Luxembourg : devenez secouriste en santé mentale

Sur le même principe qu’une formation classique aux gestes de premiers secours, il est désormais possible d’apprendre comment aider les personnes avec des troubles psychiques.

Si reconnaître les signes d’une maladie mentale chez un proche n’est pas évident, savoir comment réagir en cas de crise l’est encore moins. Pourtant, d’après la Ligue luxembourgeoise d’hygiène mentale, une personne sur quatre est touchée chaque année au Luxembourg par la dépression, l’anxiété ou la psychose : des troubles mentaux qui peuvent engendrer idées suicidaires, attaques de panique ou encore conduites agressives.

Une situation dont on peut craindre l’aggravation. D’une part parce que le climat anxiogène lié au Covid s’éternise – en mai 2020 déjà, un résident sur trois estimait que sa santé mentale s’était détériorée avec la crise sanitaire (Statec), et d’autre part parce que le pays manque de bras pour prendre en charge ces patients. «La pénurie de médecins psychiatres allonge considérablement les délais pour un premier rendez-vous», déplore le Dr Fränz D’Onghia, psychologue et chargé de direction du Centre d’information et de prévention de la Ligue. «Il faut parfois attendre quatre mois dans le secteur public, tandis que dans le privé, c’est un peu plus rapide mais les tarifs peuvent être élevés.»

D’où l’idée de renforcer l’information et la prévention auprès du grand public, notamment à travers des formations aux premiers secours en santé mentale. Un concept venu d’Australie qui a fait ses preuves dans 25 pays : une fois formés, les secouristes en santé mentale sont capables d’identifier de manière précoce des situations problématiques dans leur entourage et disposent des clés pour en parler avec la personne concernée, sans jugement.

Un soutien qui peut s’avérer précieux pour éviter que les troubles ne s’intensifient, ou pour orienter la personne vers les bonnes structures. De manière générale, le fait de mieux connaître ces maladies mentales contribue aussi à faire baisser les préjugés et attitudes stigmatisantes qui y sont liés.

Concrètement, la formation se découpe en quatre modules de trois heures et est dispensée dans les entreprises, certains établissements scolaires et extrascolaires, en groupe pour les particuliers, ou encore en ligne, sous forme de webinaires. Pour y participer, il suffit d’être âgé de plus de 18 ans et de s’inscrire sur le site prevention-psy.lu où figure l’agenda complet des futures sessions en luxembourgeois ou en français. Une participation de 25 euros est demandée.

Au programme des modules : comment agir en tant que secouriste face à la dépression et aux crises associées (idées ou comportements suicidaires), face au trouble anxieux et aux attaques de panique ou événement traumatique, face aux conduites dangereuses ou agressives dues à la consommation de substances, et face aux crises dues à un état psychotique sévère.

À l’issue de la formation, les participants reçoivent un diplôme valable cinq ans ainsi que le manuel du cours qui comporte une partie avec toutes les adresses des services disponibles au Luxembourg pour la prise en charge des troubles mentaux.

«Les premiers cours ont eu lieu en octobre dernier, à l’occasion de la semaine de la Santé mentale, et ce fut un grand succès», souligne Fränz D’Onghia. «Nous proposerons aussi, dès cet automne, des cours spécifiquement conçus pour les adultes qui vivent ou travaillent avec des jeunes.» Un programme innovant, destiné à former des jeunes capables d’intervenir directement auprès de leurs pairs est aussi en projet.

Christelle Brucker