet et ce, en raison de l’absence de contreseing ministériel (art. 45 de la Constitution), le Premier ministre, Xavier Bettel, avait tenu à clarifier les choses dès vendredi dernier dans les colonnes du Quotidien . «Il n’y a pas de quoi invoquer l’article 45 de la Constitution», avait souligné le chef du gouvernement. Pour ce genre de réunion informelle, le souverain n’aurait d’ailleurs pas besoin d’obtenir de feu vert ministériel. «Le chef de l’État m’en a parlé à chaque fois qu’il s’y est rendu, c’est-à-dire trois fois, dont deux fois depuis que je suis Premier ministre. Je n’ai rien trouvé d’anormal à cette démarche», avait précisé Xavier Bettel.

Le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, avait lui aussi indiqué dans nos colonnes ne voir aucun problème dans ce dossier. Un malentendu avec nos confrères du Land figurerait à l’origine de la pseudo-polémique.

Avant l’ouverture du sommet informel, aujourd’hui à Bruxelles, il n’y a donc point de polémique. Reste à lancer un chaleureux «Beste Grüsse aus Luxemburg!» (meilleures salutations du Luxembourg).

Claude Damiani

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