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Luxembourg : une rentrée scolaire «loin de la normalité»


La salle plénière de la Chambre, installée depuis plus d’un an au Cercle Cité, a des allures de salle de classe. Mercredi, les députés ont débattu des perspectives pour l’école post-Covid. (photo Alain Rischard)

Même si tout le monde l’espère, il est encore trop tôt pour miser en septembre sur une rentrée scolaire en mode pré-Covid. Un des défis majeurs sera de combler les lacunes des apprentissages.

La Chambre des députés devrait valider au plus tard ce samedi l’important assouplissement des restrictions sanitaires. Grâce à la formule «TGV» (testé, guéri, vacciné), une vie sans masque ni distanciation redeviendra possible. Ce ne sera pas encore le cas pour les élèves, qui eux, pourront uniquement faire tomber leur protection buccale lors des récréations en plein air. Dans les classes, elle restera de mise. «Nous sommes conscients que la question du port du masque préoccupe les parents. Or le directeur de la Santé nous a expliqué que ce sont surtout les plus jeunes, pas encore vaccinés, qui risquent de contracter le virus. Au vu des inconnues liées au variant indien, le moment pour ôter le masque n’est pas encore venu», fait remarquer Gilles Baum (DP).

Le masque de protection viendra donc compléter la longue liste des contraintes que la jeune génération a eue à subir depuis le début de la pandémie. Mercredi, la Chambre s’est penchée sur la rentrée de septembre. Les défis qui se profilent à l’horizon ne sont pas uniquement d’ordre sanitaire. Les lacunes des apprentissages, la dégradation sensible du bien-être et l’accroissement des inégalités constituent un lourd héritage pour les élèves. «Nous devons aux jeunes de leur offrir les moyens pour repartir du bon pied et d’éviter que leurs perspectives soient bouchées», souligne Francine Closener (LSAP). Cet avis a été largement partagé hier, même si en fin de débat une motion du CSV pour établir un plan d’action concret a été rejetée.

Un appui plus ciblé pour les élèves figure parmi les solutions avancées pour amortir au mieux «l’impact gravissime» de la pandémie sur les jeunes et sur leur éducation. «Nous avons besoin de plus de ressources pour assurer une prise en charge plus individualisée des élèves et pour offrir un soutien aux enseignants et aux parents», souligne Josée Lorsché (déi gréng). Les parents d’élèves seraient d’ailleurs essentiels pour assurer aux enfants de réussir leur parcours scolaire. «Les cours d’appui sont à saluer, mais mon expérience en tant qu’enseignant démontre que le facteur décisif est que les parents s’intéressent au parcours de leurs enfants», note Fred Keup (ADR). «Un échange régulier avec un psychologue doit être instauré», estime encore Sven Clement (Parti pirate).

La «Summer School» suffisante ?

En première ligne figurent les enseignants, qui, selon Myriam Cecchetti (déi Lénk), «font tout ce qu’ils peuvent. Beaucoup d’entre eux, travaillant avec des élèves plus défavorisés, se trouvent au bord d’un burn-out en raison du manque de soutien concret dont ils bénéficient». «Il nous faut donc fixer des priorités et adapter les programmes aux besoins», poursuit l’enseignante de formation.

Tous ces éléments amènent Francine Closener à dire que la rentrée scolaire sera encore «loin de la normalité». LSAP et CSV doutent aussi que la seule «Summer School», les cours de rattrapage proposés en fin de vacances scolaires, sera suffisante à poser la bonne base pour la nouvelle année scolaire. Le ministre de l’Éducation nationale renvoie aussi vers l’offre élargie du rattrapage en ligne.

D’une manière plus globale, Claude Meisch compte consulter dans les semaines à venir tous les acteurs scolaires pour tirer un bilan plus approfondi des 18 mois d’école en temps de pandémie. «Sur base des expériences accomplies», le ministre se dit décidé à mettre tous les moyens en place pour une année scolaire 2021/2022 réussie, avec le maintien intégral de cours en présentiel. «Mais le temps est encore à la prudence. Il nous faut être préparé à tous les scénarios.»

David Marques

Les élèves pas forcément vaccinés pour septembre

Une rentrée scolaire «normale» dépend aussi fortement du taux de vaccination des élèves. En Europe, le vaccin anti-Covid de BioNTech/Pfizer est déjà validé pour les 12 à 15 ans. Au Luxembourg, le gouvernement doit encore trancher – a priori en cette fin de semaine – comment les plus jeunes pourront se faire vacciner. Il reste à savoir si et à partir de quand les vaccins seront validés pour les moins de 12 ans. «Nous risquons que les élèves représentent en septembre le plus grand contingent de non-vaccinés», met en garde le ministre Claude Meisch.

Il serait donc beaucoup trop tôt de définir quel sera le concept sanitaire à appliquer pour la rentrée de septembre. Le CSV de Martine Hansen réclame un «concept de vaccination clair et cohérent», à la fois pour les enfants, les adolescents et les enseignants. «Même en cas de nouvelle vague d’infections, il faut mettre en place un concept sanitaire qui permettra de garder ouvertes les écoles. Cela est valable au moins jusqu’à ce que les enfants soient vaccinés», vient compléter Josée Lorsché (déi gréng).

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