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Luxembourg : plus de 105 000 personnes sont exposées à la pauvreté


Le Statec livre des chiffres assez vertigineux ce mardi, concernant le taux de risque de pauvreté au Grand-Duché (Illustration : Editpress).

Le Statec a présenté ce mardi matin son 15e rapport «Travail et cohésion sociale au Luxembourg». Un des constats majeurs : le risque de pauvreté reste élevé et les inégalités continuent de se creuser.

Lundi, le ministre des Finances, Pierre Gramegna, avait souligné que le budget de l’État 2020 devrait permettre «d’augmenter le bien-être et le niveau de vie des citoyens». Il continue cependant à exister un fossé entre ces chiffres bruts et la réalité vécue par près d’un cinquième des résidents luxembourgeois.

Dans son dernier rapport «Travail et la cohésion sociale au Luxembourg», le Statec souligne que le risque de pauvreté s’est stabilisé à 18,3% de la population. En 2000, la pauvreté guettait «seulement» 12,1% des citoyens. En chiffres absolus, le constat est encore plus effrayant : en 2018, 105 620 personnes étaient exposées à la pauvreté. Ils disposent d’un revenu inférieur au seuil de pauvreté fixé à 2 013 euros mensuels (soit 60% du revenu médian).

Les familles monoparentales restent parmi les plus vulnérables (40,7 %), suivies des familles avec plus de deux enfants (30,4%) et des adultes vivant seuls (27,8%). Les personnes au chômage sont quatre fois plus exposées à la pauvreté que les personnes qui ont emploi. «Mais avoir un travail ne suffit pas d’être protégé. On dénombre 13,4 % de salariés qui risquent de glisser dans la pauvreté», indique Jérôme Hury, membre du comité de direction du Statec en charge des Statistiques sociales.

Sans l’État, le taux de pauvreté serait de 27,5%

Le Statec souligne toutefois que les prestations sociales fournis par l’État sont indispensables. «Sans l’intervention de l’État et les transferts sociaux, le risque de pauvreté culminerait à 27,5%», précise Jérôme Hury. Les transferts en nature, tels que les chèques-service, ne sont pas pris en compte dans l’enquête, mais le Statec estime que l’ensemble de ces mesures permettraient de faire baisser le risque de pauvreté de 1%.

En parallèle, les inégalités ne cessent de se creuser. Selon les chiffres présentés ce mardi, les 10% des personnes les plus aisées disposent d’un revenu qui est dix fois supérieur à celui des 10% les moins aisées. Autrement dit : le niveau de vie varie entre 979 euros par mois pour les plus pauvres à 9 882 euros par mois pour les plus riches.

Le rapport a pris en compte un autre facteur intéressant. Pour pouvoir mener une vie décente au Luxembourg, une famille de deux adultes et de deux enfants a besoin d’un revenu de 4 213 euros par mois. «Il s’agit d’une hausse de 7% par rapport à 2016, première années lors de laquelle on a calculé ce montant», précise Jérôme Hury. Le logement (39%) et l’alimentation (24%) constituent les principales dépenses ce de ménage-type. Mais, conclut le Statec, «tous les ménages n’atteignent pas un niveau de vie décent».

Le revenu pour une vie décente est de 2 110 euros par mois

Pour une personne seule, le revenu pour pouvoir mener une vie décente s’établit à 2 110 euros par mois, soit une petite centaine d’euros de plus que le seuil de pauvreté (2 013 euros). Le Revenu d’inclusion sociale (Revis), instrument social qui a succédé au Revenu minium garanti (RMG), est lui de 2 087 euros. «Le Revis est donc très proche du montant calculé par nos soins», constate Serge Allegrezza, directeur du Statec.

Finalement, le Statec a établi pour la première fois la part du revenu qui est réellement à la disposition des ménages. Plus d’un tiers (36%) est consacré aux «dépenses préengagées», à savoir le loyer, les assurances, les abonnements (électricité, eau, gaz, télécommunications) ou les frais de transport. «En tenant compte de ce facteur, le taux de pauvreté pourrait augmenter de 8%», conclut Jérôme Hury.

David Marques

Retrouvez un dossier complet sur le Rapport Travail et Cohésion sociale du Statec dans notre édition papier de mercredi.

 

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