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L’OGBL contre une flexibilisation « à gogo »


André Roeltgen, président de l'OGBL, au siège du mouvement syndical à Esch-sur-Alzette, mardi. (photo Tania Feller)

L’OGBL se dit prêt à flexibiliser les temps de travail en échange de l’amélioration des conditions de travail. Le comité national du syndicat était réuni, mardi, pour la première fois de l’année.

L’année 2016 est une année exceptionnelle pour le mouvement des syndicats libres, qui fête son centième anniversaire. Mais l’agenda qui prévoit une séance académique à l’université, un documentaire signé Andy Bausch et un congrès extraordinaire, continue de tenir compte de l’actualité politique et sociale.

Citant pour preuve l’étude de l’ONG Oxfam, qui démontre que la fortune de 62 individus équivaut à celle de 3,6 milliards d’hommes, André Roeltgen a commencé à parler des salaires qui ne suivent plus –  depuis un moment déjà  – et de la productivité du travail, pourtant en hausse continuelle depuis la fin des années 90. Alors que la zone euro connaîtrait actuellement une légère reprise de la croissance, la Commission européenne a reconnu la faiblesse du marché intérieur et le besoin de le stimuler, ce que l’OGBL exige depuis longtemps. Elle savoure l’aveu.

La «dictature» dont rêve l’UEL

Le syndicat salue d’ailleurs le fait que le gouvernement ait refusé de mettre en place un Conseil de la compétitivité, comme le propose la Commission. En effet, comme l’auraient démontré les chiffres du Statec, les finances publiques, contrairement à ce qui avait été dit par le passé, sont «saines» et même «parmi les meilleures au sein de l’UE».

À l’heure où l’État luxembourgeois est béni par des recettes à hauteur de 500  millions d’euros et 260  millions d’impôts, André Roeltgen exige des allègements sensibles. Il ne partage pas en revanche l’optimisme de certains concernant l’évolution du chômage  : alors que la croissance économique augmente fortement, le chômage n’est qu’en «baisse légère» . Par conséquent, «cette évolution n’a rien de positif», conclut André Roeltgen.

Dans ce contexte, le président de l’OGBL a une nouvelle fois qualifié de «fadaises» la promesse de l’UEL, inscrite dans l’accord signé en 2014 avec le gouvernement, de vouloir créer 5  000 emplois supplémentaires. Les offres d’emploi, contrairement à ce que dit la loi, continueraient de ne pas être déclarées à l’Adem. «Il faudrait commencer par faire respecter la loi», estime le syndicaliste.

L’UEL qui, comme l’a rappelé mardi André Roeltgen, a accusé l’OGBL d’anachronismes et le gouvernement de ne pas tenir ses engagements, ferait bien, selon le syndicaliste, de se rappeler que le gouvernement n’a pas été sans rien faire.

Le président de l’OGBL a également qualifié de «grand non-sens» l’argument de l’UEL selon lequel, le congé parental aurait été lié pour les entreprises à un coût intermédiaire. Au contraire, le congé parental, dont le financement est assuré en grande partie par les salariés eux-mêmes, serait un facteur non négligeable pour mobiliser la main-d’œuvre et donc pour la rentabilité des entreprises.

Surtout, André Roeltgen a voulu dire que si les négociations concernant le temps de travail sont bloquées, ce n’est pas la faute à l’OGBL. Le syndicat n’est pas, comme on le lui reproche farouchement, opposé à une flexibilisation du temps de travail, à condition qu’elle soit liée à une réduction du temps de travail, une sixième semaine de congés ou encore une meilleure régulation du travail. Concernant les périodes de référence, l’OGBL exige des règles strictes (comme celle de ne pas les étendre au-delà de trois mois).

André Roeltgen a qualifié les exigences de l’Union des entreprises luxembourgeoises de «flexibilisation à gogo» et de conditions dignes d’une «dictature» . Il a donc appelé le gouvernement à continuer à tenir des négociations et à contrer toute tentative de boycott de la part du patronat.

Frédéric Braun

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