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Luxembourg : l’enjeu de l’approvisionnement en eau


Le lac de la Haute-Sûre est l'une des sources d'eau les plus fondamentales pour le Luxembourg. Il est bien protégé. Mais le reste? (Photo : Éditpress)

Le pays pourrait connaître des problèmes d’approvisionnement d’eau d’ici une vingtaine d’années en dépit des efforts menés par le gouvernement. Chacun doit y mettre du sien.

C’était la journée mondiale de l’eau jeudi, donc l’occasion pour la ministre Carole Dieschbourg de faire le point sur la situation au Luxembourg. Elle n’est pas encore catastrophique mais pourrait bien le devenir. Il y a urgence à soigner l’eau malade et à protéger celle encore saine.

La consommation par habitant a baissé après 2008, quand les tarifs ont changé et que le prix de l’eau s’est rapproché de son coût réel. Les efforts sont donc possibles. Ces tas de petits gestes quotidiens pour économiser l’eau ne sont pas vains. Au contraire, ils sont vitaux. Ne pas laisser inutilement le robinet couler, récupérer les eaux de pluie pour arroser le jardin, économiser l’eau de toutes les manières.
Hier, pour la journée mondiale de l’eau, la ministre Carole Dieschbourg a fait le point de la situation pour le Luxembourg qui consomme l’équivalent de 200 litres par personne et par jour soit un total de 120 000 m3 pour une capacité de production maximale de 177 600 m3 par jour.
Actuellement, il n’y a pas de quoi s’inquiéter. En apparence, toutefois. La croissance économique et démographique entrainera une consommation égale à la production d’ici 2040, soit 170 000 m3/jour. A cette capacité de production est incluse la solution dite de secours, utilisée, comme son nom l’indique, en cas d’urgence. Pour le coup, il y a de quoi s’inquiéter.

Soigner les eaux malades
Mais au ministère de l’Environnement, on n’attend pas la pénurie les bras croisés. Des mesures sont déjà en place pour protéger toutes les ressources et pour développer de nouvelles capacités de production.
Il y a du potentiel. Les zones de protection, par exemple, sont capitales quand on sait que des captages sont hors service pour cause d’eaux polluées par les pesticides, les nitrates et autres substances provenant de diverses activités. Il s’agit quand même d’un débit journalier équivalent à l’alimentation de 50 000 personnes qui est ainsi coupé pour insalubrité. Commencer par soigner ces eaux malades fait partie des efforts du gouvernement tout comme protéger celles qui sont encore propre à la consommation. Les zones de protection servent à cela et le pays s’y est pris tard : la première zone de protection des eaux souterraines a été délimitée en 2014 seulement.
Le ministère de l’Environnement affirme que d’ici l’été prochain, 86% des eaux souterraines seront protégées ou en procédure de protection.

Pas à l’abri d’une pénurie

L’eau que les communes distribue à leurs habitants provient à 50% des ressources souterraines et à 50% des eaux du Lac de la Haute–Sûre où le SEBES produit quotidiennement 70 000 m³/jour. Cette capacité sera portée à 110 000 m3 après l’extension et la modernisation de la station de traitement à Eschdorf dans laquelle l’Etat injectera 83 millions. Et il y a urgence à la mettre en service car en 2021 la consommation de pointe (la plus élevée enregistrée au cours de l’année) sera pratiquement équivalente à la capacité de production et à l’horizon 2036, croissance oblige, elle la dépassera.
D’autres efforts sont nécessaires pour atteindre l’objectif ambitieux du gouvernement de réduire d’un quart la consommation d’eau d’ici 2040 selon un scénario optimiste. Il vise l’ensemble des acteurs, ménages, communes, industries, agriculture, etc. Il y a par exemple des quantités d’eau qui ne sont pas facturées. Pourquoi ? Des fuites sur les réseaux sans doute. Les communes sont appelées à les soigner pour éviter le gâchis.
Pour les ménages, il faut encourager l’installation d’équipements adéquats comme les sanitaires économes en eau pour les toiilettes, les douches et les robinets), idem pour le lave-vaisselle et le lave-linge. Et il y a tous ces gestes simples à appliquer en pensant à l’eau qui coule inutilement. Un compteur communicant «Smart Metering» pourrait nous le rappeler.
Quant aux nouvelles ressources, il faut les étudier, entre la potabilisation des eaux de la vallée de la Moselle et l’extension de la production d’eau à partir des eaux souterraines.

Geneviève Montaigu.

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