Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
La future légalisation du cannabis au Grand-Duché pourrait connaître quelques exceptions, dont la prison. Le contrôleur externe des lieux privatifs de liberté (CELPL) s’est penché sur la légalisation du cannabis à usage récréatif et ses conséquences en milieu carcéral.
Une légalisation du cannabis en milieu carcéral pourrait sensiblement contribuer à la diminution de la consommation de Spice, une herbe de synthèse, estime le CELPL.
La loi pourrait prévoir une exception à cette légalisation pour les prisons et y maintenir l’interdiction de la consommation de tout stupéfiant, mais il reste à voir si c’est défendable du point de vue de l’égalité devant la loi. «La légalisation du cannabis en milieu carcéral ne pourrait-elle pas avoir des effets positifs?», s’interroge le contrôleur externe.
Les statistiques montrent que le cannabis est de loin la drogue la plus consommée en prison et qu’en moyenne 47 % des sanctions prononcées sur les cinq dernières années pour abus de stupéfiants concernent la consommation de THC. La légalisation du cannabis n’aura guère d’influence sur le taux de consommation en milieu carcéral, «où l’approvisionnement et la consommation de THC semblent déjà à l’heure actuelle très répandues et faciles», relève le rapport. Les détenus interrogés ont indiqué être plus calmes après avoir consommé, «ce qui contribue très probablement à diminuer les tensions et les agressions entre détenus».
L’équipe de contrôle a pu se rendre compte que la détection facile et rapide du THC par les tests urinaires pousse un certain nombre de détenus à consommer davantage d’autres produits, plus difficilement détectables, comme au centre pénitentiaire de Givenich où la consommation de Spice (cannabinoïde synthétique) prend une envergure inquiétante, selon le contrôleur externe.
Choisir entre deux problèmes…
Tout en insistant sur les impacts négatifs du THC sur la santé, il souligne que les effets du Spice peuvent être d’autant plus néfastes et plus imprévisibles. «Une légalisation du cannabis en milieu carcéral pourrait sensiblement contribuer à la diminution de la consommation de Spice, ce qui serait un effet appréciable », estime le CELPL.
Si la consommation de THC devait rester interdite en milieu carcéral, cela n’empêcherait pas les détenus de Givenich autorisés à quitter le CPG pour leurs visites de consommer du cannabis en toute impunité à l’extérieur.
Le contrôleur externe encourage les responsables politiques à analyser sans a priori le cadre légal à adopter pour les centres pénitentiaires et à s’entourer des experts médicaux et criminologiques pour élaborer le meilleur concept.
Geneviève Montaigu
