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Loin du désamour avec les frontaliers


Les frontaliers estiment que le Luxembourgeois est sympathique et accueillant, mais distant (photo : Isabella Finzi).

Dernier volet du grand sondage «Vivre ensemble» de l’Association de soutien aux travailleurs immigrés (ASTI) consacré cette fois au ressenti des travailleurs frontaliers envers le Luxembourg et ses habitants.

Cinq cents travailleurs venant de France, de Belgique et d’Allemagne ont répondu à l’enquête de TNS Ilres et les résultats ont été présentés hier. «Un mariage de raison avec des zestes d’amour», a résumé l’ASTI agréablement surprise de découvrir que les relations entre Luxembourgeois et travailleurs frontaliers ne sont pas aussi dégradées que le laissent entendre certains discours «politiques et médiatiques», évoquant «des tensions omniprésentes et insurmontables», selon l’analyse de l’ASTI.

Les sondés ont ainsi qualifié le pays de multiculturel (22 %), riche (19 %) et beau (19 %) pour résumer le Grand-Duché en quelques mots. Le même exercice a été demandé pour qualifier le Luxembourgeois qui est ainsi perçu comme sympathique (21 %), accueillant (11 %), mais distant (14 %).

«Tout comme les résidents étrangers, les frontaliers ont une vision positive du pays : l’aspect multiculturel étant ressenti comme très positif. Mais, tout comme chez les résidents étrangers, pour une partie des frontaliers, les Luxembourgeois peuvent être perçus comme peu accueillants, voire distants», commente l’ASTI en rappelant que «cette perception est à l’opposé de l’attitude positive que les Luxembourgeois disent avoir envers les étrangers».

«Première impression trompeuse»

Il faut briser la glace et ça va mieux après, visiblement, comme il ressort des citations recueillies pour l’occasion : «Ils peuvent paraître durs au premier abord, la première impression est souvent trompeuse, mais une fois qu’on les connaît un peu mieux, ce sont des gens très corrects.» Ou encore : «Des personnes qui ont le sens de l’hospitalité», «aimables, respectueuses et polies».

D’autres les trouvent «sympathiques», mais un poil «xénophobes» ou encore reconnaissent que «la non-pratique du luxembourgeois est certainement le verrou le plus fort pour avoir une relation plus forte et profonde avec un respect mutuel».

Pourquoi être venu travailler au Luxembourg? Pour le niveau de salaire, principalement (71 %), ensuite parce que c’est au Luxembourg que le sondé a trouvé un travail correspondant à ses qualifications (51 %), parce qu’il n’y a pas de travail dans sa région (27 %) ou parce que le Luxembourg représente un tremplin professionnel pour 24 % des sondés, surtout quand ils sont issus du secteur financier et de l’audit.

58 % parlent un peu le luxembourgeois

«Les jeunes frontaliers avancent plutôt des motifs matériels quant aux raisons de venir travailler au Luxembourg : meilleurs salaires, perspectives d’emploi plus intéressantes, alors qu’ils disent avoir peu de contacts avec notre pays et être moins intéressés à passer leur temps libre au Luxembourg. Les frontaliers plus anciens et plus âgés indiquent avoir davantage de contacts avec la société luxembourgeoise et se sentir plus liés au pays, car avec le temps ils se sont fait des amis qui vivent au Luxembourg», constate l’ASTI.

Le sentiment d’attachement des frontaliers au Luxembourg, comme le montre ce premier sondage du genre, est «un processus qui s’établit au fil du temps» lié au fait «que l’on se sente ou non reconnu dans le pays où l’on travaille».

Au niveau des compétences linguistiques, 82 % comprennent au moins un peu le luxembourgeois, dont 38 % au moins bien, et 58 % savent parler au moins un peu le luxembourgeois, dont 26 % au moins bien. Les frontaliers ont peu de contacts avec les Luxembourgeois dans leur vie professionnelle et bien plus avec des résidents étrangers.

«Les contacts qu’ont les frontaliers au Luxembourg reflètent la segmentation du marché de l’emploi. Rappelons que les Luxembourgeois travaillent surtout dans les administrations publiques et les secteurs protégés où la présence des frontaliers, en dehors des secteurs de la santé et du social, est très minoritaire.»

Des frontaliers bien traités

De manière générale, les frontaliers disent à 84 % être bien traités au niveau de leurs droits, ce qui réjouit l’ASTI. Le sondage révèle que les salariés transfrontaliers ne vivent pas toujours bien leur soi-disant statut de «privilégiés», explique l’association. Au Luxembourg d’une part, quand les résidents leur font comprendre qu’ils devraient se considérer heureux de pouvoir travailler ici compte tenu du niveau des salaires et des prestations sociales fournies. Et chez eux ensuite, dans leur pays de résidence où on reproche au frontalier son niveau de vie plus élevé responsable de la flambée des prix de l’immobilier.

«Cette étude montre que les attentes des frontaliers vont bien au-delà de la seule question matérielle. Si besoin était, cette période de crise nous a à tous (résidents et frontaliers) démontré l’importance de leur apport au fonctionnement de notre société. Donc, les considérer comme seule force de travail serait une erreur factuelle et un message négatif à leur égard», conclut l’ASTI.

Geneviève Montaigu

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