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Luxembourg : pas de yaourt grec, ni de centre de données en vue


En novembre 2019, lors d'une réunion sur la potentielle implantation de Google à Bissen. Ces grands projets seront-ils maintenus après la crise ? (Photo d'archives : Anne Lommel).

L’arrivée de Fage et Google au Luxembourg continue de piétiner. Jeudi, la Chambre s’est vu confirmer que les procédures peinent à avancer. L’impact environnemental des projets constitue une inquiétude majeure.

L’héritage laissé par Étienne Schneider à ses successeurs est lourd. Alors que le nouveau ministre de la Défense, François Bausch, doit gérer les dérives financières liées à l’achat d’un satellite militaire, le nouveau ministre de l’Économie, Franz Fayot, doit, lui, s’atteler à enfin mener à bien l’arrivée d’une production de yaourts grecs à Bettembourg et d’un centre de données à Bissen.
Aujourd’hui, rien ne permet d’affirmer que les ambitieux projets de Fage et de Google vont finir par voir le jour alors qu’ils avaient été annoncés en grande pompe en juillet 2016 et 2017. Depuis lors, les querelles sur l’acquisition de terrains et sur l’impact environnemental ont pris le dessus.
Jeudi, la Chambre des députés s’est vu confirmer que les procédures étaient loin d’être achevées. Un début des travaux de construction sur les 15 hectares dans la zone industrielle Wolser et sur les 33,7 hectares, situés à Bissen, n’est donc pas encore en vue.

Fage : bientôt la parole aux citoyens

«Le dossier d’autorisation de Fage n’est pas encore complet», a précisé jeudi la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, face aux députés. Il reste notamment des éléments à clarifier au niveau des mesures de compensation. La commune de Bettembourg est déjà depuis plusieurs mois en possession de l’étude sur l’impact environnemental. Jusqu’à présent, les édiles de la commune sudiste se sont farouchement opposés à l’arrivée de l’usine de production de yaourts.
La ministre Dieschbourg s’est voulue assez confiante, assurant que le public pourra prochainement prendre connaissance du dossier complet et émettre ses avis et réserves dans le cadre de la procédure d’autorisation «commodo/incommodo».
Une des principales pommes de discorde reste la consommation par l’usine d’une quantité d’eau qui équivaut à celle de 20 000 ménages. «Le projet initial que Fage avait introduit n’a plus rien à voir avec le projet actuel. Toutes les demandes concernant la protection de l’environnement et de l’eau ont été satisfaites et de grosses adaptations ont été réalisées», nous avait annoncé l’ancien ministre de l’Économie, Étienne Schneider, dans une interview publiée le 29 juillet 2019. Cela reste à confirmer.
En attendant, l’investissement de 100 millions d’euros et la création de 100 emplois par le producteur de yaourts grecs restent en suspens. Au départ, il était prévu de construire une usine pouvant produire 40 000 tonnes de yaourt par an, une capacité qui aurait pu être doublée.
La querelle sur la vente du terrain à Fage a également refait surface. En décembre 2018, le ministre Étienne Schneider avait déjà indiqué que cette opération d’un montant de 30 millions d’euros était une exception. En 40 ans, l’État a vendu cinq terrains à des investisseurs privés. Pour le reste, la mise à disposition du terrain, moyennant un droit de superficie, a été privilégiée.
Franz Fayot a confirmé jeudi aux députés que la vente de terrains situés dans des zones industrielles «ne sera pas la règle», position saluée par Claude Wiseler (CSV). Les partis de l’opposition attendent toutefois de pied ferme le rapport que la Cour des comptes est en train de rédiger sur la vente du terrain à Fage.

Google : le gouvernement en attente de Bissen

Le terrain et l’impact sur l’environnement sont aussi les deux points de discorde majeurs dans le dossier Google. La validation du plan d’aménagement particulier (PAP), qui est prêt à être soumis au vote du conseil communal de Bissen, a été retardée par la crise sanitaire. Le ministère de l’Environnement doit attendre ce vote avant de lancer la procédure d’autorisation sur le plan national. Du coup, Carole Dieschbourg avait peu de nouvelles à donner, jeudi, aux députés.
Le flou qui règne depuis des années sur l’arrivée de Google au Luxembourg continue à agacer l’opposition. En novembre dernier, le géant américain avait annoncé que son centre de données pourrait consommer 7 % de la production nationale d’électricité. Le besoin pourrait monter jusqu’à 14 %. Google s’était aussi montré conciliant en ce qui concerne la consommation d’eau. Les chiffres précis continuent cependant toujours à faire défaut, ce qui dérange aussi de plus en plus le gouvernement.
Comme dans le dossier Fage, l’investissement d’un milliard d’euros annoncé par Google, dont les 35 millions d’euros déboursés pour le terrain, n’est pas près d’aboutir. Voir sortir de terre une première phase du centre de données pour 2023 semble être voué à l’échec.

David Marques

Déclaration d’intention : le CSV fixe un ultimatum

Le prochain clash majeur entre le gouvernement et les partis de l’opposition s’annonce. jeudi, le CSV a fixé un ultimatum pour obtenir au plus tard aujourd’hui, avant midi, accès à la déclaration d’intention (ou MOU pour Memorandum of understanding) qui a été signée entre l’État, la commune de Bissen et Google. Malgré une demande formelle introduite il y a plus d’un an, le gouvernement continue de refuser de mettre ce document à la disposition du Parlement. Les députés de l’opposition estiment être bloqués dans leur fonction de contrôle dans un dossier qui ne cesse de gagner en explosivité.
Mercredi et jeudi, différentes commissions parlementaires se sont penchées sur la publicité de ces déclarations d’intention, qui d’ordre général portent sur des projets majeurs qui restent à concrétiser et qui sont donc considérés comme confidentiels. La Chambre insiste toutefois pour y avoir accès et vérifier les engagements que l’État prend vis-à-vis d’investisseurs privés.
Le ministre de l’Économie, Franz Fayot, compte saisir une nouvelle fois le Conseil de gouvernement à ce sujet. Le président de la commission parlementaire en charge des dossiers économiques, Claude Haagen, cité par RTL, a lui proposé de réunir les députés dans un huis clos strict afin de faire respecter la confidentialité des documents.
La thématique des fameux MOU a pris du galon ces derniers jours. Le Mouvement écologique s’est en effet vu accorder par la Commission d’accès aux documents un droit de consulter la déclaration signée avec Google. Le gouvernement doit encore décider s’il exécutera cette décision.

Un commentaire

  1. Si on veut vraiment « sauver l’environnement », il n’y a qu’à retourner à l’âge des cavernes.
    L’arrivée de Google au Luxembourg serait une excellente nouvelle pour le pays. Que des gens qui ont subi un lavage de cerveau à l’eau de javelle verte arrêtent de tout freiner!

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