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Luxembourg : le gouvernement fustigé pour l’isolement des seniors après crise


L'assouplissement des mesures de visite des personnes âgées tarde à venir pour une partie de la classe politique (Photo : AFP).

La Chambre ne conteste pas l’isolement strict mis en place dans les structures pour personnes âgées. Le déconfinement peu cohérent irrite bien plus. Le manque de réaction du gouvernement est fustigé.

Elles avaient pris les devants. Dès lundi soir, les ministres de la Famille et de la Santé ont rappelé «la bonne application des recommandations» pour rendre à nouveau effectives les visites et sorties dans les structures d’hébergement pour personnes âgées. Corinne Cahen et Paulette Lenert ont par la même occasion lancé un appel aux gestionnaires afin «de tout mettre en œuvre pour rendre ces visites et ces sorties aussi conviviales et agréables que possible». De nouveaux allègements des conditions à respecter doivent être annoncés «dans le courant de la semaine prochaine».

Le fait de recourir à des «recommandations» et de ne pas émettre des directives strictes pour une transposition plus cohérente des droits de visite et de sortie reste très contesté. Même le LSAP, faisant partie de la majorité gouvernementale, est monté mardi au front pour réclamer un changement de stratégie. «La ministre doit prendre ses responsabilités et émettre des directives claires», souligne ainsi Sylvie Asselborn-Bintz.

Interpellée mardi à la Chambre par le CSV, Corinne Cahen ne nie pas que la situation sur le terrain reste complexe. «Le déconfinement n’est pas aussi simple, et de loin, que la décision de fermer les structures», avoue la ministre qui défend toutefois la prudence adoptée par les gestionnaires. «Or il est temps d’aller plus loin. Il n’est plus concevable de voir ses proches à des mètres de distance, assis derrière du plexiglas et en présence d’une personne de surveillance», juge-t-elle.
Il reste à «trouver le bon équilibre, chose qui n’est pas aisée», comme le fait remarquer Max Hahn (DP) afin d’éviter, selon Djuna Bernard (déi gréng), les «frustrations suscitées par les différences au niveau de la transposition des recommandations ministérielles».
Le camp de l’opposition revendique que Corinne Cahen fasse preuve d’une plus grande autorité. «On a un grand besoin de rattrapage», martèle Marc Spautz. Le député chrétien-social dit avoir été submergé de lettres de pensionnaires de maisons de soins et de repos. «L’un d’entre eux m’a écrit qu’il aurait préféré contracter le coronavirus que d’être privé des visites de sa famille», évoque-t-il.

«Leur donner le sentiment de ne pas être négligés»

Si l’isolement imposé en début de crise sanitaire n’est pas remis en question, le déconfinement l’est d’autant plus. «La dimension sociale a été oubliée. Il nous faut donner aux pensionnaires le sentiment qu’ils ne sont pas négligés», souligne Marc Spautz. La ministre de la Famille «doit prendre les choses en main» pour forcer une plus grande cohérence dans les 52 maisons de soins et de repos.

Le son de cloche est identique dans le camp de déi Lénk. «Je comprends que le déconfinement soit compliqué à mettre en œuvre. Raison de plus pour que le ministère de la Famille joue un rôle plus actif», avance Marc Baum. «Le manque de dignité n’est pas tolérable. Le gouvernement s’est montré très faiblard. Il ne suffit pas de se retrancher derrière le caractère privé des structures», ajoute Fernand Kartheiser pour le compte de l’ADR.
La ministre de la Famille dit toutefois être bloquée par les textes en vigueur. «Je suis prête à m’engager davantage, mais pour l’instant je dois respecter la loi», se défend Corinne Cahen, qui renvoie aux travaux sur une future loi concernant la qualité des soins dans les maisons de soins et de repos, présentée en janvier. «Il faut établir des règles nationales en dépit de la confiance qui est à accorder aux directions des structures», conclut Marc Goergen (Parti pirate).

David Marques

Le chiffre : 508

Interpellée par Sven Clement (Parti pirate), la ministre de la Santé a livré, mardi face aux députés, un premier bilan des tests de dépistage du
Covid-19 réalisés à l’aéroport de Luxembourg. Depuis la reprise du trafic aérien le 29 mai, les passagers atterrissant au Findel ont la possibilité de se faire tester gratuitement. En date de dimanche dernier, un total de 508 tests avaient été réalisés. «Des cas positifs parmi les passagers testés sont à signaler», note Paulette Lenert, sans toutefois citer un chiffre précis. La ministre de la Santé se réjouit toutefois du nombre de personnes qui se sont déjà volontairement soumises au test.

Les modélisations sont restées figées

La cheffe de fraction du CSV, Martine Hansen, s’est dite mardi «effrayée» après s’être vu confirmer par la ministre de la Santé que le gouvernement avait pris les dernières décisions concernant le déconfinement sur la base de modélisations qui n’avaient pas été actualisées. «Le Premier ministre n’a eu cesse de répéter que les décisions n’étaient pas prises de manière aléatoire et qu’elles reposaient sur des informations scientifiques», rappelle l’élue chrétienne-sociale. La ministre Paulette Lenert rétorque qu’«on ne peut pas affirmer que les décisions ont été prises de manière aléatoire». Les modélisations établies en date du 15 mai seraient toujours valables. «On est arrivés à un point où la situation est stable. Les modélisations existantes sont suffisantes pour prendre des décisions qui sont davantage d’ordre politique.» En parallèle, l’évaluation du nombre de nouvelles infections au Covid-19 et des hospitalisations reste suivie de très près. La Chambre veut cependant en savoir plus et a voté à l’unanimité une motion du CSV qui réclame un plus large accès aux données qui ont servi au gouvernement pour décider des mesures de déconfinement.
Le scénario de base établi par la Task Force Covid-19 repose sur l’accueil de 6 personnes par ménage et le rassemblement de 20 personnes. La moyenne établie prévoit une hausse des hospitalisations en soins intensifs entre juillet et septembre (pic de 20) et une augmentation progressive des décès dépassant la barre des 300 victimes en novembre. Le scénario le plus pessimiste évoque une centaine d’hospitalisations en soins intensifs entre septembre et novembre et un millier de décès pour début 2021.

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